mercredi 31 juillet 2013

Julien a vu… Monstres Academy



Vu le 25 juillet 2013
Bien des années avant d’être des (snif) terreurs d’élite de l’entreprise Monstres & Cie, Robert Razowski et Jacques Sullivan ont fait des études à la célèbre Monsters University. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde, loin de là. Contraints de faire équipe après avoir été éjectés du cours principal et s’être mis la doyenne à dos, ils vont devoir intégrer une équipe de bras cassés et remporter les grands Jeux de la peur. Bouh !
Je n’attendais pas grand-chose de ce produit dérivé d’un Pixar déjà pas extraordinaire. Pour moi, Monstres & Cie était un semi-ratage qui ne fonctionnait que partiellement. L’humour était là, le film contenait quelques fulgurances (le personnage de Boo, notamment), mais on en ressortait plus avec un sourire en coin qu’avec des douleurs aux zygomatiques. Et même si l’univers était à peu près original, il n’y avait rien de bien nouveau sous le soleil. Autant dire qu’une suite ne s’imposait pas.
Et ça tombe bien, puisque ce n’est pas une suite mais une préquelle que nous propose le studio à la petite lampe bondissante*. Plutôt que de reprendre le ton du premier, le réalisateur Dan Scanlon décide de faire un « film de fac », avec tout ce que suppose un campus américain : fraternités à sigles grecs**, cours magistraux en amphi somptueux, pompom girls, fils à papa et outsiders, doyens stoïques… et il se trouve que ça fonctionne.
Première bonne idée : nos deux compères ne sont pas amis. Ils se détestent même cordialement. Razowski est un besogneux dur à la tâche mais pas effrayant pour deux sous, Sullivan un prétentieux naturellement doué mais fainéant. Deuxième bonne idée : la raison pour laquelle les deux sont contraints de travailler ensemble n’est pas forcée. Les événements s’enchaînent de façon logique et ils apprennent peu à peu à s’apprécier sans que le script en fasse des caisses. Troisième bonne idée : c’est drôle. C’est très, très drôle. Outre les trouvailles visuelles, les blagues « de campus » fonctionnent très bien et on se surprend à hurler de rire très régulièrement***. Et quatrième bonne idée : le scénario a l’intelligence d’essayer de surprendre le spectateur en évitant les clichés trop faciles.
Une bonne comédie, qui n’a pas la profondeur d’un Là-haut ou la sensibilité d’un Toy Story, mais qui rehausse à mon avis largement la licence Monstres & Cie.
Monstres Academy, Dan Scanlon, 2013
* Savez-vous que cette petite lampe s’appelle Luxo ? Oui ben j’ai pas grand-chose à mettre en notes de bas de page, alors je meuble !
** Mais si, vous savez, ces espèces de « clubs d’étudiants » plus ou moins select qui s’appellent toujours « Sigma Rhô Pi » ou un truc comme ça dans les films et les séries. Que si vous n’y appartenez pas vous êtes le dernier des losers ? Ben y en a plein là. D’ailleurs celui de nos amis est source de nombreux gags hilarants.
*** Au générique on retrouve les très bons Billy Cristal et John Goodman, mais aussi la grande Helen Mirren dans le rôle marquant de la doyenne Hardscrabble (malheureusement doublée en français par une Catherine Deneuve en petite forme) et le merveilleux Nathan Fillion en Johnny Worthington (rien qu’au nom, on sent que c’est le chef de la fraternité des fils à papa insupportables). Et mention spéciale au pas toujours bon Jamel Debbouze (on aura charitablement oublié sa contre-performance dans le nullissime Dinosaures de Disney – qui s’en souvient d’ailleurs ?) qui campe un Art fou furieux et totalement incroyable. La performance du film pour ce qui concerne la VF !

