Je
sais ce que vous vous dites.
Vous
vous dites : « Sur son autre blog, il passe ses 14 février à déféquer sur l’amour, c’est sûr qu’il doit pas
aimer les belles romances cinématographiques ! »
Et
c’est pas tout à fait faux. En faisant un peu le point sur ma dévédéthèque,
j’ai bien dû me rendre à l’évidence : j’ai assez peu de grandes histoires
d’amour qui traînent. Ce n’est pas que je n’aime pas ça, mais en fait je trouve
que le cinéma, et l’art en général, traite souvent bien mal de l’amour. On le
voit régulièrement réduit à des coups de foudre instantanés, souvent absurdes,
parfois destructeurs… et au final, le message qui ressort est que la seule
chose importante dans l’amour, c’est le début, les premiers jours. J’ai
personnellement la sensation que ce qui importe, ce n’est pas la première fois,
mais au contraire toutes celles d'après.
Pour
cette Saint-Valentin, je suis donc parti d’une présélection de films (en l’occurrence
j'ai choisi un dénominateur commun totalement arbitraire : les grands classiques Disney) et j’ai
cherché les couples qui me paraissaient cohérents*, des personnages dont le
comportement, l’histoire ressemblaient ne serait-ce que vaguement à une « vraie »
histoire d’amour.
Voici
donc mon TOP 5 DES COUPLES DISNEY LES
PLUS COHÉRENTS** !
Jasmine et Aladdin
Et
pour bien me tirer une balle dans le pied, voici le parfait contre-exemple de
ce que je disais. Une princesse typique qui rencontre un pauvre hère au grand
cœur typique, le coup de foudre absurde… mais il faut bien reconnaître qu'entre ces
deux-là, il existe une alchimie, et contrairement à nombre d’autres histoires du
même tonneau (Petite Sirène, Belle au Bois Dormant…), la sauce prend.
Ils se rencontrent, s’entraident, se sauvent mutuellement les miches… et leurs sentiments réciproques crèvent les yeux. Difficile d'affirmer qu'ils resteront ensemble jusqu'à la fin des temps, mais à l'instant t du film, leur couple fonctionne, c'est indéniable. Parfois, le coup de foudre dure sur le long
terme (c'est-à-dire, ici, au moins deux suites et une série TV).
Aladdin, John Musker et Ron Clements, 1992
Aladdin, John Musker et Ron Clements, 1992
Si
vous l’ignorez, Nani est la grande sœur de Lilo (hé, j’ai jamais dit que je me
limiterais aux héros de premier plan). Lilo
et Stitch est un bon dessin animé dans son ensemble, mais il excelle surtout
dans sa partie sociale*** : la relation entre les deux frangines livrées à
elles-mêmes, les difficultés de Nani à élever sa petite sœur (qui,
reconnaissons-le, n’est pas facile) tout en conservant un job… Dans ce
contexte David n’est qu’un élément de fond, mais le quasi-couple qu’ils forment (ce
n’est pas toujours clair et on devine que le jeune homme s’est mangé plusieurs
fois un bon gros « Non David, je t'aime beaucoup mais en
ce moment c’est compliqué ») sonne vraiment juste. Le film ne
s’appesantit pas sur eux, l'essentiel de leur relation est suggérée et laissée à l'appréciation du spectateur... et c’est en partie ce qui la rend si
naturelle.
Lilo et Stitch, Dean DeBlois et Chris Sanders, 2002
Lilo et Stitch, Dean DeBlois et Chris Sanders, 2002
Que
dire ? L’intrigue tout entière du film tourne autour de leur romance, qui
ne part vraiment pas sous les meilleurs auspices. Mais à force d’efforts, de
compréhensions mutuelles, un lien finit effectivement par se tisser. On est
loin du coup de foudre, mais on n’est pas non plus dans une absurde notion de
« mérite ». La Bête tente au début de forcer l’amour de la Belle,
puis de le mériter. Mais au final, c’est bien l’affection de l’héroïne qui la
poussera à revenir vers son prince, et non un quelconque sens du devoir. Ce qui
lui permettra de retrouver cette apparence designée avec les pieds qu’elle
arbore dans les dernières minutes. La
Belle et la Bête est un des Disney préférés du public, et ce n’est pas un
hasard : l'histoire d’amour y est parfaitement balancée.
La Belle et la Bête, Gary Trousdale et Kirk Wise, 1991
La Belle et la Bête, Gary Trousdale et Kirk Wise, 1991
Kuzco l’empereur mégalo est une
des meilleures comédies que l’animation ait jamais portées, ne serait-ce que
par la grâce des méchants Yzma et Kronk. Toutefois il y a aussi dans ce film une forme très rare du
couple, celui déjà formé : Chicha et Pacha ont deux
enfants, un troisième au four, et leur duo est bien rodé. La phase romantique
est finie depuis quelque temps déjà, mais on leur devine une vie de tous les jours riche et joyeuse. Leur complicité est évidente sitôt qu’on les voit ensemble,
et rien que pour ça ils méritent leur place dans ce top 5. On en a fait des
caisses sur le fait que Chicha soit la première femme enceinte dans un Disney,
mais son vrai intérêt est de nous permettre de voir la vie quotidienne d'un couple adulte mais encore jeune. Montrer au public que « ils vécurent heureux » n'est pas forcément un concept éthéré et évoquant vaguement un ennui profond, quelle bonne idée !
Kuzco, l'empereur mégalo, Mark Dindal, 2000
Kuzco, l'empereur mégalo, Mark Dindal, 2000
Le
dernier film Disney méritant l’appellation de « grand classique » est
sans conteste une réussite. Technique, certes (les autres films en images de synthèse du
studio, The Wild, Chicken Little, Dinosaures, etc. étant globalement à chier. Non sérieux, vous en avez vu ?),
mais aussi par son intrigue plutôt maligne, son rythme d’action-comédie
soutenue et dynamique… et ses deux personnages principaux parfaitement
assortis. Raiponce et Flynn n’ont pas le coup de foudre, ils s’entraident bon
gré mal gré et développent leur relation au fur et à mesure de leurs
pérégrinations, sans pour autant tomber dans le duel de répliques narquoises
habituelles : les deux personnages sont assez naïfs, très loin de l’ironie
qui fait florès dans l’animation jeunesse depuis Shrek. S’ils finissent par former un couple (très) attachant, c’est
qu’ils se trouvent en apprenant à se connaître, à surmonter leurs préjugés l’un
sur l’autre. Raiponce et Flynn, le conte moderne qui fait du bien. À revoir
sans fin !
Raiponce, Byron Howard et Nathan Greno, 2010
Raiponce, Byron Howard et Nathan Greno, 2010
* Parce
que l’amour, c’est comme le pluriel, ça commence à deux !
**
Pourquoi cinq ? Je vous en pose, des
questions ? Ah, et je ne saurais trop conseiller à ceux que ça intéresse d'aller visionner la série d'émissions Disneycember de Doug Walker (c'est sous-titré).
*** Je dirais même que, paradoxalement,
Stitch est de trop et ne sert à rien, de même que toute l’intrigue SF. Les
personnages humains sont nettement mieux traités.
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