Vu le 14
janvier 2014
Pour raviver la flamme de son mari accro au
travail, Ila décide de lui faire livrer de bons petits plats préparé sur les
conseils de sa voisine invisible. Seulement voilà, le service de livraison n’étant
pas un modèle d’organisation, le colis ne trouve pas son destinataire et c’est
Saajan Fernandes, un vieil homme acariâtre, qui reçoit la « lunchbox »
destinée à l’époux. Une correspondance étrange, drôle et émouvante se noue
alors entre la belle délaissée et le futur retraité.
Tiens, une
comédie romantique indienne qui se passe à Bombay… d’emblée, si vous avez deux
sous de culture orientale, vous imaginez des sarabandes endiablées sur d’improbables
musiques à base de « nanana dintac nanananana dintac », des couleurs
délirantes et un surjeu de comédiens à faire passer Jim Carrey pour un moine
franciscain sous Prozac. Eh ben pas du tout ! Vous pouvez oublier tout le
délire Bollywood, ici tout est calme et posé, et l’humour présent doit bien plus à une comédie romantique anglaise,
même si la culture décrite est indéniablement indienne. La qualité du film doit
beaucoup à son décor, la populeuse Bombay, et à ses deux
comédiens principaux, la belle et émouvante Nimrat Kaur et le digne et
pince-sans-rire Irrfan Khan*. Leur relation épistolaire, parenthèse de liberté quotidienne
qui permet enfin, à l’un comme à l’autre, d’exprimer leur mal-être et
leurs aspirations cachées, est le cœur du film dans tous les sens du terme.
Chacun en ressortira changé en mieux, même si le film se termine au moment où
un film hollywoodien attaquerait sa dernière partie.
Et là, on ne
va pas spoiler la fin, parce qu’en fait on est plusieurs à l’avoir comprise
différemment. Il faut dire que les films hollywoodiens de ces dernières années
ont tendance à bien souligner les faits qu’il faut comprendre (et à passer sous
silences les absurdités), et un spectateur peu attentif comme moi ne comprendra pas forcément de suite le message final (pourtant évident dès que l'on me l'a expliqué, je suis donc un imbécile). Le film n’est reste pas moins
excellent sur toute sa longueur. Le réalisateur s’amuse, en jouant notamment
sur les ambiances interrompues brusquement, prouvant qu’il maîtrise parfaitement son langage cinématographique**. On trouve bien parfois une volonté d’expliquer
certaines situations (comme le fait que la famille de la femme ne peut se
permettre de demander de l’argent à celle du mari), qui doivent sûrement plus à
l’exportation du film qu’à l’exploitation sur le marché purement indien***.
Mais cela ne
fait pas un défaut, ni même une faiblesse dans cette comédie brillante et
pleine d’émotions. Ce genre d’émotions que l’on n’affiche pas vulgairement,
mais de celles rentrées, pudiques, sublimes. Un très beau moment, aussi drôle
qu’attachant.
The Lunchbox, Ritesh Batra, 2013
* Que le
public occidental aura pu découvrir dans Life
of Pi, dans Darjeeling Limited,
dans Slumdog Millionaire… oui, dans
tous les films qui se passent en Inde en fait.
** Iil s’agit
apparemment du premier film de Ritesh Batra, et pour un premier c’est un beau
coup de maître.
** Ceci dit,
l’Inde est un État vaste et à la hiérarchie sociale étroitement cloisonnée
(peut-être même plus qu’en France, c’est dire), il est possible que je me trompe.
J'avais un doute l'affiche me tentais pas trop, je vais donc aller le voir finalement.
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