jeudi 15 août 2013

Julien a vu… Pacific Rim



Vu le 14 août 2013
Alors que le monde est attaqué par des Kaijus, des monstres géants débarqués d’une faille dimensionnelle au fond du Pacifique, l’humanité a mis en place la ligne de défense ultime : des robots géants, nommés Jaeger, qui luttent à armes égales avec ces créatures. Mais alors que les autorités décident d’interrompre le programme au profit d’un mur de protection (Maginot poweeeer !), un général décide de lancer une dernière offensive.
Attention, cette chronique a été très difficile à écrire pour moi. Ce film est une enfilade ininterrompue de clichés. Et quand je dis « clichés », je pèse mes mots. Chaque scène, chaque idée a été vue, revue, re-revue, parodiée, reparodiée, re-reparodiée, considérée comme trop cliché pour être parodiée, remakée pour lui rendre hommage, le remake a été parodié à son tour, puis le tout a été définitivement classé dans une grosse caisse étiquetée « les plus gros clichés à éviter dans un film ; ne pas ouvrir ». L’intrigue est un cross-over foireux entre Independance Day et Godzilla*, les personnages sont des archétypes ultraclassiques, quand ils ne sont pas carrément inexistants, toutes les scènes peuvent être devinées dix minutes à l’avance et à aucun, je dis bien aucun moment le scénario ne tente de nous surprendre.
Et j’ai aimé. J’ai même beaucoup aimé. Et pas au deuxième degré, hein, je suis complètement entré dans le film, j’ai adoré chaque scène, chaque plan, chaque baston. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que la mise en scène, les effets, la photographie sont parfaits, rien à redire. Ce n’est certainement pas le meilleur film de Guillermo del Toro**, mais il a de la gueule ! L’esthétique très « jeu vidéo », dans le bon sens du terme, fonctionne à fond et on croit vraiment à ces engins et créatures démesurées, on a l’impression que ça pourrait vraiment fonctionner (ce qui est totalement aberrant, comme n’importe quel physicien vous l’expliquera – une histoire de rapport masse/taille).
Mais c’est aussi, sûrement, parce que ce film est parfaitement conscient de ce qu’il est. Pacific Rim ne part jamais dans la parodie. Ses personnages font ce qu’ils ont à faire, les acteurs jouent sobre et au final le film possède un souffle épique impossible à qualifier, un je-ne-sais-quoi qu’aucun Michael Bay ou Roland Emmerich ne pourra jamais égaler… L’influence japonaise, notamment, est complètement assumée, à travers le terme Kaiju (comme dans Kaijū Eiga, expression désignant les films de monstres nippons***) et, bien sûr, l’utilisation de robots géants, un grand classique de l’animation du Soleil Levant (impossible en l’occurrence de ne pas évoquer la référence évidente du film : Neon Genesis Evangelion). Mais également une séquence onirique à Tokyo que j’ai trouvée particulièrement réussie. Je ne sais pas, c’est peut-être parce qu’un de mes cauchemars récurrents étant gosse était de me faire courser par un tyrannosaure dans les rues d’une grande ville, mais j’ai trouvé ce passage très impressionnant. Peut-être aussi tout simplement parce que, dirigé par un Mexicain, le film a le bon goût de ne pas mettre les États-Unis au cœur du spectacle, mais bien les combats titanesques et les effets spéciaux, pour une fois réellement somptueux.
À l’arrivée Pacific Rim, promis comme un film à grand spectacle pour l’été, remplit parfaitement son rôle, et ça faisait assez longtemps que je n’avais pas vu ce genre de réussite. Ça tient un peu du miracle, un peu de la magie… la marque du bon divertissement en somme !
Pacific Rim, Guillermo del Toro, 2013
* Oui, deux films de Roland Emmerich, comme quoi ça peut pas être mauvais.
** Si vous n’avez pas vu Le Labyrinthe de Pan, L’Échine du diable ou Mimic, voilà une bonne occasion de vous y mettre (attention ça fait un peu peur, et dans un des trois il y a des cafards géants). Même Hellboy ou Blade 2, que je n’aime pas beaucoup, étaient formellement admirables sur bien des points.
*** Tout le monde connaît Godzilla, mais les Japonais possèdent toute une ménagerie de craignos monsters : Rodan le ptérodactyle, Gamera la tortue, Mothra la mite géante (si !) et quinze mille autres bestioles du genre… Le fils de Godzilla est même devenue une icône des maternelles japonaises (après, je ne sais pas qui gagne entre lui et Totoro…). Le film est d'ailleurs dédié à Ishirô Honda, réalisateur du premier Godzilla, et à la légende des effets spéciaux Ray Harryhausen, décédé récemment.

4 commentaires:

  1. Content que le film t'ait plu :)
    Je vois ce film comme une adaptation live d'un anime, avec les avantages (narration dynamique, effets visuels et de mise en scène) et ses poncifs (le héros torturé, l'héroïne kawai avec un lourd passé, le rival-mais-qui-deviendra-un-pote, le sacrifice de soi à qui mieux-mieux...), ce qui explique beaucoup de tes remarques.

    Il reste bien entendu des trucs largement perfectibles :
    SPOILERS
    Le principe du drift est intéressant mais largement sous-exploité, de plus il est sujet à des contre-sens dans le film lui-même : si le héros est censé tout savoir de l'héroïne suite au drift, est-ce qu'il n'aurait pas dû savoir dès le début pour le coup de l'épée ? D'ailleurs, ce Deux ex machina, putain, je ne m'en remets pas... Il a fallu attendre tout ce temps pour la sortir, alors qu'elle one-shot les kaijus ? >_<

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  2. Et pour les amateurs de critiques de mauvaise foi, http://www.nioutaik.fr/index.php/2013/08/09/655-pacific-rim-la-critique-pourrie.

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  3. En fait, mon cerveau était totalement schizo pendant ce film. Une petite partie disait : "Et là il va se servir du cargo comme d'une batte de base-ball... ouais... voilà, c'est ce que je disais...", et une autre partie disait : "FUCK YEAH! VAS-Y, BOURREZ-LUI LA GUEULE ! EEEEEET STRIIIIIIIIKE!!!"
    Ah, un truc que j'ai oublié de mentionner : ce film a été sous-titré par un stagiaire, c'est pas possible autrement. Je n'ai jamais vu autant d'erreurs de traduction dans un sous-titrage professionnel, on se serait cru sur Internet !

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  4. Moi, j'ai comme même eu la désagréable impression de yo-yo, y a des moments à gerber, d'autres génialissimes. Musique inexistante, et vraiment, mais vraiment, aucune surprise. Dommage, après effectivement certaines scènes sont belles, mais trop de plans sombres où l'on ne voit rien du tout. La palme à la scène de combat final où là c'est juste un gros ramassis de tâches plus ou moins sombres et je suis aller le voir dans un ciné récent et pas en 3D.

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