jeudi 21 février 2013

Julien a vu… V for Vendetta

Vu le 10 avril 2006

Dans une Angleterre fasciste, régentée par un dictateur plutôt réaliste*, un homme se lève et dit « non ». Cet homme, habillé de pied en cap en Guy Fawkes, célèbre terroriste célébré tous les 5 novembre chez nos voisins d’outre-Manche, se fait appeler V. Il déclare venir se venger, mais cela va bien plus loin que ça. Il vient libérer les hommes.

Ce film est adapté d’une BD d’Alan Moore. En principe, cela devrait suffire pour justifier l’achat d’une quinzaine de billets chacun. Malheureusement, les premières adaptations de ce génie immortel qu’est Moore n’ont pas convaincu le public. Il s’agissait de La Ligue des gentlemen extraordinaires, film notoirement merdique et sans intérêt, et de From Hell, polar honnête mais à mille lieues de la puissance du bouquin original. V pour vendetta gagne donc par défaut le statut de « meilleure adaptation d’une bande dessinée d’Alan Moore au cinéma ». C’était facile. Le film en est-il valable ?

Et bien oui ! Ce film est parfait. Intelligent, bien mené, il se démarque de la bande dessinée : le personnage d’Evey notamment est assez différent et Natalie Portman nous rappelle au passage qu’elle sait aussi jouer la comédie**. Le personnage de V, par contre, est parfaitement rendu. Quoique (très) légèrement plus humain que dans la BD, il reste cette formidable icône, cette incarnation vivante d’un concept qui devrait plaire à beaucoup : l’anarchie. V est-il sympathique ? Non, certainement pas ! Fascinant, puissant, extravagant, mais aussi inquiétant, effrayant, inhumain… V n’est pas un super-héros, il est bien au-delà du concept de justicier. Il est l’anarchie, la liberté qui s’impose aux gens. Il n’apporte pas la joie ou le bonheur. Le peuple est en prison mais l’ignore : il est la pour lui montrer les barreaux et les briser. Et, seule différence notable avec la BD, il hésite.

Il faut noter que Hugo Weaving, connu par les foules pour son rôle de l’agent Smith dans Matrix et d’Elrond Étoiledargentquibrilleaufirmamentdescieuxmoiréesdeshavresgris dans Le Seigneur des anneaux***, trouve peut-être ici son meilleur rôle. Jouant tout le film avec un masque certes expressif mais figé, il développe une gestuelle extrêmement puissante. Sa voix profonde, posée, étonnamment british (les Américains aiment bien donner des intonations britanniques aux Australiens) donne au libérateur une présence surhumaine.

Et à l’arrivée, l’image et le message du film furent tellement puissants qu’ils devinrent un mème récurrent d’Internet, à travers notamment l’action des Anonymous. De là à dire que le film approchait une réalité qui a parlé aux spectateurs, il n’y a qu’un pas. N’est-ce pas le boulot d’une œuvre d’art ?

V for Vendetta, James McTeigue, 2006
* C’est-à-dire qu’il ne jongle pas avec un globe terrestre en poussant un rire sardonique pendant que ces conseillers tremblent dans un coin de la pièce !

** Ce dont on n’était plus sûr après Star Wars (quoique d’autres films comme Closer ou Garden State nous eussent un peu rassurés).

*** Mais aussi le rôle culte de Mitzy del Bra, travesti exubérant dans Priscilla folle du désert ! Comme quoi il était prédisposé à jouer un elfe.

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