Vu le 10
décembre 2013
Xavier
vient d’avoir quarante ans. Ça fait un bail qu’on le suit, notre Xavier, depuis
son légendaire séjour Erasmus à Barcelone jusqu’à sa séparation d’avec
Wendy qui le laisse sur le carreau à Paris alors que son ex emmène ses deux
gosses à New York. Comme à côté il fait un enfant à sa pote lesbienne et revoit
ponctuellement son ex précédente Martine, sa vie devient un petit peu compliquée.
Et puis il a un roman à écrire, encore…
L’Auberge
espagnole fut un des grands éclats de rire de
ma vie étudiante (il faut dire que j’étais bien entouré), Les Poupées russes fut un éclat plus modéré mais néanmoins très
réussi, j’attendais donc beaucoup du troisième opus des aventures de Xavier par
Cédric Klapisch. Eh bien ça sent la quarantaine, puisque les personnages, à
l’image du ton du film, sont à la fois plus sages et plus bordéliques, comme si
tout ce que l’on estimait comme acquis jusque-là se cassait plus ou moins la
gueule une fois de plus.
Sa vie de famille partant en couille,
Xavier déménage à New York pour rejoindre ses enfants et, du coup, découvre la
Grosse Pomme. Entre Chinatown et Central Park, entre les histoires
d’appartement et les problèmes d’immigration, Klapisch nous raconte une histoire
décousue dans un désordre pas forcément très bien maîtrisé, à l’image de la
vision de la vie du héros. Quelques fulgurances viennent surprendre
(l’intervention incongrue de philosophes allemands, une embrouille typiquement
klapischienne impliquant une course-poursuite rigolote, des Chinois bien
sympathiques…), l’intégration du facteur « gamins » apporte une belle
fraîcheur*, mais dans l’ensemble l’intrigue est, sinon confuse, pas très
claire.
On m’objectera facilement que c’est le
thème même du film : la vie, ça ne va pas bêtement d’un point A à un point
B, ça prend plein de virages, de détours, ça n’a pas d’objectif clair et quand
le bonheur arrive, il faut le saisir parce qu’on ne sait jamais quand on le
reverra ni s’il restera longtemps… En ce sens la forme du film rejoint son
fond, et sans ennuyer, ce qui est déjà beaucoup. Toutefois on pourra regretter
un final tellement facile qu’il en paraît bâclé, fait étonnant pour un projet
d’une telle envergure.
Côté acteurs, on retrouve le quatuor
gagnant Romain « je joue pas très
bien mais j’arrive à vous faire croire qu’en fait si ! » Duris,
Kelly « je suis la fille la plus
belle de l’univers mais j’en fais pas un plat » Reilly, Audrey « pour rendre mon personnage plus énervant
j’ai décidé de jouer encore plus gnangnan que d’habitude » Tautou et
Cécile « tiens, si j’essayais d’être
vulgaire, pour voir » De France. Chacun a ses défauts, mais finalement
ils réussissent plutôt bien leurs personnages d’êtres humains modernes
lambda**. Avec en prime quelques guest (Kyan Khojandi*** en jeune auteur, Dominique Besnehard en éditeur cash) qui
viennent éclairer une scène de temps à autre. Un film pas désagréable donc, mais
dont j’ai du mal à pardonner le final plutôt bancal. Dommage de conclure une
trilogie aussi sympathique comme ça. Ceci dit, qui a dit que c’était
fini ?
Casse-tête chinois,
Cédric Klapisch, 2013
* À noter que les jeunes comédiens
jouent plus ou moins bien, mais que celui incarnant le fils de Xavier tire clairement son épingle du jeu.
** En fait c’est curieux mais on a
tellement l’habitude de voir des quarantenaires jouer des trentenaires qu’on
trouve les quatre comédiens, pourtant dans les clous (Duris : 39 ans,
Reilly : 36 ans, Tautou : 37 ans et De France : 38 ans), bien
trop jeunes pour leurs rôles respectifs.
*** Mais si, Kyan Khojandi ! Le
mec de Bref ! La mini série
qu’on pensait que ça allait détrôner Kaamelott
et en fait ça s’est arrêté au bout d’une saison et demie.
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