Vu le 20 juin 2013
Rétrogradé pour
avoir sauvé une espèce intelligente d’une éruption volcanique (?), James T.
Kirk reprend du service et est envoyé exécuter un terroriste planqué en domaine
klingon. À bord de l’Enterprise, assisté de ses fidèles Spock, Uhura, McCoy,
Sulu et compagnie, ils vont courageusement courir dans tous les sens là où
personne n’a encore couru dans tous les sens.
En France, on est traditionnellement plus branchés Star Wars que Star Trek. C’est comme
ça, l’œuvre télévisuelle de Gene Roddenberry n’a pas franchi nos frontières,
sans doute à cause d’une frilosité de diffusion des chaînes nationales. Et c’est
sûrement dommage car les deux sagas diffèrent bien plus que par la simple scission
peignoir/pyjama.
Star Trek, c’est de la
science-fiction, de la vraie, là où Star
Wars est plus de l’heroic fantasy
dans l’espace. Comprenez par là que dans Star Trek, la technologie est
supposée réaliste. Nous sommes dans le futur, l’humanité conquiert l’espace et
l’USS Enterprise est un vaisseau d’exploration parti découvrir de nouveaux
horizons. La série est cultissime et a laissé le champ libre à d’autres œuvres tentant
de l’égaler, et y parvenant parfois, comme Babylon 5
ou, plus récemment, Battlestar Galactica
et le formidable Firefly de Joss
Whedon*.
Quand J. J. Abrams s’était attaqué au mythe il y a quatre
ans, les fans se mordaient les ongles et les non-fans étaient intrigués par l’arrivée
du créateur de Lost et Alias sur un projet pareil. Il avait
relevé le défi avec un certain brio, rebootant la franchise (avec l’excuse d’un
univers parallèle, ce qui est toujours pratique mais au moins ne brise pas la
cohérence avec la série officielle) et réalisant un film d’action, certes, mais
très agréable à regarder. La recréation des différents personnages phares n’y
était pas pour rien, capitaine Kirk et monsieur Spock en tête**.
Pour la suite, Abrams a misé sur encore plus d’action.
Si celle-ci reste toujours claire (on sait toujours ce qui se arrive, à qui et
comment), elle permet aussi de masquer habilement quelques gros trous de
scénario que je laisse à d’autres le soin de détailler. Mais ce n’est pas
dramatique parce qu’à l’arrivée, c’est à un popcorn movie que nous avons droit.
Et un plutôt bon. Abrams est un fils spirituel assumé de Steven Spielberg (voir
à ce sujet son film hommage Super 8),
et ça se sent dans son approche du divertissement cinématographique.
Les personnages sont sympathiques, l’intrigue fonce à
cent à l’heure***, les hommages à la série sont présents sans pour autant
rendre l’histoire confuse (« le bien
de tous l’emporte sur celui d’un seul », « KHAAAAAAANNNN !!! »…) et le contrat est rempli. De
nombreux éléments sont en fait repris du deuxième film tiré de la série (La Colère de Khan), un des préférés des
fans (si vous l’ignorez, les films Star Trek souffrent de la loi du
pair/impair : pour une raison inconnue, les numéros pairs sont systématiquement meilleurs que les impairs).
Abrams a modifié certains aspects, inversé certaines situations, et j’ignore ce
qu’en penseront les fans hardcore. Mais personnellement j’ai passé un très bon
moment. La scène d’action finale est sans doute un peu trop longue (et je ne comprends pas pourquoi les personnages agissent comme s'ils avaient gagné à la fin), mais c’est
le vieux en moi qui parle. Et puis y a des Klingons. Et dans le Klingon…
Star Trek Into
Darkness, J. J.
Abrams, 2013
* Certains citent aussi Seaquest, police des mers, mais faut quand même pas déconner.
** L’étonnant Zachary Quinto, rescapé de la série Heroes, demeurant la meilleure surprise
du film. Certains auront noté la ressemblance évidente entre le Spock de ces
films et le personnage de Sheldon Cooper dans la série The Big Bang Theory. C’est bien sûr absurde : Spock, au moins,
est à moitié humain.
*** C’est amusant de constater à quel point les
personnages passent le film à galoper dans tous les sens, s’autoparodiant
presque dans la scène où Scotty court comme un dératé. À l’arrivée, l’action du
film doit s’étaler sur une journée qui épuiserait même Jack Bauer.
Le scénario est quand même bien pourri...mais bon, sur un manège, on s'en fout que la voiture soit en plastique...
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