jeudi 31 janvier 2013

Julien a vu… Harry Potter and le Goblet de feu

Vu le 8 décembre 2005
Harry revient. Il est plus grand, plus musclé*, moins bien peigné et il a la baguette magique qui le démange. D’ailleurs, dans tout Poudlard, l’heure de l’adolescence a sonné : acné, cheveux fous et blagues débiles. Les filles en fleur connaissent des accès de romantisme, les petits cons deviennent des jeunes cons. Et pendant ce temps, Harry se tape des dragons, des ondines, des haies mutantes et Dark Vador prépare sa résurrection, en toute simplicité…
 
Après Chris Columbus (que personne ne regrette) et Alfonso Cuarón (qui avait prouvé que le mot « adaptation » a encore un sens), place à Mike Newell, monsieur 4 mariages et 1 enterrement (mais pas que). Celui-ci a choisi d’axer son film vers la dimension scolaire. Poudlard est un collège, les gamins ont quatorze ans, logiquement ça doit frétiller dans tous les sens. Et pour frétiller ça frétille ! Harry et Ron sont en passe de devenir les deux plus grands losers de la littérature enfantine (« Tu comptes me faire danser, oui ou non ? – Non. »), pour notre plus grand plaisir. On en oublierait presque notre petite Hermione, décidément bien jolie, et Ginny qui commence enfin à avoir un rôle (tout petit, mais bon, quand on connaît la suite, il vaut mieux la valoriser).

Parallèlement, les nouveaux comme les anciens semblent prendre un plaisir certain à jouer les profs. Alan Rickman s’amuse follement dans son rôle de Rogue toujours aussi ambigu, Brendan Gleeson campe un Maugrey Fol Œil plus vrai que nature et Michael Gambon est autant Dumbledore que Ian McKellen était Gandalf. Quant à Ralph Fiennes, son interprétation de Lord Voldemort (« Il revient, Voldemort, le capitaine corsaire… » euh non…) est à mon avis un tour de force, tout de cabotinage contenu, exactement comme est supposé l’être le grand méchant de la série.

Cependant, pour adapter La Coupe de feu en « seulement » deux heures quarante de film, pas de secret : il faut trancher. Alors Newell a tranché, net, sec, à la tronçonneuse. Exit Ludo Verpey et ses magouilles, le Front de libération des elfes de maison, l’usage de l’argent du prix des Trois Sorciers, les scroutts à pétard, Winky l’elfe dépressive, les échanges épistolaires avec Sirius, les origines d’Hagrid et de madame Maxime, la vélanité de Fleur, la sécession d’avec le ministère, la perversité de Rita Skeeter, les longues explications finales, bref adieu tous les petits détails qui donnent à l’ensemble un goût de quotidien et surtout qui noient les éléments importants. 

Du coup ceux qui n’ont pas lu le bouquin risquent de ne pas très bien comprendre pourquoi tout le monde en vante l’intrigue démoniaque. Il faut préciser que si, dans le film, une personne un peu attentive, aux neurones raisonnablement connectés, peut deviner la fin, il n’en est rien dans le bouquin qui laisse invariablement sur le cul. À la décharge de Newell (je ne lui en veux pas, j’avais lu le bouquin avant), c’était totalement impossible ici. D’ailleurs, en expédiant dès le début cent cinquante pages de livre en dix minutes, le réalisateur déclare clairement qu’il n’a pas de temps à perdre. Quitte à ne faire qu’effleurer des sujets graves (les parents de Neville, le passif de Rogue, les fondements du futur Ordre du Phénix…) afin de se ménager de précieuses minutes pour installer la dynamique du groupe d’élèves, en particulier les jumeaux Weasley, plus présents qu’à l’accoutumée.
 
