Vu le 27 mars 2007
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avant Jésus-Christ. Léonidas, roi de Sparte, envoie chier les menaces du
terrible dieu-roi Xerxès. Résultat : il doit défendre sa patrie contre la
tolkienesque armée perse avec seulement trois cents de ses hommes. Non, pas des
hommes… des Spartiates.
Après l’extraordinaire réussite de Sin City, voici une nouvelle adaptation
d’une BD de Frank Miller. Pas forcément la plus évidente, tant 300
était à l’origine une pure performance stylistique, violente, âpre mais dont la
finesse scénaristique n’était pas la qualité la plus évidente. 300,
c’est une fresque tracée à la pointe sèche, avec du sang, du foutre et de la
testostérone. 300, c’est un truc de mecs, des vrais, des sévèrement burnés,
où une poignée de combattants s’en va à moitié à poil se latter contre six
milliards de ninjas perses surarmés, des légions d’orcs du chaos, des
rhinocéros de guerre, des éléphants géants, des pluies de flèches, des
nécromants pyrotechniques, des traîtres difformes… et empiler le maximum de
cadavres* même si les chances de victoire sont nulles. Car la victoire
n’importe pas pour un Spartiate : seule la mort au combat est une fin
honorable.
Graphiquement, le résultat est
plutôt enthousiasmant. On retrouve bien les scènes de la BD et, comme pour Sin City, on devine que celle-ci a été
utilisée comme story-board (de nombreuses images deviendront d’ailleurs des
mèmes d’Internet, notamment le cultissime « This is Spartaaaa !!! »). Les acteurs jouant tout en
violence font plutôt bonne figure, bodybuildés et huilés comme des gladiateurs
de vieux péplums. Par contre, et c’est malheureux, le rythme n’est pas toujours
à la hauteur. Zack
Snyder, déjà réalisateur du plutôt bon Dawn of the Dead**, se perd régulièrement dans une esthétisation à
outrance et perd du temps. Du coup, certaines scènes se retrouvent terriblement
ampoulées, trop lentes et mal calibrées***.
Une voix-off tente de reprendre les
textes de Miller mais finit surtout par alourdir des images qui se seraient
sûrement suffi à elles-mêmes. Les passages inventés pour le film, où la reine
de Sparte essaie de faire bouger les choses de son côté, apportent un peu de
subtilité politique (à dose homéopathique, hein !), mais ne suffisent pas
à illuminer l’intrigue et minent finalement la fougue originelle du scénario. C’est
d’autant plus dommage qu’on sentait là-derrière un réel potentiel de film viril
et puissant comme on en voit finalement assez peu. Il n’en reste plus qu’un
grand spectacle pas désagréable du tout, mais sans doute pas appelé à rester
dans les annales du septième art. Dommage.
300, Zack Snyder, 2007
*
Comme eût dit l’ami Oud devant ces tas de corps encore chauds : « Il faut mettre un terme aux piles ! »
**
Et apparemment pressenti pour la réalisation de Watchmen, adaptation de la meilleure bande dessinée jamais dessinée
de l’histoire de la bande dessinée. Je ne suis pas sûr qu’une version
cinématographique soit une bonne idée (depuis, j’ai pu constaté que… ben si en
fait. Chapeau Zack !).
***
À noter d’ailleurs la terrible influence du Gladiator
de Ridley Scott, qui a tellement fait école qu’il semble aujourd’hui impossible
de concevoir un film situé dans l’Antiquité sans que le héros ne se balade dans
des champs de blé sur une musique planante. D’un autre côté, l’agriculture
avait sans doute une symbolique autrement plus puissante à l’époque
qu’aujourd’hui…
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