jeudi 20 juin 2013

Julien a vu… After Earth



Vu le 19 juin 2013
Après avoir empoisonné la terre/dû s’en exiler à cause des aliens/en être chassés par une nature devenue hostile (choisissez), les humains ont colonisé les étoiles et développé une armée spécialement entraînée à ne pas ressentir la peur. Mais le général Cypher Raige, inventeur de la technique et héros de guerre, se retrouve sur la planète maudite suite à un crash. Il est blessé et son fils est la seule personne sur laquelle il peut se reposer pour aller chercher une balise à cent kilomètres de jungle de là.
J’ai été un grand fan de M. Night Shamalayalayan. J’adore Sixième sens, Incassable, et même Signes et Le Village (pourtant plus discutables). Mais quand on a vu La Jeune Fille de l’eau et, surtout, l’imbuvable Phénomènes, ça vous dégoûte un peu du bonhomme. Au point que je n’étais plus allé le voir en salle. Mais les fours successifs ont paraît-il forcé le réalisateur à mettre de l’eau dans son vin, et l’occasion de le voir mettre en scène un acteur aussi charismatique que Will Smith m’a incité à lui laisser une nouvelle chance. Et… bon, prenons les choses dans l’ordre.
L’œuvre est bien filmée, possède une prémisse claire et (un peu trop) simple : le fils de Raige doit franchir les cent kilomètres qui le séparent de la balise avant que son père ne calanche. Bien sûr il y a des monstres, des épreuves, le moyen de communication n’attend qu’une occasion de tomber en panne, le croquemitaine qu’ils transportaient dans le vaisseau rôde aux alentours… on ne sera jamais vraiment surpris par le film, mais on ne peut pas dire qu’il soit mal filmé*.
Les créatures alien chassent les humains en se guidant sur leur peur. Will Smith incarne donc un militaire stoïque qui a appris à chasser toute peur, et en fait toute émotion de son esprit. Un père dur, inflexible, à la limite de la psychopathie, vers lequel le fils porte un regard admiratif sans ambiguïté. C’est une des idées du film : pour devenir un homme, un protecteur, il faut surmonter la condition d’homme. Vaincre la peur, c’est vaincre en même temps toutes les émotions et se couper en quelque sorte du reste de l’humanité. Ce n’est pas nouveau, ni même original au cinéma (ça fait mal de référencer ça mais… même la prélogie Star Wars tentait d’aborder ce thème à travers les personnages d’Obi-Wan et Anakin).
Et je comprends cette idée. C’est un concept très intéressant, important, crucial même pour comprendre certains aspects de la société. Il soulève notamment cette question : si pour survivre l’humanité doit perdre son humanité, on est face à un paradoxe assez désagréable, qui sous-entend que les soldats sont des personnes dont la société sacrifie l’humanité pour une cause plus grande. Le film aimerait aborder ce sujet, il essaie d’apporter des nuances (notamment avec la scène – relativement ridicule – du nid du rapace**). Seulement il n’arrive pas à être clair vis-à-vis de ces idées (entre autres à mon avis parce qu’il n’a qu’à moitié conscience qu’il est en train de les traiter). En outre, on note un absent de marque dans un film où seulement deux acteurs se donnent la réplique : le charisme. Jaden Smith n’en a aucun et, bizarrement, Will Smith non plus ! Leurs personnages sont également insupportables, chacun à sa manière extrême : Will est trop psychotique, Jaden trop geignard, et on a du mal à souhaiter que l’un apprenne de l’autre tant les deux gagneraient à crever.
Et là se pose la question du choix de Will Smith. Il y a des comédiens qui ne sont pas simplement de bons acteurs, ce sont des vecteurs de cool. Des mecs qui, insérés dans un film, multiplient instantanément le niveau de cool du film par dix***. Mais ici, Smith passe le film assis, le visage fermé, chassant toute émotion. Ce qui est cohérent dans l’histoire, mais qui en termes de jeu d’acteur limite quand même beaucoup les effets. L’explication apparaît lors du générique de fin. « Histoire : Will Smith ; producteurs : Will Smith et Jada Pinkett Smith (sa femme et mere de Jaden) ». De là à conclure que ce n’est pas Shayalahammam qui a voulu bosser avec les Smith, mais les Smith qui ont choisi Shayamarmeladaman pour réaliser un joli tremplin pour la carrière de leur progéniture…
After Earth, M. Night Shaylamanamanamn, 2013
* Même si, comme vous l’aurez remarqué, le script a des nuances de jeu vidéo : on finit le niveau de la jungle, on combat un boss, on arrive au niveau de la chute d’eau, on combat un boss, etc. Ça plus quelques astuces scénaristiques ad hoc assez foireuses (la chute brutale de température la nuit qui force à trouver un abri, le rapace…) ne jouent pas en faveur du film.
** On y notera également une autre grande faiblesse, récurrente celle-là, des films de Shamallow : les images de synthèse foireuses. Souvenez-vous de la fin de Signes et de son extraterrestre tout pourri dont la seule vision cassait instantanément la force de la scène. Ben là c’est pareil. Les effets « physiques » sont impeccables, mais sitôt qu’on part sur du numérique ça merdoie.
*** Bill Murray, Vince Vaughn, Bruce Campbell, Kevin Smith… et Will Smith. Ça ne transforme pas les navets en bons films, mais ça en améliore incomparablement certaines scènes.

2 commentaires:

  1. Zut alors, moi qui avait été cueilli par la bande annonce, je suis refroidi. C'est un film qui finira télé... sur mon ordi.

    C'est si plat que ça?

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  2. En fait, bizarrement, je pense que c'est un film qui aura ses fans inconditionnels. Pour peu qu'on soit indulgent envers Shyamalan (yes !) et le jeu des Smith, on peut y trouver plein d'idées intéressantes. Mais pour moi il y a vraiment trop de trucs qui pèchent, et les concepts audacieux ont l'air d'être là par hasard.

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