Après s’être
enfin fait pincer, l’escroc professionnel Moite von Lipwig (oui, ses parents
avaient un humour douteux) se voit confronté à un choix délicat : la corde
ou la direction du service postal d’Ankh-Morpork. Une institution totalement
dépassée de nos jours où toutes les communications se font par clic-clacs, un
réseau de tours sémaphoriques permettant de transmettre des informations d’un
bout à l’autre du Disque-Monde en quelques heures. Pour Moite, le défi est de taille…
mais il a de la ressource.
Enfin, ça y est, quelqu’un a trouvé le truc !
Après deux téléfilms suivant les trames des livres de beaucoup trop près pour
être accessibles au grand public, les studios Sky ont trouvé comment
adapter convenablement un roman de Terry Pratchett. Il faut dire que Timbré,
avec son intrigue dynamique, n’était pas forcément le plus difficile, mais le
réalisateur Jon Jones aurait très facilement pu se perdre dans les méandres
d’une intrigue à tiroir comme l’auteur britannique en a le secret. Au lieu de
quoi il prend ses distances avec le livre, s’accorde quelques libertés et
réassemble une histoire plus en adéquation avec son média.
Or c’est tout ce qu’il manquait pour réaliser un
long-métrage de haute volée : les décors sont toujours aussi fabuleux, la
présence des tours de clic-clacs, imposant en permanence leur ombre sur la
ville telle une menace pesant sur la poste de ce pauvre Lipwig, est notamment un
élément sur lequel joue beaucoup la caméra. Ajoutons que les systèmes
techniques des clic-clacs, qu’on nous montre régulièrement, font très
réalistes*.
Comme les acteurs sont eux aussi impressionnants de
justesse, du flamboyant Richard Coyle (il faut dire que Lipwig
est un rôle en or) à la charmante (dans un style très anglais) Claire Foy, en
passant par un étonnant David Suchet (mieux connu pour son interprétation
d’Hercule Poirot dans la série du même nom) en méchant cabotin et le désormais
célèbre Charles Dance (Tywin Lannister, ça vous dit quelque chose ?) en
patricien d’Ankh-Morpork, impossible de ne pas fondre pour cette aventure
échevelée** mêlant action, romance, humour, drame… On entre facilement dans
l’univers, on ne s’ennuie pas, le ton est présent mais pas pesant et, cerise
sur le gâteau, le téléfilm donne envie de lire le livre dans la foulée
(d’autant qu’il s’en écarte assez pour ne pas en gâcher la lecture, loin de là…
je dirais même qu’il le spoile à peine).
De la belle ouvrage. On attend maintenant avec
impatience la série prévue sur le guet de nuit d’Ankh-Morpork (sur lequel est
centré une bonne partie des romans). Le peu qu’on en voit dans les films
(Chicard, Visite, Angua…) donne très envie. Voilà qui conclut notre série sur
les adaptations du Disque-Monde.
Vraiment ? Non, il reste une œuvre sur laquelle je reviendrai… demain.
Going
Postal, Jon Jones, 2010
* Comme le dit Pratchett lui-même en interview, les clic-clacs, c’est ce que serait Internet si on n’avait pas d’ordinateur mais beaucoup, beaucoup de ficelle.
**
On notera également la présence d’Andrew Sachs (Faulty Towers), de Tamsin Greig (Black Books) et de pas mal de figures très connues des amateurs de
séries TV britanniques. Seul petit regret : le changement d’acteurs pour
l’archichancelier Ridculle, un de mes personnages préférés. Même si Timothy
West donne une excellente interprétation, j’avoue que j’étais un peu tombé
amoureux de celle de Joss Ackland dans Hogfather.
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