mardi 9 juillet 2013

Julien a vu… World War Z



Vu le 4 juillet 2013
L’homme parfait et sa femme idéale ont deux enfants, Adorable Petite Fille 1 et Adorable Petite Fille 2. Alors qu’une pandémie de zombis éclate, l’homme parfait doit sauver sa famille, puis la planète en partant enquêter sur le mystérieux virus qui la menace. Y parviendra-t-il ? Précommandez le jeu sous Steam et recevez en cadeau des fausses dents de zombis comme dans le film !
Il se sera fait attendre, ce World War Z (Z comme « zombi », s’il y avait un doute). Cela fait quelques années qu’on parlait d’une adaptation du roman éponyme de Max Brooks*, et bien des noms avaient circulé concernant le scénario : John Michael Straczynski (Babylon 5), Matthew Carnahan (Jeux de pouvoir…), Damon Lindelof (Lost, Prometheus…) ou encore Drew Goddard (Lost, Buffy contre les vampires…). Au final, il semble qu’entre écriture, réécriture, retournage de la fin à la demande de la production… tous aient fini par mettre la main à la pâte, Et clairement, c’était trois de trop ! Quand trop de monde se mêle de l’écriture d’une œuvre, ça donne généralement un gros gloubiboulga indigeste, dont acte ici.
Quand on connaît l’histoire derrière l’écriture du film et la réputation des scénaristes impliqués, on comprend mieux pourquoi d’excellentes idées avoisinent des monuments de bêtise et comment le film arrive parfois à réellement surprendre son public tout en se révélant absurdement conventionnel en d’autres moments. On note en particulier une volonté d’aborder dans un même long-métrage tous les styles du genre : on attaque sur un survival, on enchaîne avec une guerre nocturne, puis on a droit à une grande scène d’action en plein air, puis on est bloqué dans un complexe de recherche… ça aurait pu être d’autant plus intéressant que les zombies du film semblent particulièrement déterminés et voraces**. Alors où est-ce que ça pèche ?
Déjà un des gros problèmes tient en cinq signes : PG-13 (« interdit aux moins de treize ans » aux États-Unis), ce qui est très large pour un film de genre (pour comparaison, à sa sortie Pulp Fiction était classé R : « interdit aux moins de dix-sept ans non accompagnés »). WWZ est clairement axé « famille » et s’abstient donc de tout gore, ce qui va à l’encontre du concept même du film de zombis. Même Shaun of the Dead ou Bienvenue à Zombieland, pourtant des comédies assumées, savaient qu’il fallait du sang et des tripes.
Ajoutez à cela des moments de grand n’importe quoi venant saper le sérieux de l’œuvre (en particulier tout le passage à Jérusalem, absurde de bout en bout), et une narration calqué sur un jeu vidéo où le héros, un Brad Pitt marmoréen qui n’est pas sans rappeler le Tom Hanks de Da Vinci Code, va d’indice en item pour résoudre une enquête avec, ponctuellement, des missions d’infiltration où les monstres ne vous voient pas s’ils vous tournent le dos (je sais, on joue trop à The Secret World en ce moment, mais on s’est tous dit que le film ressemblait beaucoup à une mission dans ce jeu !).
Marc Foster, réalisateur éclectique***, ne signe au final qu’un ratage en demi-teinte, complètement anesthésié et plutôt loin de la portée politique du livre. Dommage, j’aurais bien aimé voir un bon film.
World War Z, Marc Foster, 2013
* Qui était lui-même une suite de son premier livre, Guide de survie en territoire zombi. Il paraît que c’est vachement bien. En tout cas d’après ce que j’en ai compris, ça n’a pas grand-chose à voir avec le film.
** Après le zombie qui marche de Romero, le zombie qui court de Snyder, voilà le zombie qui grimpe ! J’attends impatiemment le zombie qui vole.
*** Il a entre autre réalisé le très dispensable Quantum of Solace, l’intéressant Stranger than Fiction, le lénifiant Stay, le plutôt cool Neverland et À l’ombre de la haine.