Vu le 10 janvier 2005
De
nos jours (déjà ça part mal), une expédition scientifique menée par un magnat de
la finance désireux de laisser sa trace dans l’Histoire part pour
l’Antarctique. Apparemment on vient de découvrir une sorte d’immense pyramide,
vestige d’une ancienne civilisation très avancée genre Atlantide, empire de Mu,
légendaires tribus Minipouss de Patagonie, que sais-je… L’équipe est un
aréopage hétéroclite de bras cassés incarnés par une troupe d’acteurs à peine
assez bons pour une pub pour produits laitiers*. Ils arrivent tous dans la
pyramide, les deux tiers se font chopper par des aliens alors que trois predators
débarquent pour tirer dans le tas, conformément à leurs vénérables traditions
ancestrales.
Jusque-là pas trop de surprises, vu
le titre on s’y attendait. N’attendez d’ailleurs pas grand-chose de plus :
ce qui doit être là est là (les combats alien / predator, moments agréables
malgré tout**, la reine, dégoulinante à souhait…) et ce qui ne devrait pas
aussi (les explications sub-scientifiques du génie de l’équipe, qui lit
couramment le panaché égyptien/aztèque/cambodgien gravé partout sur les murs de
la pyramide***).
Acteurs minables et scénario sans
fond suffisent amplement pour classer le film dans la catégorie « série
Z », à se louer entre potes un vendredi soir pour se détendre la tête.
Mais un petit quelque chose peut empêcher l’amateur de s’amuser vraiment :
quel putain de gâchis ! La tétralogie Alien est sans doute une des
œuvres les plus abouties du cinéma de science-fiction et d’horreur. Une
ambiance unique, quatre films très différents qui conservent pourtant une
cohérence rare, la créature la plus terrifiante jamais imaginée, quatre
réalisateurs parmi les plus doués de leur génération… et puis Paul Anderson
débarque et ruine toute cette belle unité de style !
Parallèlement, les deux Predator
étaient également de bons films dans leur genre, certes moins recherchés dans
la psychologie des personnages mais efficaces et bien troussés (merci John
McTiernan). Les scénaristes, faisant fi de l’héritage de leurs prédécesseurs,
ont vaillamment massacré la belle cohérence de cet univers, foulé au pied
l’intérêt de la BD Alien vs Predator (un bon cru pourtant, dont ils
n’ont tiré que quelques scènes qu’ils parviennent à ridiculiser dans le film),
et surtout en avilissant ainsi la licence ils ont sans doute gâché tout espoir
d’avoir un jour un cinquième Alien à la mesure des quatre premiers (en fait, depuis, l’immonde
Prometheus a réussi à resaboter la licence sans jamais évoquer AvP : chapeau). Et c’est bien dommage !
Alien vs. Predator, Paul W. S. Anderson, 2005
*
Sauf Lance Henriksen, rescapé des précédents épisodes d’Alien, les vrais.
Ayant sans doute signé pour ce film à la suite d’un pari stupide, il fait
semblant de jouer et meurt le plus vite possible pour éviter la honte devant
les collègues, détruisant au passage tout espoir de continuité avec la tétralogie
d’origine…
**
Après vingt-cinq ans passés à essayer de dézinguer ces saloperies d’aliens
au fusil d’assaut, bazooka, lance-flamme, exosquelette, dépressurisation,
explosion thermonucléaire et autres joyeusetés, sans jamais y réussir
complètement, il est étrangement réjouissant de voir un humanoïde, fût-il
predator, s’en taper quelques-uns à mains nues !
***
Citons ce lumineux raisonnement de l’individu : « Comment j’ai compris que la pyramide
changeait de conformation toutes les dix minutes ? Ben,
comme tout a l’air basé sur le calendrier aztèque, qui est décimal, ça me
paraissait logique ! » C’est vraiment pas de chance que notre décompte du temps se fasse en
heures, minutes et secondes, seules unités de notre système de mesure qui ne
soient pas décimales, justement !
Je suis d'accord. Alien, c'est bien. Prédeator, c'est bien. AvP, c'est tout pourri.
RépondreSupprimer