jeudi 1 août 2013

Julien a vu… Now You See Me



Vu le 25 juillet 2013
Les « quatre cavaliers » sont des magiciens à grand spectacle. Encore inconnus du grand public il y a un an, ils ont monté un show exceptionnel et se payent le luxe de cambrioler en direct, devant un public en liesse, une banque française. Bien sûr ils se mettent le FBI et Interpol à dos, mais allez donc prouver qu’une banque a été cambriolée par magie !
Voilà un film qui démarre très, très fort ! Casting quasi sans faute*, début original et développement intéressant… Louis Leterrier, triste émule de Luc Besson recueilli par Hollywood**, aurait-il enfin trouvé un thème à sa mesure ? Bien sûr il filme un peu cut, avec sa caméra qui bouge tout le temps pour faire style, mais l’intrigue parvient à retenir l’attention. Pendant une bonne première moitié du film.
Parmi les bonnes idées, celle de ne pas suivre en permanence les magiciens mais les enquêteurs. Lorgnant vaguement du côté d’un Zodiac ou d’un Arrête-moi si tu peux, le film suit plus les investigations des policiers que celle des cambrioleurs. L’intrigue bricole des méandres et des tournants complexes, nous rabâchant sans cesse que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être, que la magie est un art de la diversion… bref, on est prévenus assez tôt : c’est un film à twist, la fin va nous laisser sur le cul par sa résolution de ouf malade.
Ben pour le coup c’est réussi. Rarement une résolution d’intrigue m’aura autant assis. Rarement une montée en puissance aura accouché d’une explication aussi débile, aussi crétine, aussi absurde. L’intégrale de Lost et d’Alias, Prometheus, Da Vinci Code et Le Choc des Titans réunis, fondus en une grosse masse de chaos scénaristique, aurait du mal à égaler la connerie abyssale de la conclusion de ce film***. C’est tout simplement du foutage de gueule. On imagine la séance d’écriture avec Louis Leterrier et le scénariste Ed Solomon (le mec qui avait écrit les scripts de Super Mario Bros, Men in Black et Charlie’s Angels – qualité, quand tu nous tiens !) :
« Et là les mecs en fait ils trahissent leur pote ! En fait on peut jamais savoir ce qu’ils veulent parce qu’ils brouillent les pistes tout le temps !
— Ouais génial ! Mais en vrai ils veulent quoi ?
— On sait jamais ! Ils arnaquent trop, on peut pas deviner !
— Oui d’accord, mais à la fin, il faut bien qu’on l’explique aux spectateurs. Le secret, la raison, la résolution, la chute quoi ! C’est quoi ?
— Mais on sait paaaas !
— D’ACCORD, j’ai compris, mais à la fin on dit qu… attends. En fait… tu sais VRAIMENT pas, c’est ça ?
— Ben non, personne sait ! C’est cool, hein ?
— Écoute-moi bien trou du cul, tu vas m’inventer une résolution logique, convenable et réaliste dans les cinq minutes, sinon je te colle au scénar de La Fureur des Titans avec pour consigne de rétablir la cohérence avec les deux premiers films !
— … quand tu dis “logique et réaliste”…
— Oui non mais je sais, fais ce que tu peux hein ! »
Ben c’est moyen moins.
Now You See Me, Louis Leterrier, 2013
* Le casting est impressionnant sur le papier, mais aussi à l’écran : le quatuor Eisenberg/Harrelson/Fisher/Franco fonctionne étonnamment bien, Mélanie Laurent donne une prestation épatante (alors que les Françaises jouant dans les films américains ont tendance à foirer leurs interprétations), Morgan Freeman tient bien la barre… seul Michael Caine (sans doute le seul à avoir lu le script jusqu’au bout) semble avoir choisi de laisser son talent dans sa loge avant d’aller faire le guignol devant les caméras. Quant à Mark Ruffalo… il fait au mieux.
** À qui l’on doit des films aussi essentiels que Le Transporteur (1 et 2), Danny the Dog, L’Incroyable Hulk et la pathétique duologie des Titans (Colère et Choc). Qu’est-ce que vous voulez, à Hollywood on a envoyé Alexandre Aja et Louis Leterrier, et c’est jamais le bon qui tourne !
*** J’exagère peut-être un brin… mais la salle était morte de rire, c’est quand même un signe.

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