mardi 8 octobre 2013

Julien a vu… Riddick



Vu le 5 octobre 2013
Trahi par les Necromongers, Riddick se retrouve seul, abandonné sur une planète hostile. Après avoir démonté quelques monstres errants et apprivoisé un dingo mutant, il tombe sur un refuge de mercenaires et « appelle un taxi ». C’est-à-dire montre sa bobine au scanner, diffusant son beau visage recherché mort ou vif à tous les chasseurs de primes du secteur, qui débarquent illico. Riddick va-t-il s’en sortir ?
La saga Riddick est un cas à part du cinéma hollywoodien. Le premier volet, Pitch Black, est un excellent survival* où des naufragés doivent survivre sur une petite planète écrasée de soleil alors que des monstres les menacent. Le film avait notamment révélé Vin Diesel, peu connu à l’époque, et le réalisateur David Twohy avait rapidement annoncé une trilogie mettant en scène son personnage de dur à cuire recherché, avec en prime un principe original : chaque film aura son propre style. Il avait d’ailleurs transformé l’essai avec Les Chroniques de Riddick, équivalent spatial d’un Conan le Barbare : un space opera très ambitieux dont les résultats en salles furent catastrophiques**.
Alors, ce troisième film, quel est son genre ? Eh bien c’est difficile à dire, mais je pense que Twohy et Diesel ont essayé de nous proposer un western. Après une première demi-heure solitaire où Riddick se soigne, apprend à gérer la sympathique faune locale et se balade avec une hyène (c’est une bonne idée de faire copain avec une hyène, comme ça personne t’emmerde… qui est-ce qui disait ça déjà ? sûrement un type intelligent), arrivent les chasseurs de primes, faisant décoller l’intrigue pour de bon. Deux équipes de mercenaires, très différentes, qui mettent en place une dynamique sympa : d’un côté les gros bourrins bas du front, de l’autre les soldats suréquipés et disciplinés. Riddick devient alors une sorte de croquemitaine qui va jouer avec eux jusqu’à pouvoir piquer un de leurs vaisseaux.
Puis, malheureusement, ça quitte ces eaux pour partir sur un pseudo-remake de Pitch Black, en moins bien. Comme si, de peur de réitérer le four des Chroniques…, Twohy avait décidé de rajouter des éléments de son meilleur film pour plaire aux fans. Une pusillanimité qui ne fait pas honneur au réalisateur, et qui gâche un peu l’intérêt cinématographique du film. Mais qui, au final, n’en pourrit pas le visionnage. Car chaque passage fonctionne plutôt bien pour peu qu’on rentre dans l’intrigue, Vin Diesel (en VO) reste une boule de charisme***. Cette dernière partie, retour au survival, tourne plutôt bien et satisfera ceux qui n’attendaient pas de fulgurances du film. Mais on reste très loin de Pitch Black.
Riddick, David Twohy, 2013
* Un survival, comme son nom l’indique, c’est un film où le héros essaie de survivre. Contre n’importe quoi. Ça va d’Alien à Deliverance, en passant par la grande majorité des films de zombis et de bestioles voraces.
** Ce qui est bien dommage d’ailleurs, car je pense que le film, bien que perfectible, valait beaucoup mieux que ça. Ceci dit, si vous ne devez voir qu’un seul opus de la saga, matez Pitch Black, c’est de la balle !
*** Et si vous n’avez jamais entendu Vin Diesel en VO, trouvez-vous un extrait, ce type donne un sens tout à fait inédit au mot « rocailleux ».

vendredi 4 octobre 2013

Julien a vu… Blue Jasmine



Vu le 28 septembre 2013
Jasmine a le blues. Il faut dire qu’elle tombe de haut : elle qui vivait dans le luxe grâce à son brillant homme d’affaires de mari, elle découvre coup sur coup qu’il la trompe et qu’il est un escroc. Au fond du trou, la voilà contrainte d’aller vivre chez Ginger, sa sœur de San Francisco, au milieu du bas-peuple, et d’y affronter sa dépression tout en rageant contre cette insupportable plèbe qui tente de l’intégrer.
C’est l’automne, les feuilles tombent, les marrons poussent, les palombes redescendent vers le sud-ouest et le nouveau Woody Allen sort en salles. Comme le réalisateur en a pris l’habitude ces dernières années, son nouveau film s’inscrit dans une nouvelle culture bien loin du New York des origines. Après l’Angleterre (Match Point, Scoop, Cassandra’s Dream), l’Espagne (Vicky Cristina Barcelona), l’Italie (To Rome with Love), la France (Paris by Night), voici San Francisco, la ville des bobos américains*. Sur fond de choc des cultures (voire de lutte des classes), Woody nous fait suivre l’insupportable Jasmine, femme hautaine, élitiste, toute de mépris envers la plupart des barreaux de l’échelle sociale qui doit faire face à sa dégringolade. Et si le personnage constitue le principal intérêt du film, c’est en grande partie grâce à une interprète impeccable : Cate Blanchett.
On en fait souvent des caisses sur les performances des actrices, mais il faut le reconnaître, Blanchett tient le film sur ses épaules. Du haut de ses talons, droite dans son complet Hermès, accrochée à ses sacs Louis Vuitton, Jasmine est une garce froide tremblant perpétuellement d’indignation face à ce que le destin ose lui faire subir. Si les autres interprètes sont parfaits (avec une petite mention à Sally Hawkins, alias Ginger, la prolo qui accueille humblement cette sœur si différente qu’elle admire à l’évidence, et à Bobby Cannavale, le copain d’icelle, assez touchant face au bouleversement qui s’ensuit), on retiendra aussi l’autre moitié du couple de Jasmine, Hal, l’escroc infidèle joué par Alec Baldwin**.
On se retrouve finalement avec, sinon un grand film, un bon film, bien mené, dont on ne gardera pas un souvenir intense mais plutôt une fascination, voire une détestation bien ancrée pour le personnage principal***. C'est toujours ça.
Blue Jasmine, Woody Allen, 2013
* Un des points amusants du film est que la majorité des gens qu’on y croise sont gentils. Même les ex de Ginger sont plutôt cool, et quand Chili vient faire une scène au supermarché où elle travaille, son patron lui propose d’aller se reposer dans son bureau.
** De toute façon quand vous voyez Alec Baldwin débarquer dans un film, vous savez qu’il va faire une saloperie. C’est une règle de base à Hollywood d’ailleurs : méfiez-vous des Baldwin (Alec, Stephen, William, Daniel, Adam… ah non, pas Adam, il n’a rien à voir avec la famille en fait) !
*** Vous avez déjà croisé une vieille folle en train de parler toute seule sur un banc public ? Ben ce film est sur elle.