À l’arrivée, le film passe vite (trop vite parfois : on se dit que Newell, s’il a su choisir intelligemment ses ellipses, aurait pu investir dans quelques transitions), mais laissera aux fans une impression de manque. Un peu comme si on avait adapté Le Seigneur des anneaux en se limitant à la scène de la Moria. Et, contrairement aux assertions ashreiennes de certain de mes amis**, il n’aurait pas suffi de deux, voire trois films pour adapter le livre dans son intégralité. La dynamique du quatrième tome, comme des suivants d’ailleurs, n’est pas très cinématographique. Il s’agit d’œuvres bâties sur la longueur, avec un quotidien fait de petits événements plus ou moins grandioses mais tous importants et qui se suivent. Ce n’est souvent que vers la fin que tout se révèle, le reste n’étant pas très spectaculaire (les épreuves, très soulignées dans le film car très visuelles, n’ont qu’une importance toute relative dans le support papier). À mon avis, le média le plus adapté serait encore la série télé. Mais bon, avant que Harry Potter soit réadapté, on a un peu de temps.

Petit détail supplémentaire, j’ai pu profiter des deux versions (française et originale). Je vais essayer d’être clair sans être lapidaire, constructif sans être limitatif, concis sans être court : la VF est une incommensurable merde dont les coupables doivent être écartelés***.
Harry Potter and the Goblet of Fire, Mike Newell, 2005

* Si, si, matez-le dans la scène du bain ! Il fait des tractions le Danny Radcliffe ! 

** Ashreien, adj. qual., se dit de l’attitude consistant à émettre une opinion particulièrement tranchée et argumentée sur un sujet dont on ne connaît rigoureusement rien. Souvenons-nous de ce mode de discussion culte : « Tu as vu [Insérez ici un titre d’œuvre quelconque] ? – Quoi, cette merde ? [Insérez ici une heure de vive palabre sur la qualité hautement discutable de l’œuvre en question] En même temps, je dis ça, mais bon, je l’ai pas vu hein ! »

*** Malgré la présence de pointures du doublage comme Philippe Dumat (voix célébrissime de Gargamel, Satanas, M. Drumond, etc.) qui double ici Fudge, le ministre de la Magie. En fait, les adultes sont très bien doublés (surtout Rogue). Les gamins par contre…

mercredi 30 janvier 2013

Julien a vu... Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban

Vu le 7 juin 2004
Harry Potter, c’est comme une dépendance : on lit le premier parce que tout le monde vous dit que c’est génial, on lit le deuxième par curiosité parce que les persos sont marrants, on lit le troisième parce qu’après tout l’intrigue du deuxième est sympa, on dévore le quatrième parce que le troisième déchire sa mère et on hue le cinquième parce que le quatrième est absolument génial*. Et au final, on attend impatiemment le sixième pour savoir si, je cite, cette « grosse pute de J. K. Rowling va se rattraper de ses mille dernières pages où il ne se passe rien ». Cette fois c’est en film que le petit sorcier nous revient, et il n’a plus grand-chose de petit. 

Après deux tomes adaptés bien sagement par Chris « Maman, j’ai raté l’avion » Columbus, voici la version d’Alfonso « Y tu mamá también » Cuarón. Et de suite, ça change : entre deux cours, les sorciers s’habillent streetwear, Harry est insolent et fugueur, Hermione bastonne, le nouveau prof de DADA** déchire son macareux et Dumbledore*** renvoie Gandalf dans son écurie tellement il gère ! Même les trois gamins ont l’air d’avoir pris des cours de comédie (vous me direz, y a pas de mal !). Quant à Gary Oldman, qui incarne Sirius Black pendant bien quinze minutes de film, il bouffe littéralement la caméra.

Et surtout, Cuarón pense à faire ce que Columbus n’avait jamais osé : il s’amuse. Réinventant certaines scènes, en inventant carrément d’autres, il nous donne SA version du Potterverse, s’éclate sur certains plans et mouvements de caméra, se paie le luxe de mieux traiter l’astuce finale que ne l’avait fait l’auteur elle-même et fait enfin de ces personnages adolescents des êtres humains attachants. Les deux premiers opus étaient des illustrations des bouquins, honorables mais mollassonnes. Celui-ci a le « petit » truc qui manquait : une ambiance.

