mercredi 17 décembre 2014

They Live (Invasion Los Angeles, John Carpenter, 1988)


Le pitch
John est nouveau en ville. Étienne Lantier moderne (moins instruit mais plus musclé), il trouve du boulot sur un chantier de Los Angeles. Le soir, il dort dans un bidonville du coin (oui, il y en a à L.A.). Tout va moyennement dans le plus morne des mondes jusqu’au jour où, après une descente de police, il trouve des lunettes de soleil très étranges. À travers elles il voit la vérité, à savoir que les messages publicitaires parsemant la ville intiment en réalité aux gens l’ordre d’obéir, de consommer et de se taire. Pire, des extraterrestres semblent avoir pris l’identité des humains et occuper les plus hautes strates sociales. Que faire ? Tirer dans le tas bien sûr !

Spoiler : vous n’avez jamais vu de Carpenter ? Vous ne savez pas comment il finit ses films ? Je vous aide, ça implique généralement un gros doigt dressé fièrement contre l’establishment et, bien souvent, les spectateurs. Celui-ci ne fait pas exception.

Le casting dont on se souvient


Gnnnnn... inspirer... expirer... inspirer...
Euh... c'est quoi après ?

Roddy Piper, incarnant ici le héros John Nada (qui n’est appelé ainsi que dans le générique de fin, presque personne n’ayant de nom dans le film), est un catcheur, et ça se voit. Déjà parce qu’il déploie un charisme rappelant assez l’huître arcachonnaise, et ensuite parce qu’il se bat assez mal, à coups de clé de bras et de projection absurde. Sa carrière de comédien est assez pauvre, et son rôle de Nada en reste le pinacle.


Quand on peut pas avoir Samuel L. Jackson, qui c'est qu'on appelle ?

Keith David, le copain black du héros, presque aussi con que lui, a joué dans des dizaines de films des rôles dont on se souvient généralement. Mais pour aller droit au but, c’est le père de Cameron Diaz dans There’s Something About Mary (Mary à tout prix, Farelly, 1998). « Merguez pois chiches », voilà !

Les scènes cultes


Salut tout le monde. Je suis juste là pour balancer une réplique légendaire,
après je me casse, promis.

- La scène absolument culte, celle pour laquelle tout le monde se souvient du film, c’est cette réplique, depuis attribuée à un autre personnage fortement inspirée de John Nada. Quand celui-ci débarque dans une banque, bien vénère et armé d’un fusil à pompe, il lance un brutal : « I’m here to kick ass and chew bubblegum. And I'm all out of bubblegum! » Non, ce n’est pas Duke Nukem qui a inventé cette ligne, c’est bien John Carpenter.


Nous sommes transportés dans une autre dimension,
une dimension faite non seulement de paysages et de sons,
mais aussi d’esprits et d'effets spéciaux foireux...

- La scène où Nada découvre le pouvoir des lunettes est un passage stupéfiant si on ne connaît pas le sujet du film. Un vrai basculement dans le fantastique, comme on les aime et qui assume complètement son cousinage avec The Twilight Zone (La Quatrième Dimension).


C'est pour moi, ça me fait plaisir.

- La scène finale, avec un magnifique plan nichons totalement gratuit, que je vous montre parce que c’est Noël.

Et aujourd’hui, qu’est-ce que ça donne ?
They Live est un film culte que personne ne connaît, mais dont j’entends tout le temps parler. Ce n’est pas une merveille, même s’il reste extrêmement cohérent dans la filmographie de John Carpenter, réalisateur anar et antisystème qui adore ce genre de fable sociopolitique. Tourné en deux mois avec un budget ridicule (Carpenter se remettait mal de l’échec de Big Trouble in Little China, dont je vous promets que je reparlerai), ce film est donc ce que le réal a fait de plus proche d’un épisode de La Quatrième Dimension (ce qui, sur le papier, donne carrément envie).

L’autre grande influence étant évidemment Invasion of the Body Snatchers (L’Invasion des profanateurs de sépultures, Siegel, 1956), grand classique du fantastique horrifique qui a été copié, recopié et plagié des dizaines de fois (du remake de 1978 à The Faculty en 1998). Le film est toutefois assez lent (la bande-son lancinante, signé Carpenter – oui, il fait tout cet homme ! – n’y est pas pour rien) et accuse de sérieuses baisses de rythme, un défaut apparemment classique des films de cette période.

