Vu le 22 mars 2013
Au xixe siècle, l'avocat Adam Ewing traverse l’océan pour une affaire de trafic d’esclave. Dans les années trente, le jeune compositeur Robert Frobisher entre au service du vieux maestro Vyvyan
Ayrs. Dans les années soixante-dix, la journaliste Luisa Rey enquête sur un
étrange meurtre. De nos jours, l’éditeur Timothy Cavendish se
retrouve coincé par son frère dans une « maison de retraite ». En 2144
Sonmi-451, une femme-objet, est suspectée de meurtre et poursuivie par la police
de la pensée. Et dans un futur indéterminé, Zachrie s’engage à mener la
mystérieuse Meronym vers la montagne interdite. Et tout s’imbrique,
se mélange, se ressemble…
Le nouveau film des Wachowski* affiche ses ambitions :
adapter le Cartographie des nuages de
David Mitchell, un roman racontant six histoires différentes, dans des époques
différentes, sur des tons différents et une narration chaotique convergeant
vers la compréhension obscure que toutes ces intrigues sont mêlées**.
Plutôt que de se contenter d’une adaptation plan-plan,
les Wachowski ont fait un choix décisif et formellement original : ils ont sélectionné un casting que l’on va retrouver dans différents rôles,
au cœur de chaque époque. Reconnaître qui est qui n’est pas l’aspect le moins agréable
du film (si, dans le générique de fin, vous ne poussez pas un petit « Ah
mais c’était lui aussi ? », vous êtes très fort !), mais est également très loin d’en constituer le seul intérêt.
Mêler les intrigues sur plusieurs époques n’est pas
forcément l’aspect le plus original (sans même entrer dans le voyage dans le
temps, on peut penser à The Fountain
de Darren Aronofsky), mais changer autant de ton est déjà plus rare : ici,
on passe d’une aventure maritime évoquant l’esclavage en 1849 à une comédie gériatrique britannique, à une
histoire de science-fiction d’anticipation assez référencée (tiens, encore de l’esclavage…)
mais bien menée, à un drame, à un polar seventies… les histoires se répondent,
hoquètent sans jamais sacrifier la clarté. Mieux, elles se soutiennent les unes
les autres : les aventures de Tim Cavendish dans son hospice, racontée
seules, ne concourraient certainement pas au titre de comédie de l’année, mais la tension générée par les
autres intrigues en fait un salutaire moment de détente.
Et, chose évidente à chaque seconde du film, les
acteurs sont parfaitement choisis et s’amusent vraiment à incarner leurs
multiples rôles (vous ne pensiez jamais voir Hugh Grant en chef de tribu sorti
de Cannibal Holocaust ? ben moi non
plus)***. Le film est-il parfait ? Non, sans doute pas. Les Wachowski (et
leur pote Tom Tykwer) ne peuvent s’empêcher de rajouter un peu de philo au
rabais et, surtout, de l’amour, le sentiment incompris qui va sauver le monde.
Mais si ça peut agacer, j’ai personnellement pris mon pied avec ce (très) long-métrage
(2 h 45) proprement fascinant. Et conformément à ma théorie voulant qu’une
adaptation soit toujours inférieure à l’œuvre originale, je ne vais
certainement pas tarder à attaquer le livre.
Cloud Atlas, Lana Wachowski, Tom Tykwer et Andy Wachowski, 2013
* Matrix, ça
vous dit quelque chose ? Bon, ils ont un peu merdé avec les deux
suites, mais on doit aussi leur attribuer Speed
Racer, un film d’action plutôt destiné au jeune public, que contre toute
attente j’aime bien.
** Oui, bon, c’est ce que j’en ai compris, je ne l’ai
pas lu. Pas encore…
*** Et Dieu sait que ça faisait longtemps qu’on n’avait
pas vu Tom Hanks s’éclater à l’écran, tant son rôle ridicule de Robert Langdon
semble l’avoir handicapé.
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