On peut bien sûr lui reprocher deux ou trois bricoles, comme le fait de sauter quelques détails importants (les identités des sieurs Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue, notamment), et surtout de comprimer en « seulement » deux heures vingt une intrigue particulièrement complexe. Ce qui peut légitimement inquiéter pour le quatrième film, Harry Potter et la coupe de feu, le meilleur de la supposée heptalogie, d’ores et déjà en tournage sous la direction de Mike « Quatre mariages et un enterrement » Newell, surtout quand on sait qu’il est deux fois plus épais que le 3. Moi, rien que pour la scène du bal de Noël, je veux voir le 4, alors vivement qu’il sorte !
D’ici-là, j’attends impatiemment la version longue du 3. Comment ça y aura pas de version longue ?
Harry Potter and the Prisoner of Azkaban, Alfonso Cuarón, 2004

* On pourrait aussi dire : « on lit le premier pour faire taire les casse-couilles qui vous bassinent avec, et on lit les suivants en cachette pour ne pas reconnaître que c’est la meilleure fiction fantastique populaire depuis Star Wars. » Subjectif, moi ? Allons donc !

** DADA : « Defence Against the Dark Arts », alias « défense contre les forces du mal », matière préférée de Harry et des lecteurs, dont l’enseignant change tous les ans pour cause de malédiction. Cette année, c’est David Thewlis qui s’y colle (« Qui ? – David Thewis. – Ah, David Thewlis. »), impérial (quoique moustachu) en R. J. Lupin.

*** Notez d’ailleurs que l’acteur Richard Harris n’ayant pu reprendre son rôle de Dumbledore pour cause de décès dans des circonstances mortelles, un certain Michael Gambon a repris la barbe et la robe du vieux mage hippie. Et vu le résultat, je pense qu’on peut affirmer que les Anglais sont à la pointe en matière de clonage d’acteurs.

mardi 29 janvier 2013

Julien a vu... Harry Potter et la Chambre des Secrets

Vu le 24 août 2003

Je viens de lire le tome 5, de relire rapidement le 3 et le 4, et de revoir le film en vidéo. Je dispose donc d’une bonne dose de recul sur l’œuvre de madame Rowling. Et par conséquent je ne vais pas vous parler du film mais vous faire un rapide résumé de l’épisode 5. 

Harry est désespéré, seul dans la maison de Privet Drive depuis que les Dursley ont été dévorés par un dragon tricéphale. De plus, il est toujours fou de rage après Ron à cause de sa tentative d’agression sur Hermione à la fin de l’épisode 4. Dobby vit désormais avec lui et lui prépare de bons petits plats et des chaussettes dépareillées. 

Hagrid débarque alors, porteur de mauvaises nouvelles (et d’un œuf de ratane à tétyne, une créature très dangereuse qui crache de la lave, pète des plombs de chasse et qu’il a adopté comme nouvel anormal de compagnie) : le ministère de la Magie a décidé de couper les crédits de Poudlard pour tout shunter vers Azkaban. En effet, le nouveau ministre (Fudge ayant été brûlé au vingt-quatrième degré par un scroutt à pétard) Nikos Sarkosky, ancien professeur de Durmstrang, est bien décidé à mettre tous ces sales petits mago-délinquants en prison, ainsi que les nuisibles de la société tels que les profs, les intermittents du spectacle et les moniteurs de ski, lie de l’humanité s’il en est [Vous remarquerez que Mrs Rowling suit l’actualité avec une pertinence qui l’honore].

Harry et Hagrid arrivent donc à Poudlard via le réseau souterrain des gobelins de Gringotts, juste à temps pour rater la cérémonie de répartition, comme tous les ans. Au moins cette fois ne finissent-ils pas à l’infirmerie. Harry retrouve Ron et Hermione, qui porte toujours un badge SPEW (Society for Powerful Elimination of Weasleys) mais a renoncé à sauver les elfes de maison, des « créatures fainéantes et détestables, avec leur gros nez et leurs oreilles dégoûtantes, mort aux elfes, qu’ils crèvent tous dans leurs cuisines ! » Le nouveau professeur de défense contre les forces du mal est un certain Bruñus Wiezniewskovitchisky, lui aussi ancien de Durmstrang. Il invoque régulièrement les forces obscures et malsaines de l’Ypéghéqu, et met les élèves mal à l’aise.