Mais, surtout, le personnage principal manque cruellement de charisme. Avec sa mulette et ses muscles de culturiste, Roddy Piper tient plus du bœuf aux hormones que du tragédien, et on devine que Carpenter aurait préféré filmer son acteur fétiche Kurt Russel (rien que cette idée me fait saliver). La scène où Nada et son pote Franck se maravent la gueule pendant plus de six minutes sans aucune raison est particulièrement atterrante, autant en termes de jeu que de rythme, et résume à elle seule les principaux points faibles du film. Mais celui-ci se relève aussitôt pour une dernière demi-heure beaucoup plus jouissive durant laquelle les twists s’enchaînent jusqu’au bouquet final et à une conclusion en queue de poisson comme les adore le réalisateur. Un film qui aurait certes gagné à ne durer qu’une heure, mais un film à voir, à l’occasion.

Bonus
Ça fait des années qu’on parle d’un remake de They Live, mais l’étrange Branded (Dulerayn, 2012) semble déjà avoir fait le taf. En même temps, They Live est en soi un remake, donc…

mercredi 10 décembre 2014

The Breakfast Club (John Hugues, 1985)



Le pitch 
Cinq lycéens se retrouvent en retenue un samedi. Un athlète, un rebelle, une fille à papa, un geek et une freak. Sous la surveillance du professeur Vernon, ils doivent rédiger une dissertation sur un sujet pas si anodin que ça : « Qui pensez-vous être ? » 
Spoiler : à la fin, le rebelle emballe la fille à papa, la freak emballe l’athlète et le geek, qui n’emballe personne (normal, c’est un geek, plus tard il sera patron de Facebook ou de Google, je suppose que ça compense), rédige une dissertation commune en forme de pied de nez : « Nous sommes tous un athlète, une fille à papa, un rebelle, un geek et une freak. Sincèrement, signé : le Breakfast Club » 

Le casting dont on se souvient 

Bonjour bande de raclures de bidet,
je serai votre antagoniste pendant tout le film.
Paul Gleason, qui joue M. Vernon, le connard de surveillant, jouera souvent les connards puisqu’on le revoit en chef de la police dans Piège de cristal (Die Hard, McTiernan, 1988). Il parodiera même son rôle de Vernon dans le très mésestimé Sex Academy (Not Another Teen Movie, Gallen, 2001). 

 
Salut. J'suis quaterback, mais tu peux dire QB,
parce que c'est plus rapide à dire que quaterback.
Emilio Estevez était une des découvertes d’Outsiders (Coppola, 1983), le film qui a révélé Tom Cruise, Matt Dillon, Patrick Swayze, Rob Lowe… Dans les années 1980 il a connu un certain succès, mais on ne peut pas dire qu’on l’ait beaucoup vu récemment. Ce frère de Charlie Sheen (si !) est aussi bien connu outre-Atlantique pour être l’entraîneur de hockey dans Les Petits Champions (The Mighty Ducks, Herek, 1992). Le film a certainement moins marqué en France… 

Les scènes cultes 

T'as pas intérêt (à m'oublier), des Simples d'Esprit.
- Si une chose est culte dans ce film, même en France, c’est sa bande originale : Don’t You (Forget About Me), des Simple Minds, pour toujours associé aux mèches adolescentes des années 1980. 
"Bande de p'tits salopards ! Qui veut aller pisser ?"
 - Les scènes où les cinq ados font face à Vernon ont donné le la de toutes les confrontations de l’adolescence envers l’autorité en ambiance lycéenne (le rebelle à blouson assis sur son bureau, le geek qui prend des notes, la freak qui dessine au fond de la salle…). 
"Attends... mais t'es carrément plus hot que moi !"

"Ah, voilà, c'est mieux. Tu vas voir, le style Candy Crush, c'est complètement d'avant-garde !"

- La scène de transformation de la freak en nunuche rose bonbon, que le film nous décrit comme une sublimation du personnage alors que a) elle est nettement moins jolie comme ça, et b) c’est au contraire le triomphe du conformisme. Comme elle débouche en plus sur un baiser entre l’athlète et la freak, idée qui sort de nulle part (il n’y a eu aucune tension de séduction entre eux pendant tout le film), je trouve cette scène totalement abracadabrante. 

