Vu le 21 août 2005
Arthur Dent est anglais et assez
malheureux. Sa maison étant située sur le tracé d’une bretelle d’autoroute, les
bulldozers l’ont démolie. Sa planète, la Terre, étant située sur le tracé d’une
bretelle de déviation interstellaire, les démolisseurs vogons l’ont démolie
aussi. Coup de chance, son ami Ford est un extraterrestre de Bételgeuse et ils
ont pu se faire prendre en stop in extremis par le vaisseau démolisseur.
Et, double coup de pot, ils ont avec eux un exemplaire du Guide du voyageur
intergalactique, sorte de Manuel
des Castors junior de l’espace contenant tout et plus à un prix abordable
et arborant en grandes lettres avenantes la consigne : « Pas de
panique ! » Dommage, le spectateur n’a aucune envie de paniquer. De
bailler, tout au plus.
Pour cette chronique, je pensais
parler de l’humour anglais*. L’idée d’une adaptation du Guide galactique
m’avait inquiété, la bande-annonce un peu rassuré. On y trouvait ce côté décalé
et britannique qui pouvait seoir** à une œuvre aussi ambitieuse. Les
adaptations de ces derniers temps ayant souvent été de bonnes surprises, je
pensais être en droit d’espérer***. En définitive, je pensais, si le film
n’avait été que moyen, conclure en deux mots fortement référencés :
« globalement inoffensif ».
Malheureusement, après vision du susnommé long-métrage, je crains qu’il ne
puisse effectivement se résumer en deux mots : « aucun intérêt ». Fans du livre, fuyez ! Les autres, lisez
le bouquin !
H2G2, Garth Jennings, 2005
* Car, pour
info, j’aime l’humour anglais. J’adore l’humour anglais. J’aime Rowan Atkinson,
Nick Hornby me fait mourir de rire, Black Books est une série géniale,
je vénère les Monty Pythons, j’idolâtre Terry Pratchett et bien sûr je voue un
culte particulier à Douglas Adams, regretté auteur de la trilogie en cinq
volumes du Guide galactique. L’humour anglais, avec son nonsense,
cet absurde délicieusement british qui permet à un petit lapin blanc
d’égorger des chevaliers en armure, à une tortue géante de se balader dans
l’espace en supportant sur le dos quatre éléphants et un monde en forme de
pizza, à l’Allemagne de battre la Grèce à la finale de football des philosophes
et à des crucifiés de chanter « voyez
la vie du bon côté ». On n’a jamais rien fait de plus drôle que
l’humour anglais, et c’est un Français qui vous le dit !
**
Seoir : verbe du troisième groupe extrêmement valorisant à placer en
conversation. Exemple : « Oh,
regardez comme la lune est belle ce seoir. » Très romantique.
*** Si vous
regardez la liste des derniers Julien a vu…, vous serez peut-être
surpris de constater que le cinéma américain ne sait plus rien faire d’autre
qu’adapter des bouquins ou des BD. C’est assez symptomatique de la crise du
scénario actuelle et aussi, surtout, de ma manie de n’aller voir que des
adaptations pour les comparer systématiquement à l’original. J’ai pourtant déjà
donné mon opinion sur les chances quasi-nulles qu’ont les adaptations
d’apporter quelque chose au matériau adapté. J’imagine que ça me rassure
d’entrer dans une salle de cinéma en répétant tout bas : « il n’y a pas d’espoir à perdre, il n’y a pas
d’espoir à perdre… »
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