Vu le 28 mars 2013
Une ancienne
légende relate qu’en des temps lointains, des géants envahirent le royaume de
Cloister. Ils étaient descendus par des tiges de haricot géantes et n’ont pu
être repoussés que par le roi Erik et sa couronne magique. Aujourd’hui
(c’est-à-dire il y a très longtemps), le jeune Jack est entré en possession de
quelques grains de haricot magiques. Et que va-t-il se passer ?
Bon, vous connaissez le principe. Ces dernières années
Hollywood, toujours en panne d’inspiration, s’est pris de passion pour les
vieux contes de fées et tente de les remettre au goût du jour, dans différents
genres. Parfois ça donne des résultats potables (Blanche-Neige et le chasseur n’était bizarrement pas si foiré qu’on
pourrait le penser), parfois c’est plus pour le fun (Hansel et Gretel, encore à l’affiche), parfois pfff… J’avais évoqué
la semaine dernière la revisite du Magicien d’Oz par Sam Raimi, qui fut relativement décevante, voici donc la vision de
Jack et le haricot magique par Bryan
Singer (si j’avais pensé écrire ça un jour !).
Pour ceux qui auraient des troubles de la mémoire,
Bryan Singer c’est Usual Suspects, Un élève doué*, Valkyrie et, probablement ses films les plus connus, X-Men et X-Men 2 (les seuls potables de la franchise à mon avis). Et
aussi le minable Superman Returns,
mais que voulez-vous, les licences ce n’est pas toujours facile**. C’est donc,
plus qu’un faiseur, un réalisateur doué, appréciant les personnages complexes.
Singer n’a sans doute pas l’univers foisonnant d’un Tim Burton ou les
obsessions de cadrage millimétriques d’un David Fincher, mais il connaît son
boulot et sait remplir un cahier des charges sans lasser son spectateur. Et il
sait en général peser soigneusement le rythme et le ton de ses films.
Sauf là. Si ce film ne retombe pas dans le délire de Superman Returns (qui ne savait jamais
s’il voulait être un drame ou une comédie), il s’oriente nettement vers une
catégorie de spectateurs assez jeune. En témoignent les nombreuses morts de
personnages mises en scène de manière très « cartoon », pour ne pas
trop choquer. Les géants sont certes impressionnants, et la 3D n’est pas loin
d’être utilisée à bon escient lors de quelques scènes vues de
« haut », réduisant les humains à des opposants ridicules. Mais il
manque un petit quelque chose, un enjeu, la sensation qu’on n’a jamais vu ça
ailleurs. L’humour fonctionne mal, les personnages peinent à exister malgré le
talent et la sincérité des acteurs***, la musique est carrément pompée sur celle du Seigneur des anneaux et le scénario est vraiment beaucoup,
beaucoup trop battu et rebattu (les deux personnages principaux rappellent d’ailleurs beaucoup ceux d’Aladdin, ce qui n’est pas une référence très subtile). Avec notamment quelques absurdités, comme le
plan du « grand » méchant Roderick (incarné par un Stanley Tucci en
roue libre mais amusant), totalement stupide (à quoi bon prendre le risque de
s’encombrer de géants susceptibles de le trahir à la moindre erreur alors qu’il
va de toute façon hériter du royaume d’ici quelques années ? À tout
prendre, faire assassiner le roi serait mille fois plus facile, plus rapide et
plus sûr).
À l’arrivée, le verdict est sensiblement le même que
pour Le Monde fantastique d’Oz :
pas un mauvais film, juste ultraclassique et par trop destiné aux enfants. On
en attendait plus de Bryan Singer.
Jack the Giant
Slayer, Bryan
Singer, 2013
* Qui n’a pas peu contribué à faire connaître Ian
McKellen du grand public, ce qui est déjà une bonne raison de voir ce film.
** Ajoutons que Singer est également producteur de Dr House, qui n’est quand même pas la
pire série de l’histoire de la télévision.
*** On notera la présence d’un Bill Nighy
dramatiquement sous-employé en chef des géants réduit à l’état de monstre peu
bavard, et d’un Ewan McGregor dans un rôle qui serait sans doute celui d’Obi-Wan
Kenobi dans les trois premiers Star Wars
s’il avait été mal écrit au lieu de pas écrit.
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