Et aujourd’hui, qu’est-ce que ça donne ? 
Bon, je vais avoir un problème, c’est que je m’attaque à John Hugues. Si ce nom ne vous dit rien, sachez que John Hugues est considéré comme le cinéaste qui a compris la jeunesse américaine. Il a réalisé The Breakfast Club, mais aussi La Folle Journée de Ferris Bueller (Ferris Bueller’s Day Off, 1986, qui a fortement inspiré une de mes séries cultes, Parker Lewis ne perd jamais), Une créature de rêve (Weird Science, 1985, dont la série Code Lisa est une adaptation)… bref, pour simplifier, c’est lui qui a inventé le teen movie. Le problème, c’est que je n’aime aucun de ces films. Je trouve les personnages de Hugues terriblement énervants, stupides, égoïstes et archétypaux au possible. Seulement… c’est aussi pour ça que Hugues est adulé : ces archétypes qu’on a vu cent mille fois ailleurs, c’est lui qui les a inventés. 

Mais revenons à The Breakfast Club. Il faut reconnaître une chose, le film comprend effectivement l’âge dont il parle. C’est un des premiers films à saisir et montrer le mal-être des ados américains, cette pression délirante de la société qui leur est tombée dessus depuis la libération des années 1960. Les cinq archétypes se méprisent par principe, jusqu’à ce qu’ils commencent à se découvrir des points communs. Leur soudaine proximité appelle des questionnements : maintenant, on est amis, mais lundi, quand la classe reprendra, est-ce que le rebelle ne me cassera pas la figure ? Est-ce que la princesse rose bonbon à ma droite me parlera ? 

Par ailleurs, le film est tellement fondateur que vous avez forcément vu, dans une série, un film ou un dessin animé, une bande de jeunes sur ce modèle. Les archétypes et leur interaction si classiques de la highschool à l’américaine, qu’on se traîne de Buffy contre les vampires à Daria, d’Angela, 15 ans à Glee… ils sont nés là, dans The Breakfast Club. Et une influence pareille, ce n’est pas négligeable. 

Surtout, Hugues fut le premier à aller au-delà de la différence, de la simple confrontation des modèles, pour montrer que l’adolescence était un moment difficile pour tout le monde, quel que soit son clan. L’ennemi, ce n’est pas le rebelle pour le geek, ni la princesse pour la gothique. L’ennemi, c’est la société qui essaie de vous formater, c’est the Man, incarné ici par le rigide professeur Vernon. Hugues reprendra cette idée dans Ferris Bueller, en plus loufoque. À l’époque, c’était tout simplement révolutionnaire. 
Mais voilà, vu d’aujourd’hui, le film accuse un rythme faiblard et des personnages si caricaturaux qu’ils en sont vides de toute substance. L’idée au-dessus est bonne, mais l’exécution difficilement supportable à nos yeux habitués à un peu plus de subtilité dans le traitement. En fait, je crois que ce qui m’empêche de vraiment aimer ce film, c’est que je n’étais pas ado dans les années 1980. Et qu’il semble que j’ai raté une expérience pas forcément drôle, mais clairement unique. Car plus personne ne sera ado dans les années 1980. 

Le bonus
Ah ben oui, va falloir vous le fader dans la caboche toute la journée. Sentez-moi comme ça dégouline d'années quatre-vingt !


mercredi 3 décembre 2014

Fright Night (Vampire, vous avez dit vampire ? Tom Holland, 1985)


Le pitch 
Le jeune Charley Brewster est tranquillement en train d’emballer sa copine dans sa chambre quand il voit par la fenêtre que Jerry Dandridge, son nouveau voisin, a des crocs et massacre des prostituées. Bien sûr personne ne le croit, il va donc faire appel à Peter Vincent, célèbre tueur de vampires télévisé, pour essayer de vaincre ce terrible adversaire. 
Spoiler : il arrive à le tuer et à sauver sa copine (mais pas son pote énervant, transformé en vampire au soulagement général – il est beaucoup plus intéressant à partir de là). À la fin, deux yeux rouges dans la chambre d’en face semblent signifier que en fait, le pote énervant n’est pas complètement mort. 

