Vu le 17 janvier
2005
Oyez la belle
histoire de Man on Fire, avec Denzel Washington, acteur américain dont
la principale caractéristique (dans ce film) est d’être noir et musclé. Le film
se décompose en deux parties :
La partie « Petite
Maison dans la prairie », où l’on découvre notre héros, Creasy, ancien
agent de terrain de la CIA (les familiers des usages américains auront reconnu
l’euphémisme officiel pour « tueur à gages »). Il en a marre de mutiler
les ennemis de la patrie et voudrait se ranger. Un pote à lui, incarné par
Christopher Walken*, lui trouve un boulot tranquille : garde du corps de
la gamine d’un brave businessman mexicain. Car à Mexico, on enlève souvent les
enfants de riches pour se faire un peu d’argent, que voulez-vous il faut bien
vivre, les temps sont durs ma pauv’ dame. Creasy refuse d’abord, puis rencontre
la gamine (excellente Dakota Fanning, à qui je prédis une belle carrière**) et
se prend d’amitié pour elle. La preuve, il l’aide même à s’entraîner à la natation
pour son tournoi. Pendant une heure, on voit peu à peu l’humanité apparaître
sous la carapace de la brute épaisse qui apprend à la gamine comment roter pour
feinter les cours de piano, ça ne s’invente pas. Bref, on nage dans la
mièvrerie la plus disneyenne, au point que je me suis demandé si le film
n’était pas estampillé Buena Vista International. Et puis la gamine se fait
enlever et tuer, et on passe à…
… la partie
« berzerk ». Creasy s’est pris trois ou quatre balles dans le buffet
pendant l’enlèvement, mais c’est pas grave, il se relève, s’habille, va voir la
mère de la gamine qui lui demande ce qu’il compte faire. « Je vais retrouver ceux qui ont fait ça*** et eux, et ceux qui me
mèneront à eux, et tous ceux qui se mettront en travers de mon chemin, je les
tuerai jusqu’au dernier ! » Et la maman de répondre :
« Allez-y, tuez-les tous ! »
sur fond de petite musique western qui semble dire : « Voilà les enfants, c’est comme ça qu’il faut
faire ! » Là, le spectateur intelligent se dit qu’il y a murène
sous gravier, animal qui vire au format python réticulé au cours de l’heure et
demie restante, alors que le « héros » massacre ses indics et
présumés coupables avec des raffinements de cruauté (entre autres il fait
exploser un des maffieux d’une bombe dans le cul). Le spectateur n’ayant pas
fui la salle pour aller vomir dans un coin aura la faible satisfaction de voir
Creasy mourir à la fin, dans un sursaut de moralité scénaristique, après avoir
retrouvé la gamine qui à la surprise pas très générale n’était en fait pas
morte.
Tout ça pour dire
que le sieur Tony Scott, frère de Ridley et pourtant réalisateur d’un pas trop
mauvais Top Gun en son temps, ne sort pas vraiment grandi de cette
sombre merde que ne devraient pas renier les fans de Charles Bronson, Clint
Eastwood et autres justiciers fascistes.
Man on Fire, Tony Scott, 2004
*
Qui a comme Lance Henriksen dans Alien vs
Predator des impôts à payer… 2004 fut une mauvaise année pour les acteurs
squelettiques !
**
Bon, finalement, elle a finalement surtout joué dans Twilight… Mais je ne désespère pas, j’ai du flair avec les jeunes
actrices, j’avais déjà dit ça de Christina Ricci (La Famille Addams),
Winona Ryder (Beetlejuice), Kirsten Dunst (Entretien avec un vampire)
et Natalie Portman (Léon). Je suis moins bon avec les garçons, vu que
j’attends toujours le prochain bon rôle de Haley Joel Osment (Sixième sens)
et de Frankie Muniz (Malcolm), mais j’avais repéré Elijah Wood dans Flipper,
c’est pas si mal !
***
Oui, à ce moment-là le spectateur, encore miséricordieux envers le scénariste,
fait semblant de croire que la gamine est morte et qu’elle ne va pas
réapparaître à la fin dans un deus ex machina d’anthologie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire