Vu le 21 septembre 2013
La relation
tumultueuse de Scott Thorson, jeune gay des années soixante-dix, et de Liberace,
le pianiste vedette de l’Amérique, ou comment tomber dans les affres de la
célébrité. Et du kitch.
Si vous ne connaissez pas Liberace, c’est que vous
n’êtes pas américain, ce qui arrive à plein de gens très bien. Pour
information, donc, Liberace était une star nationale aux États-Unis entre les
années cinquante et soixante-dix. Virtuose du piano, il cultivait une imagerie
flamboyante (et complètement gay) tout en jouant le gendre idéal en attente de
l’amour et s’occupant de sa maman, ce qui lui valait un public de mères de
famille et de vieilles à cheveux bleus vers la fin (les mêmes en fait). En
gros, le Richard Clayderman ricain. Et comme la plupart des stars de cette
époque, la façade cachait un ego surdimensionné et un perfectionnisme acharné*.
Le film est une adaptation de l’autobiographie dudit
Scott Thorson**, qui y décrit minutieusement son expérience de boyfriend de
Liberace. Et ça n’a pas été facile tous les jours. Mais plutôt que de tout vous
raconter, vu que le film ne contient rien de bouleversant, je vais plutôt vous expliquer
pourquoi il est bon. Il est bon parce que précisément, il ne s’y passe rien
d’exceptionnel. On a déjà vu cette histoire des dizaines de fois (rarement
concernant une relation homosexuelle, mais bon, ça ne change pas grand-chose),
mais Soderbergh arrive à nous la raconter sans nous ennuyer. C’est bien filmé,
bien rythmé, les décors nous replongent complètement dans l’ambiance
kitchissime des seventies et les acteurs sont étonnants.
Avec bien sûr en tête d’affiche le stupéfiant Michael
Douglas en grande folle décatie, extrême mais parfaitement incarné. Vous avez
sûrement déjà vu cette interview de Dave où on demande au chanteur néerlandais
ce qu’il cache sous sa frange, et où il répond malicieusement « Michael
Douglas », puis relève ses cheveux pour nous révéler l’évidente
ressemblance. Eh bien ce film, c’est le contraire, c’est Michael Douglas qui se
transforme en Dave (en moins sympathique, quand même). Face à lui Matt Damon,
toujours très juste, assure très correctement un rôle taillé pour un acteur
deux fois plus jeune (il a 43 ans le père Damon !). Et toute une
collection de seconds rôles qu’on a beaucoup de mal à reconnaître gravite
autour, servant parfaitement le propos du film***. Avec une mention
particulière pour tous les passages mettant en scène le chirurgien esthétique,
lifté au tender et interprété par un Rob Lowe (mais si, le méchant dans Wayne’s World !) savoureux.
À l’arrivée, si l’intrigue est convenue (ce qui est
classique pour un biopic), le film se suit agréablement et permettra notamment
au public français de découvrir une des plus grandes icônes du kitch,
surpassant allègrement Michou, Elton John et autres amateurs de paillettes
connus. Liberace les enfonce tous !
Behind the
Candelabra, Steven
Soderbergh, 2013
* Je ne sais pas
si vous avez déjà lu des biographies de Claude François ou Joe Dassin, mais ça
n’avait pas l’air d’être des rigolos.
** Le livre s’appelle Behind the Candelabra: my Life with Liberace (le candélabre posé
sur le piano était une des marques de fabriques de l’artiste). Et comme
souvent, les Français ont choisi de traduire plutôt la partie
contenant un nom propre, en l’occurrence le film s’intitule en VF Ma vie avec Liberace.
*** On notera Dan « Ghostbusters » Aykroyd en manager stoïque, Scott « Code Quantum » Bakula en copain
moustachu, Paul « Dingue de toi »
Reiser en avocat et l’immense Debbie Reynolds (Singin’ in the Rain, rien que ça suffirait à justifier le « immense »)
en maman Liberace.
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