Vu le 22 août 2003
Comme moi, vous avez sûrement eu, et peut-être même avez-vous encore, un film maudit.
Un film maudit, ce n’est pas un film du genre Evil Dead où des jeunes partent faire du camping en forêt, récitent connement des incantations rédigées avec du sang dans un bouquin noir relié en peau humaine avec un crâne diabolique sur la couverture, puis se font trucider par la saloperie qu’ils ont invoquée. Non.
Un film maudit, ce n’est pas un film du genre Evil Dead où des jeunes partent faire du camping en forêt, récitent connement des incantations rédigées avec du sang dans un bouquin noir relié en peau humaine avec un crâne diabolique sur la couverture, puis se font trucider par la saloperie qu’ils ont invoquée. Non.
Ce n’est pas non plus un film
comme Showgirls, qui souffre d’une réputation désastreuse alors que
finalement il n’est pas si mal (bon, l'exemple n'est peut-être pas excellent).
Ce n’est pas non plus un film sur
Don Quichotte, bien qu’il semble que toutes les adaptations de ce roman
formidable subissent une terrible malédiction (voir le fameux Lost in La
Mancha, formidable documentaire sur le cinéma, Terry Gilliam et la loi de
Murphy).
Non, un film maudit, c’est ce
film dont le titre vous a un jour
interpellé au hasard des pages d’un programme télé, dont la critique vous a
plu, ce film que vous avez voulu voir mais que vous avez raté. Et vous
vous êtes alors dit : « ce n’est pas grave,
je le verrai lors de la prochaine rediff’. » Mais lorsque dix-huit
mois plus tard ledit film est repassé, vous vous en êtes aperçu le lendemain et
vous l’avez donc raté de nouveau. Et ainsi de suite. Un coup il sort en
rétrospective au Jean Vigo, mais c’est LA semaine de l’année où il faut
travailler tard et vous ne pouvez pas y aller, un coup il est dans la programmation
spéciale de l’Utopia, mais il ne passe qu’à des heures inaccessibles selon
votre emploi du temps.
Bref c’est la lose. Et plus vous
le ratez, plus vous voulez le voir. Ce qui n’était à la base qu’une petite
envie devient un besoin irrépressible, un désir violent... Même si le film a l’air
d’être une merde infâme (même et surtout c’est ce qui vous avait donné envie de
le voir au départ), ce n’est pas grave, vous devez le voir !
Dans mon cas, il s’agissait d’un
film grec de 1999 poétiquement intitulé L’Attaque de la moussaka géante.
Tout un programme. Et ce n’est que quatre ans plus tard, à la faveur d’une programmation spéciale de Canal +, que j’ai eu l'occasion de le visionner (en VO, pour bien goûter le talent des acteurs hellènes).
Je rappelle que la moussaka est
un plat traditionnel grec, sorte de gratin d’aubergine à la béchamel. Ici, nous
avons donc droit à une moussaka irradiée par des E.-T. venus d’une lointaine
galaxie (et ressemblant en gros aux Bricol’Girls d’Alain Chabat), qui devient
donc géante et parcourt mollement les rues d’Athènes en trucidant au passage
les habitants en les aspergeant de sauce qui les brûle au quatrième degré (sic).
En face vont se dresser une journaliste à sensation, un ministre et sa femme,
une grosse dame amoureuse d’un astronome hétérosexuel (c’est suffisamment rare
dans ce film pour le signaler) et... j’en vois deux qui rigolent dans le fond,
j’arrête là la description.
Niveau effets spéciaux, ça vaut
pas un bon Star Trek des années soixante. Niveau intrigue, Plan 9
from outer space (Ed Wood) est au moins égalé. Niveau personnages, on n’avait
pas vu une telle étude de fond depuis... Les Bricol’Girls justement.
Niveau épreuve pour le spectateur, on n’est pas loin d’un bon vieux Christophe
Lambert (avec de meilleurs dialogues, quand même).
Bref, un film à voir après avoir
fumé trois pétards et s’être murgé à la 1664, avec des potes de préférence
tolérants mais enclins à la déconne. Parce que des fois qu'il y ait un doute, ce film n'est pas à prendre au premier degré.
L’Attaque de la moussaka géante, Panos H. Koutras, 1999
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