Vu le 6 août 2013
Quelque temps
après les événements de X-Men 3, le mutant griffu et autorégénérant Wolverine (mais il préfère « Logan »
maintenant) vit en ermite au fin fond du Nord canadien, tentant de fuir le
souvenir de ce qu’il a dû faire à son grand amour Jean Grey. Débarque alors une
petite Japonaise venue l’amener jusqu’à Tokyo, où un soldat qu’il a sauvé durant
la Seconde Guerre mondiale désirerait lui dire adieu avant de mourir. Sur
place, notre bourrin se retrouve engoncé dans une intrigue mêlant yakuzas,
ninjas et autres sushi-bars.
Après un premier spin-off plus que décevant (X-Men Origins: Wolverine, un bien beau
ratage), revoici le Canadien le plus atrabilaire de l’univers Marvel. Élaboré à
partir d’une série de comics parmi les plus populaires de l’éditeur*, ce film
s’avère un bien meilleur cru que son prédécesseur. Déjà parce que le
réalisateur James Mangold, touche-à-tout plutôt talentueux**, prend le temps de
poser son histoire et ses personnages, et surtout parce qu’il a compris tout
l’enjeu de l’intrigue : la rencontre improbable entre le bestial Wolverine
et la raffinée société japonaise. Sans parler d’une indiscutable réussite, le
contrat est à peu près rempli de ce côté-là. On en trouve même pour hurler
parce que le film contient trop peu d’action.
En outre, on retrouve toujours avec plaisir Hugh
Jackman, sans doute un des acteurs de films de super-héros qui tient le mieux
la distance. On l’oublie systématiquement, mais dans tous les films où le
personnage de Logan apparaît, le jeu de Jackman a la classe. Regardez-le bien
dézinguer du ninja, regardez son regard qui, à chaque coup de griffe, arrive à
exprimer à quel point il déteste avoir fait de tuer une habitude. Hugh Jackman reste sans doute la plus belle révélation des films adaptés de comics.
Après, on n’est pas non plus dans le chef-d’œuvre. Le
film est comme toujours truffé d’incohérences et dure vingt bonnes minutes de
trop. On déplorera notamment la romance avec Mariko qui va un peu trop vite,
les gimmicks qui finissent par devenir agaçants*** et les excès de
japonaiseries. Tout y passe : ninjas, samouraïs, yakuzas, estampes,
seppuku, love hotel, rônin… Pour bien comprendre, il faut se remettre dans le
contexte du comics qui est ici adapté. Je vous parle d’un temps d’avant Evangelion, Cowboy Bebop et même Dragon
Ball, je vous parle de l’âge sombre de 1982, quand « Japon » rimait
encore aux oreilles de beaucoup d’Américains avec « Pearl Harbor ». À
l’époque la culture japonaise était relativement peu connue aux États-Unis et
les auteurs, grands nippophiles, avaient réussi à la faire découvrir et
apprécier de leurs lecteurs. Mais la situation a bien changé et aujourd’hui le
premier narutar venu connaît la différence entre un ninja et un samouraï. Du
coup on a parfois l’impression d’enfiler les clichés, avec combats de ninjas
dans la neige, katanas à tous les étages…
Les fans comme moi se consolent toutefois avec un
générique de fin qui, dans la tradition Marvel, nous promet un chouette casting
pour le prochain film. Lui aussi adaptera une mini-série extrêmement populaire
des comics de l’éditeur : Days of
the Future Past. On espère quand même un peu mieux.
The Wolverine, James
Mangold, 2013
* Mini-série qui a notamment contribué à populariser le
dessinateur Frank Miller, avant The Dark
Knight Returns, 300 et Sin City. Il a toujours aimé les
personnages subtils, Frank Miller.
** Copland, Identity, Une vie volée, Kate &
Leopold, Walk the Line, 3 h 10 pour Yuma, Night and Day… on peut pas dire qu’il se
cantonne à un genre, le père Mangold !
*** Je ne sais pas combien de fois on voit ce foutu
plan où un ennemi touche Wolverine et où celui-ci se retourne, colère, avec la
plaie qui se referme toute seule au grand effroi du vilain. Ça doit largement dépasser
les doigts d’une main.
Je ne vois pas comment on peut trouver quoi que ce soit de bien dans ce navet: situations et personnages stéréotypés, scénario daté et convenu, rythme mal maitrisé, ce wolverine commet le pire crime possible pour un film voué à l'intertainment: il ennuie.
RépondreSupprimerC'est le propre de ce film : il y a des gens qui ont trouvé ce qu'ils attendaient, et d'autres non. Moi je le trouve moyen dans tous les sens du terme.
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