Vu le 27 juin 2013
Le super méchant
Gru est désormais un brave père célibataire, gardien attentif des petites
Margo, Edith et Agnes et décidé à lancer une entreprise de confitures et gelées
pour toute la famille. C’est alors qu’il est contacté par l’Anti-Villain League
via l’agent Lucy
Wilde qui lui propose de mettre sa connaissance du monde des vilains pour
sauver le monde. Bien sûr, il refuse, puis il accepte et met toute sa
connaissance et ses minions au service du bien. Et puis au début, il n’aime pas
Lucy, puis il l’aime.
Le premier Moi,
moche et méchant* était à moitié raté. Ce n’est pas une critique amère :
il était aussi à moitié réussi. L’aspect parodique, l’humour, la relative
nouveauté des « minions » (même s’ils sont clairement calqués sur les
Lapins Crétins) assuraient un rythme de comédie acceptable, sinon génial. Il
souffrait néanmoins d’un gros défaut d’écriture : les scénaristes ne
savaient de toute évidence pas quoi faire de leur personnage principal. Gru est
mal conçu. Graphiquement, il est une parodie de grand méchant de James Bond type Blofeld (qui avait déjà
inspiré le docteur Denfer dans Austin
Powers). Donc plutôt le genre de vilain à fomenter des plans mégalomanes
dans son antre maléfique, puis à envoyer des hommes de main faire le sale
boulot à sa place.
Seulement le scénario en fait un homme d’action, allant
lui-même sur le terrain, bizarrement seul alors qu’il dispose d’une armée de
minions (certes peu efficaces mais au moins nombreux). Comme en plus Steve
Carell le double avec un faux accent russe qui se veut machiavélique et que le
script nécessite d’en faire un méchant mais pas trop, puisqu’il doit s’attacher
aux gamines, le personnage n’arrive jamais à réellement exister (à cent coudées
derrière Megamind, par exemple,
pourtant pas exceptionnel mais au moins cohérent dans sa démarche).
Cette suite hautement dispensable reprend les mêmes
défauts, en pire, et brise définitivement l’intérêt qu’aurait pu avoir le
personnage en lui faisant subir des revirements sentimentaux aussi brusques
qu’absurdes. Gru est supposé être un dur : le voir changer de camp puis
tomber amoureux en cinq sec, au détour d’une scène, juste parce que c’est écrit
dans le script, relève d’une fainéantise d’écriture impardonnable. L’intrigue
accumule de plus tous les clichés possibles et imaginables, rendant le film
épouvantablement prévisible**.
En outre, le film appartient à cette catégorie aberrante
des parodies qui oublient qu’elles sont supposées parodier des choses, ce qui
réduit l’humour à des gags de situation vus et revus mille fois. Les minions
arrachent bien un sourire quelquefois*** mais dans l’ensemble, si vous avez
plus de douze ans, vous aurez du mal à vous extasier devant ce film
rigoureusement sans intérêt. Que dit la chanson déjà ? « I’m having a bad bad day, it’s about time that I get my way, steam
rolling whatever I see, huh, despicable me! I’m having a bad bad day, if you
take it personal that’s ok, watch this is so fun to see, huh, despicable me! »
Oui. Despicable you!
Despicable Me 2, Pierre
Coffin et Chris Renaud, 2013
* Bizarrement, on a échappé à « Méprisable Gru » ou autre insertion du nom du
héros dans le titre. C’est beau de voir certaines traditions de traduction
disparaître lentement.
** Elle introduit notamment Lucy, un personnage féminin
qui aurait pu être attrayant si elle avait été mieux exploitée. Honte suprême
aux scénaristes qui osent transformer cette agente secrète un peu fofolle mais
efficace en pauvre demoiselle en détresse, sans aucun recul parodique. Je
pensais que ce genre de cliché foireux était définitivement tombé aux
oubliettes.
*** D’ailleurs, en VO, les minions parlent avec un
accent français assez marrant (notamment un très joli « Poulet tikka massala » qui m’a bien
fait rire). C’est probablement dû au nombre étonnant de Français impliqués dans
la réalisation du film (Pierre Coffin, le coréalisateur, est d’ailleurs un gars
d’chez nous). Ouais, pavoisez pas, y a pas de quoi être fier !
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