Le casting dont on se souvient 


Roddy McDowall, qui incarne le chasseur de vampire Peter Vincent (hommage à Peter « Van Helsing » Cushing et Vincent « je suis l’idole de Tim Burton, ça vous suffit pas ? » Price, deux immenses acteurs de films d’horreur), a une filmographie longue comme le bras. Il apparaît dans Le Jour le plus long, le Cléopâtre de Mankiewicz, La Planète des singes, il fait même la voix de M. Sol (le chambellan) dans 1 001 pattes



Chris Sarandon est l’ex-mari de Susan Sarandon. Et non, ce n’est pas lui qui a pris le nom de sa femme. Il est surtout connu pour son rôle du prince Humperdinck dans Princess Bride (dont je reparlerai certainement), et c’est lui qui double Jack Skellington dans L’Étrange Noël de monsieur Jack. Il fait même une apparition dans le remake de Fright Night de 2011. 

Les scènes cultes 


 - La scène où Ed attaque Peter Vincent reste en général dans les mémoires, grâce à l’usage de la croix qui lui scarifie le front, et à sa fuite presque cartoonesque. 



- La scène dans la boîte de nuit où Dandridge emballe Amy, à la fois pas du tout subtile et très finement jouée, puisqu’on devine l’état hypnotique dans lequel la jeune fille est mise sans que la mise en scène n’insiste lourdement dessus. Aujourd’hui on aurait sûrement des effets sonores et une voix-off à la con (d’ailleurs je n’ai pas vu le remake mais je suis quasi sûr que c’est ce qu’ils ont fait). 

 
- La scène finale où Amy s’est transformée en vampire à (très) grande bouche est définitivement une image classique du film d’horreur des années 1980. 

Et aujourd’hui, qu’est-ce que ça donne ? 
Ma cousine m’avait montré ce film alors que je devais avoir dix ans, et il m’avait complètement terrifié (alors qu’elle m’avait dit « mais non, c’est un film rigolo ! »). Pourtant, après l’avoir revu à tête reposée, il faut bien admettre qu’elle avait raison, c’est plus une comédie d’horreur. Mais qui n’oublie pas de poser une ambiance un peu angoissante. 
La mise en scène est convenable, parfois même élégante, et repose en grande partie sur la conviction des acteurs, notamment Chris Sarandon, assez impressionnant en vampire à la fois séduisant et menaçant. Le film parie beaucoup sur des effets visuels qui, pour l’époque, sont assez convaincants. On est bien avant l’ère du numérique, nous avons donc droit à des maquillages et animatronics plus ou moins réussis, mais parfaitement dans l’ambiance (le film rendant hommage aux séries Z des années cinquante). La scène de « détransformation » du loup garou est particulièrement impressionnante, quoique longuette. 
À l’arrivée, il s’agit sans aucun doute d’un bon film. L’ambiance est bien posée, l’intrigue intéressante (même si on a parfois envie de claquer certains personnages, notamment l’abominable copain « Evil » Ed). Le scénario mélange finalement Dracula et Fenêtre sur cours, un cocktail curieux qui fonctionne plutôt bien. Et à l’époque, les adaptations modernes du mythe vampirique n’étaient pas si courantes. Le Hollywood des années 1980 passera une grande partie de son temps à réinventer son bestiaire fantastique, et cette version du vampire ne détonne absolument pas au milieu des gremlins et autres spectres. 

Le bonus
Il y a eu un remake de Fright Night en 2011 avec Colin Farrell. J'aime bien Colin Farrel, mais la bande-annonce laisse deviner une redite tape-à-l'œil, bourrée de jump scare (bouh !). Mais je ne l'ai pas vu, peut-être vaut-il le coup. 


mercredi 26 novembre 2014

Police Academy (Hugh Wilson, 1984)


Le pitch 
L’Académie de police a décidé d’ouvrir ses inscriptions à tous, sans distinctions de sexe ou de formation. Du coup tous les souffre-douleurs du secteur se découvrent une vocation de flic. Pour Carey Mahoney, envoyé là en punition d’actes délictueux, c’est une peine de prison. Pour les autres, la perspective de changer de vie. Malheureusement ils se retrouvent tous sous la tutelle du lieutenant Harris, une peau de vache bien déterminée à les dégoûter. 
Spoiler : à la fin, ils sont tous diplômés et Mahoney est même récompensé pour avoir sauvé la vie de Harris pendant une émeute. Il emballe aussi la fille, et le commandant est rassuré de voir qu’il n’est pas gay. Parce qu’on veut bien accepter des noirs, des femmes, des nains, des incapables, des psychotiques, mais on va quand même pas laisser des pédales devenir flics ! 

