Vu le 4 avril 2013
L’unité d’élite
G.I. Joe est en crise : envoyée « exfiltrer » (c’est-à-dire
voler) une arme nucléaire au Pakistan, elle est accusée de haute trahison par
un faux président américain et sommairement exécutée. Tous les G.I. Joe sont
morts ! Tous ? Non, car dans la vallée de l’Indus, trois militaires
résistent encore et toujours à la Faucheuse. Ah, et il y a aussi un ninja
casquée au Japon. Et Bruce Willis. Ouais, ils sont cinq en fait.
Il y a deux manières de réussir un film G.I.
Joe (et des milliers de manières de le foirer). Soit vous traitez le
sujet sérieusement, vous comprenez que c’est de guerre et de soldats qu’il
s’agit et vous faites appel à des acteurs dignes de ce nom, à un scénariste
compétent et à un réalisateur subtil. Soit vous considérez que les G.I. Joe
sont une bande de rigolos avec des gros flingues qui combattent d’autres
rigolos avec des gros flingues, et vous assumez le second degré. C’est cette
seconde voie que ce film essaie de suivre. Y parvient-il ? Non. Mais il
essaie, et rien que ça le rend dix fois plus regardable que le premier opus.
Bien sûr le film est mauvais. Les acteurs jouent avec
modération (Dwayne Johnson n’a jamais fait d’étincelles dans sa carrière d’acteur,
et c’est pourtant une de ses interprétations les plus subtiles à ce jour), les
scènes d’action sont absurdes, la plupart des personnages construits avec les
pieds* (les plus chanceux ont droit à trois ou quatre minutes d’exposition, la
plupart à rien du tout)… mais il y a une tentative. Dans l’écriture des
dialogues, déjà : on est cent coudées au-dessus de Transformers**, pour prendre un exemple totalement au hasard, le
script introduisant un réel second degré dans les répliques des personnages. Un
second degré qui, là encore, ne fonctionne que rarement, mais qui a le mérite
d’exister et de faire comprendre que le réalisateur ne prend pas le film au
sérieux. Plusieurs répliques sont authentiquement bonnes, elles ne sont juste
pas mises dans le bon contexte.
En outre, et j’y mets toutes les précautions
nécessaires, à savoir qu’on est dans un film où le réalisme des situations est
une notion extrêmement large, le plan des méchants n’est pas totalement dénué
d’intérêt. En fait, dans un autre film, avec un meilleur réalisateur et un ton
mieux défini, je pense même que ça aurait pu donner un twist monumental.
Comme en plus le réalisateur Jon M. Chu*** parvient à
rendre les scènes de baston relativement claires, c’est-à-dire qu’il limite les
cuts épileptiques et évite les ralentis chichiteux, on se retrouve avec un
produit non dépourvu de bonnes intentions. Pas assez, bien sûr, pour sauver le
film : ça reste G.I. Joe, la foire aux muscles, aux
flingues et aux boobs, avec des situations complètement débiles (notamment, et
ce n’est sans doute pas la plus grosse incohérence du film, Cobra qui prend le
contrôle des États-Unis rien qu’en se débarrassant de l’unité G.I. Joe, soit
une cinquantaine de soldats ; la dernière fois que j’ai vérifié il me
semble que l’Oncle Sam disposait aussi d’une armée régulière et de je ne sais
combien d’agences gouvernementales aux initiales évocatrices – NSA, CIA, FBI… –
qui veillaient à ses intérêts et à sa sécurité). Mais on a un peu moins
l’impression d’assister à une énorme campagne publicitaire pour s’engager dans
l’armée américaine. C’est un progrès. Étant donné qu’ils annoncent un troisième
volet, je doute qu’il y en ait d’autres.
G.I. Joe – Retaliation,
Jon M. Chu, 2013
* On suit en gros trois factions : les gentils
soldats, les méchants Cobra et les ninjas. Le story-arc de ces derniers est de
loin le plus débile, en grande partie parce qu’il part du postulat absurde que
le spectateur se souvient de ce qu’il s’est passé dans le premier film.
** Ce qui nous laisse encore au-dessous du niveau de
flottaison, hein, paniquez pas !
*** Connus essentiellement pour avoir réalisé Sexy Dance 2 et 3 (que je n’ai bizarrement pas vus) et… (soupir) Justin Bieber: Never Say Never, le
documentaire sur le… comment on dit ? Chanteur ?
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