À Noël, alors que Neville fait son coming out, deux dragons détournés par une puissance étrangère percutent de plein fouet deux tours de Poudlard, ce qui tue l’intégralité de la maison Poufsouffle (mais personne ne s’en soucie, vu que personne ne connaît de Poufsouffle). [Là encore, Mrs Rowling fait une fine allusion à l’actualité... vous aurez tous reconnu le drame récent des tours d’Orthanc et Barad-Dur, immortalisé par Peter Jackson...

Dumbledore apparaît peu dans cette aventure, tout à sa tentative de réveiller le professeur McGonagall (rappelons qu’elle est dans le coma depuis la défaite de Gryffondor à la coupe de quidditch du tome 4, après laquelle elle s’est jetée dans le lac et a été… disons « attaquée » par le calmar géant). Il intervient cependant lorsqu’un énorme démon cornu et enflammé © essaie de forcer les portes de l’établissement, qui menace de plus en plus de tomber en ruines (faute de crédits), en se mettant en travers du chemin avec un bâton et en criant : « Vous ne passerez pas ! », juste avant de se prendre une grosse baffe de la créature et de tomber dans les douves. Après quoi le phénix moche arrive, pique les fesses du démon qui tombe à son tour dans les douves.

Les enfants sortent Dumbledore qui semble KO et n’articule que de faibles « courez, pauvres fous, courez... » C’est ce moment de faiblesse que choisit lord Voldemort pour apparaître à Harry dans les toilettes des filles (faut vraiment arrêter d’aller traîner dans les toilettes des filles, Harry !) : 
 « Harry, Dumbledore ne t’a pas tout dit ! 
‒ Il m’en a dit assez ! Vous avez tué mon père ! 
 ‒ Non, Harry... Je suis ton père ! 
‒ NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON... »

Alors commence le véritable combat. Toute l’école se range derrière Harry, même les Serpentard qui, de tous méchants, deviennent tout d’un coup tous gentils, et ils laissent courageusement Harry se démerder tout seul avec son épée en plastique et son choipeau moisi. Au dernier moment, quand tout semble perdu, le ratane à tétyne sort de la poche de Hagrid (qui est en fait un traître à la solde de Voldemort) et se transforme en... James Potter, qui avait simulé sa mort et qui en fait pouvait aussi se transformer en ratane. Devant cet affront, Voldemort s’enfuit (on sait pas trop pourquoi) sur la moto de Hagrid, et ce dernier se fait massacrer par les Serpentard, furieux de sa trahison (maintenant qu’ils sont gentils). Harry saute dans les bras de son père, mais celui-ci doit partir pour tuer Sirius Black car c’est un vampire, et en plus il a tué Jean Reno et essayé de tuer Bruce Willis.

Harry retourne donc à Privet Drive, désespéré. Il passe le voyage de retour dans un compartiment avec Cho Chang, ce qui le console un peu jusqu’à ce qu’il apprenne qu’elle sort avec Ginny, qui devient alors sa pire ennemie du monde. Hermione essaie bien de le consoler, mais il la rabroue gentiment en la traitant de « sale sang de bourbe de merde aux dents tordues, va sucer des zipogriffes* avec Malefoy par derrière ! »

Une fois à Privet Drive, il retrouve Edwige morte de faim dans sa cage (rhâ, ces bestioles ! ça trouve son chemin sur des continents que ça connaît pas, mais c’est pas foutu d’ouvrir une cage de l’intérieur !). De fureur, il sort et tue deux moldus (d’anciens copains de Dudley dont tout le monde a oublié le nom mais qu’on appelle « Crabbe et Goyle » par commodité).
Le ministère le convoque et le ministre Sarkosky lui propose soit Azkaban, soit de réintégrer Poudlard mais dans la maison Serpentard. Harry accepte la seconde proposition, un rictus sardonique sur le visage. Que va-t-il se passer dans le 6 ? 
Harry Potter and the Chamber of Secrets, Chris Columbus, 2003

* zipogriffe : variété d’hippogriffe particulièrement dangereuse car en plus, il crache du feu.