Le casting dont on se souvient 


Qui se souvient de Steve Guttenberg, l’acteur incarnant Mahoney, le héros du film ? Pas grand monde, à part ceux qui ont suivi la saison 2 de Veronica Mars
Le gigantesque Bubba Smith (Moses Hightower) était surtout connu comme joueur de football américain. Étonnamment, il est un des acteurs les plus convaincants du film. 
George Gaynes (Eric Lassard) est une figure emblématique de la série, mais est aussi très connu pour son rôle de Henry Warnimont dans Punky Brewster


Kim Cattral (Karen Thomson, mais on l’appellera pudiquement « la fille »), apparaît aussi dans Big Trouble in Little China (Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin), dont je reparlerai très certainement dans cette chronique. Et bien sûr, bien des années plus tard, dans Sex and the City

Les scènes cultes 


- Toutes les scènes avec Larvell Jones, incarné par Michael Winslow. Il ne sait faire qu’une chose, imiter des effets sonores, mais il le fait très bien, et c’est souvent drôle. 


- La scène délicieusement macho où l’officier Callahan défonce le cadet Barbara à coup de pelvis dans la face. 


- La scène où les deux crétins aux ordres de Harris se retrouvent coincés au Blue Oyster, un bar gay-cuir-moustaches. Franchement de mauvais goût. 

Et aujourd’hui, qu’est-ce que ça donne ? 
Euh… comment dire ? Police Academy fut l’un des grands éclats de rire des années 1980. C’était con, potache et ça tournait en dérision un corps d’État plutôt mal vu en pleines années Reagan, que demandait le peuple ? Ben… plus encore, de toute évidence, puisque ce film a connu pas moins de sept suites ! Même pour Hollywood, c’est énorme ! 
Pourtant, ce n’est franchement pas terrible. Les gags sont poussifs, les personnages mal exploités, pas approfondis, la plupart du temps réduits à des archétypes (le gros, le nerd, le costaud…) qui ne vont même pas au bout de leurs idées. 
Le principe était de faire un film choral de sympathiques losers, mais au final on a du mal à s’attacher aux personnages. La plupart sont surtout des crétins surréalistes, souvent avec un mauvais fond. Seuls Hightower (le gentil géant), Tackleberry (le fou des flingues qui a probablement été refusé chez les marines) et Hooks (la petite bonne femme trop gentille) trouvent un peu grâce à mes yeux. Même Mahoney, supposé être un sympathique lascar en butte avec l’autorité, est plus agaçant qu’autre chose. 
Et surtout, c’est vulgaire ! On est dans une sorte d’American Pie: Origins, avec des blagues sur la fellation, sur les gros flingues, et un humour carrément homophobe par moment (à l’époque ça m’avait sûrement fait rire mais aujourd’hui ça sonne très déplacé). Reste un thème musical immédiatement reconnaissable et qui, à mon avis, pète la classe. 

Le bonus
En 1988, il y a eu une série animée adaptée de la série de films. Étant destinée aux enfants, elle virait tout l'aspect vulgos et, finalement, s'avérait bien plus regardable que les longs-métrages eux-mêmes. Et puis écoutez-moi ce rap de merde en générique, alors que le thème principal du film est génial...





Bienvenue dans les eighties

Bonjour à tous. 
Ça faisait un moment que je voulais relancer ce blog, sans trop savoir comment m’y prendre. La critique de films récents ne me motivait plus trop, surtout que j’avais moins le temps d’aller au ciné. 

Mais je me suis récemment repenché vers quelques (plus ou moins grands) classiques des années 1980, et je les ai redécouverts avec mes yeux de trentenaire fatigué. Certains sont mieux que dans mon souvenir, d’autre moins, alors je vous propose une petite chronique hebdomadaire où j’analyse un vieux classique des eighties. 

