Alors que la
veille du Porcher approche, il semble que le père Porcher, ce brave homme
cochon qui distribue des cadeaux aux enfants sages tous les solstices d’hiver,
ait disparu. Du coup la Mort a décidé de prendre les choses en mains et de remplacer
le bonhomme, parce qu’entre personnifications anthropomorphiques, on peut bien
s’aider un peu. Il* charge au passage sa petite-fille Susanne de mener
l’enquête sur la disparition. Apparemment, un contrat a été lancé contre le
père Porcher, et un assassin particulièrement opiniâtre est sur le point de le
remplir.
Difficile de lire le scénario de Hogfather sans le trouver
complètement débile. Et pourtant l’intrigue de ce livre est l’une des
meilleures, des plus inventives, des plus fascinantes de l’œuvre de Terry
Pratchett. Outre le fait qu’elle met en scène la Mort et sa petite-fille Susanne
(campée par une Michelle Dockery impériale), deux de mes personnages favoris**, on
y retrouve également l’archichancelier Ridculle (auquel Joss Ackland donne
exactement ce qu’il faut de ton bourru, d’autosatisfaction et de tendresse qui
conviennent au personnage) et, un des points cardinaux du téléfilm, le
terrifiant Lheureduthé. Ce meurtrier (officiel, puisqu’il appartient à la guide
des assassins d’Ankh-Morpork) est assurément un des méchants les plus réussis
de tout l’univers pratchettien. Cintré au dernier degré, aimant son métier au
point de planifier très sérieusement le meurtre du père Noël (vous aurez
compris j’espère que la nuit du Porcher est l’équivalent disque-mondien de
notre fête de la Nativité), ce personnage au visage d’ange mais au regard sans
équivoque est incarné par un Mark Warren stupéfiant et mérite sa place au rang
des meilleurs serial killers du
cinéma.
L’histoire se passe en grande partie à Ankh-Morpork,
ville au croisement de la Londres victorienne, de la Venise de la Renaissance
et d’une New York crépusculaire. L’ambiance est parfaitement rendue, et une
fois de plus tout est parfait visuellement. Les personnages sont même plus
réussis que dans The Colour of Magic (mais ils sont à la base
mieux écrits).
Las, une fois de plus le téléfilm est beaucoup trop
long et seuls les fans hardcore suivront l’histoire jusqu’au bout, ce qui est
bien dommage car son double climax final est fascinant. C’est peu de dire que
je préfère nettement l’ambiance « conte de Noël » de Hogfather
à celle « road-movie » de The
Colour of Magic. Mais au-delà de cet aspect, les considérations
philosophiques, métaphysiques et mythologiques de Hogfather ont une portée
nettement plus intéressante, sans même parler des relations entre les
personnages (notamment Susanne et la Mort), qui sont bien plus fouillées. Et on
reste du coup désespéré face à cette œuvre qui ne donnera sans doute envie à
personne de découvrir les romans.
Hogfather, Jean Vadim, 2006
*
Oui, la Mort du Disque-Monde est masculine. Masculin. Je sais pas comment on
l’accorde du coup…
** On retrouve également David Jason, qui incarnait Rincevent, dans le rôle d'Albert, l'acolyte de la Mort.
** On retrouve également David Jason, qui incarnait Rincevent, dans le rôle d'Albert, l'acolyte de la Mort.
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