Attention, ce texte contenait de très nombreux spoilers, si vous n’avez pas lu les cinq bouquins, il ne fallait pas le lire.

lundi 28 janvier 2013

Julien a vu… Harry Potter

Cette semaine, je vous propose une spéciale Harry Potter. Pourquoi cette semaine, alors qu’on est plus dans un esprit Angoulême, BD, Chandeleur…? Eh bien parce qu’à l’époque où je tenais ma chronique des Julien a vu…, Harry Potter et la chambre des secrets fut l’un de mes premiers articles (et vous verrez demain que je n’avais même pas jugé utile de parler du film). Et comme j’ai tenu la chronique quelque temps et qu’un épisode des aventures du petit sorcier balafré sortait tous les ans, j’ai de quoi remplir facilement quatre posts. Oui, c’est pouilleux, je sais, mais je vais à Angoulême en fin de semaine, je n’ai pas que ça à faire. 

Pour information, je fais partie de ceux qui aiment bien les romans Harry Potter. Je trouve la série bien construite et convenablement écrite (à partir du troisième). J’aime l’histoire, j’aime les personnages, j’aime la manière dont l’intrigue progresse et l’implication qui finit par happer le lecteur. Je trouve certains aspects ratés (la romance entre Ginny et Harry, dans le tome 6, ressemble à une fanfic, certains personnages à fort potentiel – Lupin, Tonks, Fol-Œil – sont à peine effleurés…), mais d’autres éléments les compensent amplement, notamment le personnage de Severus Rogue*, un des plus intéressants que je connaisse.

Toutefois, je désolidarise totalement les livres des films. En effet, et c’est une opinion très personnelle, je pense que la série Harry Potter est inadaptable au cinéma. Le style même de J. K. Rowling l’empêche : les livres sont des successions de petites scènes du quotidien, qui ne prennent sens que vers la fin dans une série d’événements certes spectaculaires, mais précipités. C’est-à-dire le contraire d’un film d’action tel que se veulent ces longs-métrages.

À mon sens, Harry gagnerait beaucoup à être adapté en série télé, voire en animation**. Le réalisateur aurait le temps de poser l’univers et les ambiances, et de créer la connivence qui manque souvent dans les films entre les différents personnages. La série de films a d’ailleurs démontré ma thèse : parmi les titres les plus délicats à adapter, L’Ordre du Phénix fut effectivement raté. Peut-être la faute en revient-elle au réalisateur David Yates. Mais je persiste à penser que Le Prisonnier d’Azkaban est un excellent film, en dehors de toutes considérations pottermaniaques. De même que La Coupe de feu***.

Alors faut-il (re)voir les films ? Est-il intéressant de se faire un marathon Harry Potter, soit dix-neuf heures douze de puberté magique, dont aucun n’a sa place dans un top 100 de l’histoire du cinéma ? Définitivement, non. Le très bon jeu des acteurs adultes (on a là un casting britannique exceptionnel : il ne manque que Hugh Grant et Colin Firth !) ne fait pas passer les souvent très moyennes prestations des gamins (Emma Watson est bien mignonne mais elle joue quand même comme une patate) et la réalisation souvent peu inventive (chez Columbus), voire longuette (chez Yates). Mais on ne peut pas enlever aux huit films des décors et des costumes magnifiques. Du coup ça fait de chouettes albums Panini !

* J’ai lu en VF jusqu’au quatrième, puis en VO à mesure de leurs sorties, et comme beaucoup j’ai été un peu surpris par les traductions audacieuses de certains noms propres (« Snape » devenant « Rogue » n’est pas le moins curieux). Puisqu’il faut bien choisir, une fois n’est pas coutume, j’emploierai les noms français.

