Vu le 19 mars 2013
Oscar Diggs, dit
Oz, est un magicien de cirque plutôt doué mais sans succès. Séducteur invétéré,
il doit fuir le Kansas en ballon pour éviter un mari jaloux et se retrouve pris
dans une tornade. Et quand on est pris dans une tornade au Kansas, tous les
Américains le savent, on se retrouve au merveilleux pays d’Oz. Là il croise des
sorcières, des singes volants, des villages en porcelaine et il est pris pour
« le Magicien », l’élu-qui-selon-la-prophétie-doit-venir-sauver-le-monde*.
S’il est assez peu connu en France, Le Magicien d’Oz reste extrêmement
populaire aux États-Unis. Cette fable écrite par L. Frank Baum a connu
plusieurs adaptations, hommages et parodies qu’il serait compliqué de lister**.
On se souvient généralement de quelques éléments (Dorothy, le lion peureux,
l’épouvantail et l’homme de fer, la route de briques jaunes, les singes
volants, les Munchkins…), mais pas forcément de l’histoire précise.
Disney voulant produire une suite, ou une préquelle, ou
n’importe quoi en rapport avec l’univers d’Oz, c’est Sam Raimi qui se retrouve
au volant de la machine. Oui, Sam « Evil
Dead » Raimi, Sam « Spider-Man »
Raimi, Sam « Xena princesse
guerrière » Raimi (je vais arrêter là), le copain geek des frères
Coen. Chez Disney. Le résultat est un film que nous dirons pudiquement « familial »,
c’est-à-dire calibré pour les gosses.
Visuellement, ce film a dix ans de retard. Les
critiques peuvent s’extasier sur les décors magnifiques et acidulés, on a déjà
vu ça ailleurs, le gentil singe volant Finley a l’air de sortir du Monde de Narnya et le design de la
Sorcière de l’Ouest… m’a fait rire (ce n’est pas son but). Au niveau scénario,
par contre, c’est trente ans de retard qu’il affiche ! La seule bonne idée
du film, partir du (spoiler pour ceux qui
ne connaissent pas l’original) fait que le Magicien d’Oz est un imposteur,
est finalement assez peu exploitée et James Franco peine à faire de son
personnage un type attachant. Pas parce qu’il n’est qu’un vil escroc égoïste,
mais parce que justement il ne l’est pas !
Et c’est sans doute un des gros problèmes du long-métrage :
c’est un de ces films où le héros commence très bas et redevient peu à peu
respectable, réalise qu’il préfère faire le bien et emballe la nana à la fin,
juste récompense de ses efforts évolutifs. Admettons. Seulement Oz ne part pas
de si bas ! D’accord, c’est un séducteur, et c’est un… faux
magicien ? Ben, oui, forcément, dans le vrai monde les magiciens n’existent
pas, ce n’est quand même pas sa faute s’il ne tombe que sur des publics
stupides qui exigent qu’il fasse remarcher les petites filles handicapées (ce
n’est pas une blague !).
Du coup il n’y a pas d’évolution pour le personnage,
qui passe juste le film à aller d’un endroit à l’autre. Comme du reste les
épreuves qu’il affronte ne sont pas bien méchantes et que les vilaines
sorcières ont un plan globalement pourri, que l’humour est destiné aux
cinq-douze ans et qu’il y a des animaux qui parlent, je vais me contenter de
dire charitablement que ce n’est pas mon film préféré de l’année***.
Oz, the Great and Powerful,
Sam Raimi, 2013
* Il faudrait numéroter les clichés, on gagnerait du
temps. Bref, en ayant lu ça vous savez déjà comment le film va se finir.
** Citons au moins le film de 1938 avec Judy Garland,
qui a posé moult bases (la chanson Over
the Rainbow notamment, que beaucoup de Français ont eu l’air de découvrir
il y a deux ans quand ce gros type hawaïen mort est soudainement apparu au
Top 50), la comédie musicale Motown The
Wiz, la version d’Alan Moore dans Lost
Girls (pour lecteurs avertis, mais très bien) et de nombreux pastiches dans
de non moins nombreuses séries, notamment le principal de Loonyversity dans Les Aventures des Tiny Toons (pour
rester dans ma génération).
*** Et il y a Bruce Campbell au générique, je dis
bien : BRUCE CAMPBELL, l’acteur le plus cool de l’univers connu, AU GÉNÉRIQUE,
pour un caméo ridicule de quinze secondes ! Tout le film est résumé :
effet d’annonce gigantesque (Sam Raimi, Magicien d’Oz, Bruce Campbell, 3D…)
pour deux heures de désillusion. Et c’est long, deux heures.
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