Vu
le 25 juillet 2013
Les « quatre cavaliers » sont des
magiciens à grand spectacle. Encore inconnus du grand public il y a un an, ils
ont monté un show exceptionnel et se payent le luxe de cambrioler en direct,
devant un public en liesse, une banque française. Bien sûr ils se mettent le
FBI et Interpol à dos, mais allez donc prouver qu’une banque a été cambriolée
par magie !
Voilà un film qui démarre très, très
fort ! Casting quasi sans faute*, début original et développement
intéressant… Louis Leterrier, triste émule de Luc Besson recueilli par
Hollywood**, aurait-il enfin trouvé un thème à sa mesure ? Bien sûr il
filme un peu cut, avec sa caméra qui bouge tout le temps pour faire
style, mais l’intrigue parvient à retenir l’attention. Pendant une bonne
première moitié du film.
Parmi les bonnes idées, celle de ne pas
suivre en permanence les magiciens mais les enquêteurs. Lorgnant vaguement du
côté d’un Zodiac ou d’un Arrête-moi si tu peux, le film suit plus
les investigations des policiers que celle des cambrioleurs. L’intrigue bricole
des méandres et des tournants complexes, nous rabâchant sans cesse que les
choses ne sont pas ce qu’elles semblent être, que la magie est un art de la
diversion… bref, on est prévenus assez tôt : c’est un film à twist, la fin
va nous laisser sur le cul par sa résolution de ouf malade.
Ben pour le coup c’est réussi. Rarement une
résolution d’intrigue m’aura autant assis. Rarement une montée en puissance
aura accouché d’une explication aussi débile, aussi crétine, aussi absurde.
L’intégrale de Lost et d’Alias, Prometheus, Da Vinci
Code et Le Choc des Titans réunis, fondus en une grosse masse de
chaos scénaristique, aurait du mal à égaler la connerie abyssale de la
conclusion de ce film***. C’est tout simplement du foutage de gueule. On
imagine la séance d’écriture avec Louis Leterrier et le scénariste Ed Solomon
(le mec qui avait écrit les scripts de Super Mario Bros, Men in Black
et Charlie’s Angels – qualité, quand tu nous tiens !) :
« Et
là les mecs en fait ils trahissent leur pote ! En fait on peut jamais
savoir ce qu’ils veulent parce qu’ils brouillent les pistes tout le
temps !
—
Ouais génial ! Mais en vrai ils veulent quoi ?
—
On sait jamais ! Ils arnaquent trop, on peut pas deviner !
—
Oui d’accord, mais à la fin, il faut bien qu’on l’explique aux spectateurs. Le
secret, la raison, la résolution, la chute quoi ! C’est quoi ?
—
Mais on sait paaaas !
—
D’ACCORD, j’ai compris, mais à la fin on dit qu… attends. En fait… tu sais
VRAIMENT pas, c’est ça ?
—
Ben non, personne sait ! C’est cool, hein ?
—
Écoute-moi bien trou du cul, tu vas m’inventer une résolution logique,
convenable et réaliste dans les cinq minutes, sinon je te colle au scénar de La
Fureur des Titans avec pour consigne de rétablir la cohérence avec les deux
premiers films !
—
… quand tu dis “logique et réaliste”…
—
Oui non mais je sais, fais ce que tu peux hein ! »
Ben c’est moyen moins.
Now You See Me,
Louis Leterrier, 2013
* Le casting est impressionnant sur le
papier, mais aussi à l’écran : le quatuor Eisenberg/Harrelson/Fisher/Franco
fonctionne étonnamment bien, Mélanie Laurent donne une prestation épatante
(alors que les Françaises jouant dans les films américains ont tendance à
foirer leurs interprétations), Morgan Freeman tient bien la barre… seul Michael
Caine (sans doute le seul à avoir lu le script jusqu’au bout) semble avoir
choisi de laisser son talent dans sa loge avant d’aller faire le guignol devant
les caméras. Quant à Mark Ruffalo… il fait au mieux.
** À qui l’on doit des films aussi
essentiels que Le Transporteur (1 et 2), Danny the Dog, L’Incroyable
Hulk et la pathétique duologie des Titans (Colère et Choc).
Qu’est-ce que vous voulez, à Hollywood on a envoyé Alexandre Aja et Louis
Leterrier, et c’est jamais le bon qui tourne !
*** J’exagère peut-être un brin… mais la
salle était morte de rire, c’est quand même un signe.
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