** La technique a cet avantage de ne pas coûter cher en effets spéciaux et, surtout, de ne pas avoir ces problèmes inhérents aux acteurs de jeune âge, comme la croissance, la mue, tout ça. Attendez un peu de voir si Arya Stark fera toujours ses dix ans dans deux saisons de Game of Thrones (en admettant qu’elle survive, évidemment) !

*** Le Prince de sang-mêlé, à l’intrigue plus conventionnelle, s’en sort plutôt bien. Quant aux Reliques de la mort, que dire sinon qu’elles ont inauguré la fatale règle du « le dernier on le fait en deux ! » qui va nous pourrir une multitude de franchises dans les années à venir. Regardez, Peter Jackson voulait faire Le Hobbitt en deux films, mais comme « le dernier, on le fait en deux », on en a trois ! En général, ça veut dire qu’on va se faire chier.

vendredi 25 janvier 2013

Julien a vu... Kill Bill, vol. 2



Vu le 3 juin 2004
Voici enfin le second opus du dernier GRAND DIEU QUELLE MERVEILLE ! film de Quentin Tarantino (prononcez « saint Quentin » pour être à la mode cannoise*). Surprise, alors que le premier FOUCHTRA, LE PREMIER VOLUME M’AVAIT TANT PLU QUE MON ANUS EN EST ENCORE TOUT DÉCHIRÉ** film jouait sur une accumulation démentielle de violence, rendant hommage par là même au cinéma d’action asiatique CORNEGIDOUILLE, CE FILM EST VRAIMENT EXTRAORDINAIRE ! dans son ensemble (plus particulièrement le shambara, film de sabres nippon JARNICOTON, LA SCÈNE DANS LE CIMETIÈRE EST SANS CONTESTE UNE DES MEILLEURES DU GENRE !), sa suite préfère une certaine finesse, privilégiant les études de caractère des MYXOMATOSE ET PIPE EN BOIS, ET QUE DIRE DE CE DUEL ENTRE LA MARIÉE ET ELLE ? personnages, le fond à la forme et les flash-back (mais nous savons tous comme le temps s’écoule différemment dans les films de Tarantino).
Ce qui ne signifie pas DIANTRE, CE BILL EST VRAIMENT EXTRAORDINAIRE ! pour autant que les bastons soient absentes (bien que moins spectaculaires que dans le premier), ni que la réalisation se relâche en quelque manière (on reste là dans le domaine de la leçon de cinéma à destination de tous ceux qui oseraient LES CAPACITÉS PROCTOPERFORATRICES DE CE FILM SONT DÉCONCERTANTES, PARBLEU ! penser que saint Quentin ne sait pas tenir une caméra). Pas un plan n’est laissé au hasard, pas un traitement de la photo n’est placé au pif.
Les acteurs PALSAMBINETTE, IL FAUT À TOUT PRIX QUE JE VOIS SHOGUN ASSASSIN ! sont toujours impeccables, surjouant tous comme dans une bonne vieille série B, avec une mention spéciale pour Uma Thurman qui CE VIEUX MAÎTRE CHINOIS EST FICHTREMENT BON transperce l’écran et pour David Carradine, que Tarantino ressuscite comme il l’avait fait jadis pour John Travolta. Et que dire du vieux maître chinois Pai Mei, réinterprétation d'un type de personnage ultraclassique de ce genre, qui restera sans doute LE souvenir du film pour beaucoup ?
En mettant les deux volumes à la suite, il n’est pas interdit CHARANÇON ET IVRAIE D’AOÛT, UNE DUOLOGIE À GRAVER DANS LES ANNALES DU SEPTIÈME ART*** de penser que nous avons là le film de l’année.
Kill Bill, vol. 2, Quentin Tarantino, 2004