Quelques règles de base (si je ne me donne pas de contraintes je vais m’ennuyer) : 
- Je ne parlerai que de films sortis entre 1980 et 1989 (même si à mon avis la période « années 1980 » de Hollywood va des Dents de la mer à Jurassic Park – ce qui en dit long sur l’esprit qui règne dessus à l’époque). 
- Je ne parlerai que de films américains, cette période hollywodienne étant fascinante en soi, avec le retour des films de genre (horreur, SF, fantastique…). 
- Je ne parlerai que de films dont l’intrigue prend place dans les années 1980 (pas d’Aliens, Retour du Jedi ou Secret de la pyramide, donc). 
- Je verrai les films en version originale. Même si je sais qu’une grande partie du charme de ces films venaient de leurs doublages et des voix inoubliables des comédiens français de l’époque, j’ai envie de les redécouvrir pour les œuvres telles qu’elles ont été découvertes par leur public cible. 
- Je chroniquerai un film par semaine, parce que je ne pourrai pas faire plus. 

Et on commence aujourd’hui avec… Police Academy.

mardi 21 janvier 2014

Julien a vu… The Lunchbox



Vu le 14 janvier 2014
Pour raviver la flamme de son mari accro au travail, Ila décide de lui faire livrer de bons petits plats préparé sur les conseils de sa voisine invisible. Seulement voilà, le service de livraison n’étant pas un modèle d’organisation, le colis ne trouve pas son destinataire et c’est Saajan Fernandes, un vieil homme acariâtre, qui reçoit la « lunchbox » destinée à l’époux. Une correspondance étrange, drôle et émouvante se noue alors entre la belle délaissée et le futur retraité.
Tiens, une comédie romantique indienne qui se passe à Bombay… d’emblée, si vous avez deux sous de culture orientale, vous imaginez des sarabandes endiablées sur d’improbables musiques à base de « nanana dintac nanananana dintac », des couleurs délirantes et un surjeu de comédiens à faire passer Jim Carrey pour un moine franciscain sous Prozac. Eh ben pas du tout ! Vous pouvez oublier tout le délire Bollywood, ici tout est calme et posé, et l’humour présent doit bien plus à une comédie romantique anglaise, même si la culture décrite est indéniablement indienne. La qualité du film doit beaucoup à son décor, la populeuse Bombay, et à ses deux comédiens principaux, la belle et émouvante Nimrat Kaur et le digne et pince-sans-rire Irrfan Khan*. Leur relation épistolaire, parenthèse de liberté quotidienne qui permet enfin, à l’un comme à l’autre, d’exprimer leur mal-être et leurs aspirations cachées, est le cœur du film dans tous les sens du terme. Chacun en ressortira changé en mieux, même si le film se termine au moment où un film hollywoodien attaquerait sa dernière partie.
Et là, on ne va pas spoiler la fin, parce qu’en fait on est plusieurs à l’avoir comprise différemment. Il faut dire que les films hollywoodiens de ces dernières années ont tendance à bien souligner les faits qu’il faut comprendre (et à passer sous silences les absurdités), et un spectateur peu attentif comme moi ne comprendra pas forcément de suite le message final (pourtant évident dès que l'on me l'a expliqué, je suis donc un imbécile). Le film n’est reste pas moins excellent sur toute sa longueur. Le réalisateur s’amuse, en jouant notamment sur les ambiances interrompues brusquement, prouvant qu’il maîtrise parfaitement son langage cinématographique**. On trouve bien parfois une volonté d’expliquer certaines situations (comme le fait que la famille de la femme ne peut se permettre de demander de l’argent à celle du mari), qui doivent sûrement plus à l’exportation du film qu’à l’exploitation sur le marché purement indien***.
Mais cela ne fait pas un défaut, ni même une faiblesse dans cette comédie brillante et pleine d’émotions. Ce genre d’émotions que l’on n’affiche pas vulgairement, mais de celles rentrées, pudiques, sublimes. Un très beau moment, aussi drôle qu’attachant.
The Lunchbox, Ritesh Batra, 2013
* Que le public occidental aura pu découvrir dans Life of Pi, dans Darjeeling Limited, dans Slumdog Millionaire… oui, dans tous les films qui se passent en Inde en fait.
** Iil s’agit apparemment du premier film de Ritesh Batra, et pour un premier c’est un beau coup de maître.
** Ceci dit, l’Inde est un État vaste et à la hiérarchie sociale étroitement cloisonnée (peut-être même plus qu’en France, c’est dire), il est possible que je me trompe.

