samedi 29 juin 2013

Julien a vu... Despicable Me 2



Vu le 27 juin 2013
Le super méchant Gru est désormais un brave père célibataire, gardien attentif des petites Margo, Edith et Agnes et décidé à lancer une entreprise de confitures et gelées pour toute la famille. C’est alors qu’il est contacté par l’Anti-Villain League via l’agent Lucy Wilde qui lui propose de mettre sa connaissance du monde des vilains pour sauver le monde. Bien sûr, il refuse, puis il accepte et met toute sa connaissance et ses minions au service du bien. Et puis au début, il n’aime pas Lucy, puis il l’aime.
Le premier Moi, moche et méchant* était à moitié raté. Ce n’est pas une critique amère : il était aussi à moitié réussi. L’aspect parodique, l’humour, la relative nouveauté des « minions » (même s’ils sont clairement calqués sur les Lapins Crétins) assuraient un rythme de comédie acceptable, sinon génial. Il souffrait néanmoins d’un gros défaut d’écriture : les scénaristes ne savaient de toute évidence pas quoi faire de leur personnage principal. Gru est mal conçu. Graphiquement, il est une parodie de grand méchant de James Bond type Blofeld (qui avait déjà inspiré le docteur Denfer dans Austin Powers). Donc plutôt le genre de vilain à fomenter des plans mégalomanes dans son antre maléfique, puis à envoyer des hommes de main faire le sale boulot à sa place.
Seulement le scénario en fait un homme d’action, allant lui-même sur le terrain, bizarrement seul alors qu’il dispose d’une armée de minions (certes peu efficaces mais au moins nombreux). Comme en plus Steve Carell le double avec un faux accent russe qui se veut machiavélique et que le script nécessite d’en faire un méchant mais pas trop, puisqu’il doit s’attacher aux gamines, le personnage n’arrive jamais à réellement exister (à cent coudées derrière Megamind, par exemple, pourtant pas exceptionnel mais au moins cohérent dans sa démarche).
Cette suite hautement dispensable reprend les mêmes défauts, en pire, et brise définitivement l’intérêt qu’aurait pu avoir le personnage en lui faisant subir des revirements sentimentaux aussi brusques qu’absurdes. Gru est supposé être un dur : le voir changer de camp puis tomber amoureux en cinq sec, au détour d’une scène, juste parce que c’est écrit dans le script, relève d’une fainéantise d’écriture impardonnable. L’intrigue accumule de plus tous les clichés possibles et imaginables, rendant le film épouvantablement prévisible**.
En outre, le film appartient à cette catégorie aberrante des parodies qui oublient qu’elles sont supposées parodier des choses, ce qui réduit l’humour à des gags de situation vus et revus mille fois. Les minions arrachent bien un sourire quelquefois*** mais dans l’ensemble, si vous avez plus de douze ans, vous aurez du mal à vous extasier devant ce film rigoureusement sans intérêt. Que dit la chanson déjà ? « I’m having a bad bad day, it’s about time that I get my way, steam rolling whatever I see, huh, despicable me! I’m having a bad bad day, if you take it personal that’s ok, watch this is so fun to see, huh, despicable me! » Oui. Despicable you!
Despicable Me 2, Pierre Coffin et Chris Renaud, 2013
* Bizarrement, on a échappé à « Méprisable Gru » ou autre insertion du nom du héros dans le titre. C’est beau de voir certaines traditions de traduction disparaître lentement.
** Elle introduit notamment Lucy, un personnage féminin qui aurait pu être attrayant si elle avait été mieux exploitée. Honte suprême aux scénaristes qui osent transformer cette agente secrète un peu fofolle mais efficace en pauvre demoiselle en détresse, sans aucun recul parodique. Je pensais que ce genre de cliché foireux était définitivement tombé aux oubliettes.
*** D’ailleurs, en VO, les minions parlent avec un accent français assez marrant (notamment un très joli « Poulet tikka massala » qui m’a bien fait rire). C’est probablement dû au nombre étonnant de Français impliqués dans la réalisation du film (Pierre Coffin, le coréalisateur, est d’ailleurs un gars d’chez nous). Ouais, pavoisez pas, y a pas de quoi être fier !

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