* Oui, là aussi cette critique remonte à loin, il faut la resituer dans son contexte de 2004 et LA VACHE KILL BILL ÇA A DÉJÀ PRESQUE DIX ANS ?
** Cependant sa critique avait vaguement choqué ma mère, voilà pourquoi mon langage dans celle-ci sera nettement plus châtié.
*** « Et dans les anales des contestataires », ajouterait fort à propos certain camarade peu subtil.

jeudi 24 janvier 2013

Julien a vu… Django Unchained


Vu le 23 janvier 2013
Chasseur de primes flegmatique et néanmoins allemand, le docteur King Schultz libère l’esclave Django afin de retrouver trois frères qu’il est chargé d’éliminer. Pris d’amitié pour l’individu, il lui propose de s’associer avant d’aller retrouver sa femme Broomhilde, asservie dans l’exploitation du flamboyant Calvin Candie.
Voici donc le « premier » western de Quentin Tarantino*, improbable hommage au Django de Sergio Corbucci (1966). Le fait est que je ne suis pas un grand fan de westerns. Je n’ai pas grandi devant La Dernière Séance d’Eddie Mitchell, je ne connais pas grand-chose de Sergio Leone ou de Sam Peckinpah. Bien sûr, j’ai hérité quelques notions de mes lectures de Lucky Luke : je sais que le western spaghetti a tendance à étirer ses scènes de manière délirante, que le Cinémascope oblige les écrans de télé à afficher deux énormes bandes noires, que les cowboys symbolisent bien plus que de simples vachers, que la cavalerie arrive toujours trop tard, qu’il faut faire des moulinets avec son Colt avant de rengainer et que les gouttes de sueur glissent moins vite en gros plan. Bref, je ne suis pas un expert.
Cela empêche-t-il d’apprécier Django Unchained ? Définitivement, non ! Déjà parce qu’on y retrouve tout ce qu’on aime chez Tarantino, y compris une certaine maestria de réalisation**. Il en profite même pour traiter d’un vrai sujet, et pas le moindre : l’esclavage. Et de manière frontale encore, en mettant bien en avant le côté « bétail », en multipliant les « nigger », mot tabou sur les écrans américains. Et même s’il s’amuse de temps en temps, comme ce passage hilarant où l’on retrouve une bande pré-Ku Klux Klan menée par Don Johnson s’engueuler sur la confection de leurs cagoules (qui évoque furieusement les Monty Pythons), le ton vis-à-vis de l’esclavage est peu complaisant.
Autre petite rupture par rapport aux habitudes du réalisateur, le film n’est pas choral : un quatuor de personnages mènent clairement la danse, incarnés par des acteurs au top de leur forme. Jamie Foxx, dur et inflexible, aussi solide et aimable qu’un mur de briques, Leonardo DiCaprio, exaspérant sudiste tête-à-claques, l’incroyable Samuel L. Jackson dans un rôle d’esclave « collabo »… et le grand (1,74 m… ah ben non en fait) Christoph Waltz, dans un rôle assez proche de celui d’Inglourious Basterds, mais du côté des gentils. Le docteur Schultz, chasseur de primes tout de flegme germanique, cultivé, intelligent, fine gâchette, sans pitié excessive… porte à mon avis sur ses épaules une grande partie du film ***. Celui-ci accuse d’ailleurs une dernière demi-heure légèrement en-deçà, à mon avis ; c’est-à-dire qu’elle n’est que géniale, quand le reste est… tarantinesque.
Django Unchained, Quentin Tarantino, 2013

* Si l’on estime que Kill Bill (1 et 2) et Inglourious Basterds n’étaient pas des westerns sous bien des aspects, ce qui reste sujet à discussion.
** Quoique, étrangement, les scènes semblent moins étirées, les longs face-à-face de duels moins exagérés que dans Inglourious Basterds.
*** À noter une curiosité : l’acteur James Remar (le papa de Dexter), qui joue deux rôles différents dans le film, ce qui n’a pas laissé de soulever des questions (est-ce le même personnage qui revient ?). J’y vois personnellement une référence cinéphilique obscure dont Tarantino a le secret. Évoquons aussi d’ailleurs un caméo du réalisateur lui-même : QT est déjà mort de multiples manières dans plusieurs films, mais celle-ci est sans doute une des meilleures.