mercredi 15 janvier 2014

Julien a vu… La Reine des neiges



Vu le 12 janvier 2014
Les souverains du royaume d’Arendel ont deux filles, Elsa et Anna. La première, dotée de pouvoirs extraordinaires, est contrainte de garder la chambre pour ne pas blesser ses proches (l’école du professeur Xavier n’ayant pas encore ouvert de succursale arendelloise). Las, les parents meurent (c’est jamais bon d’être parent dans un Disney) et la princesse, une fois en âge de monter sur le trône, doit affronter la foule. La journée tourne mal et la voilà en fuite, laissant derrière elle un royaume en proie à des neiges qu’on dirait éternelles. Sa sœur s’en va donc à sa recherche.
Après une longue traversée du désert, les studios Walt Disney Animation étaient revenus sur le devant de la scène grâce à un Raiponce qui renouait avec la grande époque. Si le rendu était en 3D, le film s’inscrivait clairement dans la lignée de ces « grands classiques » 2D type Aladdin et autres Belle et la Bête, avec une épopée romantique et échevelée (ha, ha) remise au goût du jour, des personnages charismatiques en diable et une méchante grandiose. On les sentait bien partis, malgré le plutôt décevant Les Mondes de Ralph. Et… ben c’est pas encore tout à fait ça !
Cette Reine des neiges n’est pas exempte de qualités, loin de là. Déjà, il est beau. Il est même sublime : les images de neige et de glace, fatalement au cœur de l’intrigue, les paysages, les bâtiments, tout est magnifique. Les designs des personnages, bien que très classiques (et calibrés pour le merchandising), sont également attachants. Certains passages sont carrément étourdissants, notamment le point culminant du film : la très belle scène où Elsa chante sa liberté retrouvée (belle esthétiquement, hein, parce que musicalement… j’y reviendrai). Quant à l’intrigue, si elle démarre très mal avec une héroïne plutôt antipathique et un scénario boiteux*, elle se retourne plutôt intelligemment en cours de route pour aboutir à un final assez réussi (mais oubliez jusqu’à l’idée de retrouver le conte d’Andersen, hein, c’est vraiment pas le sujet ici).
Au niveau des idées énervantes, on notera un sidekick inutile en la personne du bonhomme de neige Olaf, dont les interventions sont drôles (le personnage étant interprété en douceur, totalement à contre-pied de ce à quoi ce genre de faire-valoir nous a habitués) mais toujours calées au mauvais moment**. Et surtout ça chante, mais ça chante… horriblement. Les studios ont fait le pari de la pop, comme dans Raiponce. Seulement les chansons de Raiponce servaient le propos et n’étaient jamais envahissantes. Mieux, elles étaient parfois gentiment ironiques (J’ai un rêve, notamment, qui était plus une parodie de chanson Disney qu’autre chose). Ici, non seulement l’aspect musical est très limite (voire foireux), mais en plus les textes sont aberrants. Le thème de l’héroïne (Anna), Le Renouveau, revient plusieurs fois, et à aucun moment le concept de « renouveau » n’a de sens dans le contexte (les paroles anglaises, For the First Time in Forever, est beaucoup plus cohérent).
À la décharge du film, la VF détruit une grande partie de l’intérêt de ces chansons, Emmylou Homs et Anaïs Delva gueulant un peu trop leurs partitions pour les rendre agréables (Kristen Bell et Idina Menzel s’en sortent beaucoup mieux en VO, où les chansons ont carrément plus de pêche). Seulement voilà, le film étant ouvertement axé « gamins »***, aucune salle parisienne n’a jugé bon de le programmer en anglais, je me le suis donc fadé en français, et j'ai moyennement apprécié.
La Reine des neiges, Chris Buck et Jennifer Lee, 2013

* « Votre fille dispose d’un grand pouvoir, mais elle doit apprendre à s’en servir car il pourrait être dangereux.
    Très bien, nous allons l’enfermer dans sa chambre pour toujours et lui interdire de les utiliser et de les mentionner à qui que ce soit.
    Super, faites donc ça, je ne vois pas comment ça pourrait mal tourner. Nous on peut pas vous aider de toute façon, on est très occupés à kidnapper des enfants et à chanter des conneries sur l’amour. »
** Quand on installe une course contre la montre parce que son personnage principal est en train de crever, on n’essaie pas de faire marrer l’audience avec des pirouettes débiles. C’est contreproductif. Je devrais pas avoir à l’expliquer à un studio qui a 90 ans d’animation derrière lui !
*** « De 6 à 9 ans », affichait le cinéma. D’ailleurs les pubs avant le film étaient clairement destinées aux mères amenant leurs gamins.