Vu le 25 juillet 2005
Reed
Richards, le Géo Trouvetou de l’univers Marvel, part se balader en orbite avec
son meilleur pote, son ex et le petit frère de celle-ci. Plus le gros méchant.
Malheureusement, alors qu’une araignée radioactive ou des rayons gamma suffisent
en général, eux c’est carrément une inexplicable (et d’ailleurs inexpliquée) tempête
cosmique qui les prend dans ses filets et les transforme en quatre super héros en
pyjama. Plus un super méchant en robe de chambre.
Le film de super héros étant en train de
devenir un genre en soi, il est grand temps d’en définir les limites. Une tâche
délicate à laquelle des réalisateurs aussi divers que Sam Raimi, Bryan Singer
ou Ang Lee s’adonnent avec bonheur et fébrilité. X-Men et Spider-Man
constituant pour l’instant sans conteste le haut du panier, on saura gré à Ang
Lee d’avoir pris soin de définir l’origine de cette nouvelle échelle de valeurs
avec son Hulk. Entre ces extrêmes viennent se promener des ovnis
scintillants tels que Daredevil, Blade, The Punisher,
Spawn, Batman Begins et pas mal d’autres… Mais dans quels abysses de
négativité faudra-t-il plonger pour coter cet improbable objet que constitue Les
Quatre Fantastiques ?
Car ce long-métrage constitue en quelque
sorte l’équivalent du zéro kelvin par rapport au 0 °C représenté par Hulk.
En fait, le film est tellement extrême qu’il frôle le génie involontaire*. Tim
Story réinvente le nanar super héroïque, une performance pour qui connaît les
perles que constituent Nick Fury, L’Homme puma ou encore Captain
America (des films qui avaient au moins l’excuse de leur budget
tiers-mondiste). Enfonçant le récent Punisher (quand je vous dis qu’il y
a de la perf’ !) qui au moins avait l’air de croire en ce qu’il faisait,
même mollement, Story*** partait de toute façon très mal avec les quatre
personnages les plus inintéressants de l’univers Marvel. Le quatuor en bleu
accumulait déjà les tares scénaristiques sur le papier : le couple modèle,
avec les pouvoirs les plus ridicules du monde (l’homme élastique et la femme
invisible !), la Torche qui se la pète (élément bien rendu dans le film,
sauf qu’il fait dix bonnes années de trop) et la Chose, seul perso vaguement
profond, ankylosé ici par un humour à deux balles et un costume irrémédiablement
foireux. Quant au méchant Victor von Doom, alias Fatalis en français, supposé
être un des vilains les plus charismatiques de la bande dessinée américaine, il
se retrouve réduit au statut de Palpatine pouilleux dans une scène magique où,
après avoir balancé quelques éclairs, il évoque un « unlimited power »
qui fera rire tous les fans de Star Wars.
Tim Story, un réalisateur à suivre donc,
signe ici une sorte de nanar définitif, nouvelle référence dans le registre
super héroïque moderne. Seule une nouvelle adaptation de Captain America
ou, soyons fous, un Punisher 2, pourrait lui ravir son nouveau titre de
gloire. Ne désespérons pas, tout est possible : en haut lieu, on parle
d’adapter Namor…
Fantastic Four, Tim Story, 2005.
* Il bascule
définitivement du statut de navet sans intérêt à celui de nanar plein de
surprises quand la copine de la Chose descend tranquille en nuisette dans la
rue pour retrouver son chéri, pratique apparemment courante dans les venelles sordides
de New York. À partir de là, le film plonge dans un grand n’importe quoi
hilarant, accumulant les scènes surréalistes**.
** Mention
spéciale pour le strip-tease de Jessica Alba, sans doute le plus inutile depuis
la mythique scène dite de « l’électrocution » dans Deep Blue Sea !
*** Connu par
ailleurs pour avoir réalisé la version US de Taxi, comme quoi y avait déjà
du potentiel !
Faudrait peut-être revoir la conclusion, terrrrrriblement datée (on a eu droit à un Punisher 2 et un nouveau Captain America depuis... Et même une suite des 4 Fantastiques qui, parait-il, est pire que le premier opus)
RépondreSupprimerC'est vrai que je n'ai pas réactualisé la fin de l'article, du coup non seulement je suis pas à jour, mais en plus je dis une connerie, puisque le dernier Captain America n'était pas vraiment mauvais...
RépondreSupprimerBon ben c'est trop tard maintenant. Désolé. J'le f'rai plus -_-!