mercredi 23 janvier 2013

Julien a vu... Kill Bill, vol. 1



Vu le 10 décembre 2003

On m'avait dit bien des choses à propos de l'avant-dernier PUTAIN DE FILM ! film de Quentin Tarantino (prononcez « Kouantine » pour avoir l'air branché) : on me l'avait décrit comme violent, formidable, traumatisant, insoutenable, brillant, extraordinaire, le C'EST TROP ÉNORME ! meilleur film de tous les temps, hallucinant... J'ai même eu droit à : « c'est un film de filles ! »*
Et bien, j'ai enfin pu le visionner, et je dois dire que j'ai trouvé ce film assez plaisant et bien fait.
Certes, Tarantino se LA VACHE COMMENT ÇA DÉCHIRE GRAVE C'EST TROP FORT ÇA M'A GAULÉ LES YEUX TELLEMENT C'EST GÉNIAL ! laisse aller à une certaine esthétisation de la violence, mais si les membres sautent de tous côtés et que le sang gicle à gros bouillon, c'est plus par référence, que dis-je, par hommage à de multiples genres cinématographiques que le cinéaste LA PUTAIN DE LA VACHE DE TA MÈRE EN SHORT, COMMENT IL DÉCHIRE SON MACAREU CE FILM ! adule depuis toujours. On peut considérer à ce niveau que Kill Bill est son meilleur film. Alors que Pulp Fiction jouait la carte du montage déstructuré et que Jackie Brown rendait hommage à la « blaxploitation », Kill Bill brasse toutes les influences avec bonheur, du film de sabre japonais (le shambara qui, rappelons-le, a inspiré PUTAIN DE BORDEL DE MERDE DE BITE À COUILLES COMMENT ÇA PAYE SA CHATTE ! les premiers réalisateurs de westerns) au manga (avec une magnifique séance animée**), en passant par le film de gangsters, le film de kung-fu et des dizaines PUTE VIERGE C'EST VRAIMENT TROP FORT ! HÉNAURME ! d'autres que je serais bien en peine d'identifier. On sent bien en voyant ce film qu'on passe à côté de tonnes de références, mais peu importe tant ET QUAND L'AUTRE DE ALLY McBEAL ELLE TRANCHE LA TÊTE DU MEC ! on est pris, emporté par la folie tourbillonnante ET LA MARIÉE, ELLE CHARCUTE PLUS DE JAPS QUE BOROMIR BUTE D'ORCS, EXCELLENT !*** d'un réalisateur fou furieux. Il jette honteusement son « héroïne » (Uma Thurman, plus cristalline ET PUIS L'IDÉE DE JAMAIS MONTRER BILL, ET DE BIPER LE NOM DE LA MARIÉE, C'EST GÉNIAL ! que jamais, à tel point qu'on a l'impression qu'elle va casser à tout moment) dans un panier de crabes qu'elle compte bien décimer à grands coups de katana. Résultat : un bain de sang EN PLUS LA FIN ELLE ARRACHE GRAVE !!! inoubliable, avec une idée par CE FILM, IL TE PREND, IL TE RETOURNE, IL T'ARRACHE LA TÊTE ET IL TE CHIE DANS LE COU, ET T'EN REDEMANDES ! seconde en moyenne.
Une leçon de cinéma. Vivement le PUTAIN, VIVEMENT LE DEUXIÈME ! second opus.
Kill Bill, vol. 1, Quentin Tarantino, 2003

* D'ailleurs, il faudra que cette amie m'explique exactement ce qu’elle entend par « film de filles », et qu’elle en profite pour me montrer ce qu’elle considère comme une « comédie romantique », histoire de parfaire ma science des référentiels.
** Bien sûr, cette séance animée n'est pas un manga puisque le manga est une bande dessinée, mais le seul moyen de lui rendre hommage passait par l'animation.

***Oui, l'écriture de cette chronique remonte un peu, ce qui explique les références un peu anciennes.