vendredi 4 octobre 2013

Julien a vu… Blue Jasmine



Vu le 28 septembre 2013
Jasmine a le blues. Il faut dire qu’elle tombe de haut : elle qui vivait dans le luxe grâce à son brillant homme d’affaires de mari, elle découvre coup sur coup qu’il la trompe et qu’il est un escroc. Au fond du trou, la voilà contrainte d’aller vivre chez Ginger, sa sœur de San Francisco, au milieu du bas-peuple, et d’y affronter sa dépression tout en rageant contre cette insupportable plèbe qui tente de l’intégrer.
C’est l’automne, les feuilles tombent, les marrons poussent, les palombes redescendent vers le sud-ouest et le nouveau Woody Allen sort en salles. Comme le réalisateur en a pris l’habitude ces dernières années, son nouveau film s’inscrit dans une nouvelle culture bien loin du New York des origines. Après l’Angleterre (Match Point, Scoop, Cassandra’s Dream), l’Espagne (Vicky Cristina Barcelona), l’Italie (To Rome with Love), la France (Paris by Night), voici San Francisco, la ville des bobos américains*. Sur fond de choc des cultures (voire de lutte des classes), Woody nous fait suivre l’insupportable Jasmine, femme hautaine, élitiste, toute de mépris envers la plupart des barreaux de l’échelle sociale qui doit faire face à sa dégringolade. Et si le personnage constitue le principal intérêt du film, c’est en grande partie grâce à une interprète impeccable : Cate Blanchett.
On en fait souvent des caisses sur les performances des actrices, mais il faut le reconnaître, Blanchett tient le film sur ses épaules. Du haut de ses talons, droite dans son complet Hermès, accrochée à ses sacs Louis Vuitton, Jasmine est une garce froide tremblant perpétuellement d’indignation face à ce que le destin ose lui faire subir. Si les autres interprètes sont parfaits (avec une petite mention à Sally Hawkins, alias Ginger, la prolo qui accueille humblement cette sœur si différente qu’elle admire à l’évidence, et à Bobby Cannavale, le copain d’icelle, assez touchant face au bouleversement qui s’ensuit), on retiendra aussi l’autre moitié du couple de Jasmine, Hal, l’escroc infidèle joué par Alec Baldwin**.
On se retrouve finalement avec, sinon un grand film, un bon film, bien mené, dont on ne gardera pas un souvenir intense mais plutôt une fascination, voire une détestation bien ancrée pour le personnage principal***. C'est toujours ça.
Blue Jasmine, Woody Allen, 2013
* Un des points amusants du film est que la majorité des gens qu’on y croise sont gentils. Même les ex de Ginger sont plutôt cool, et quand Chili vient faire une scène au supermarché où elle travaille, son patron lui propose d’aller se reposer dans son bureau.
** De toute façon quand vous voyez Alec Baldwin débarquer dans un film, vous savez qu’il va faire une saloperie. C’est une règle de base à Hollywood d’ailleurs : méfiez-vous des Baldwin (Alec, Stephen, William, Daniel, Adam… ah non, pas Adam, il n’a rien à voir avec la famille en fait) !
*** Vous avez déjà croisé une vieille folle en train de parler toute seule sur un banc public ? Ben ce film est sur elle.

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