vendredi 22 février 2013

Julien a vu… 300

Vu le 27 mars 2007
480 avant Jésus-Christ. Léonidas, roi de Sparte, envoie chier les menaces du terrible dieu-roi Xerxès. Résultat : il doit défendre sa patrie contre la tolkienesque armée perse avec seulement trois cents de ses hommes. Non, pas des hommes… des Spartiates.
Après l’extraordinaire réussite de Sin City, voici une nouvelle adaptation d’une BD de Frank Miller. Pas forcément la plus évidente, tant 300 était à l’origine une pure performance stylistique, violente, âpre mais dont la finesse scénaristique n’était pas la qualité la plus évidente. 300, c’est une fresque tracée à la pointe sèche, avec du sang, du foutre et de la testostérone. 300, c’est un truc de mecs, des vrais, des sévèrement burnés, où une poignée de combattants s’en va à moitié à poil se latter contre six milliards de ninjas perses surarmés, des légions d’orcs du chaos, des rhinocéros de guerre, des éléphants géants, des pluies de flèches, des nécromants pyrotechniques, des traîtres difformes… et empiler le maximum de cadavres* même si les chances de victoire sont nulles. Car la victoire n’importe pas pour un Spartiate : seule la mort au combat est une fin honorable.
Graphiquement, le résultat est plutôt enthousiasmant. On retrouve bien les scènes de la BD et, comme pour Sin City, on devine que celle-ci a été utilisée comme story-board (de nombreuses images deviendront d’ailleurs des mèmes d’Internet, notamment le cultissime « This is Spartaaaa !!! »). Les acteurs jouant tout en violence font plutôt bonne figure, bodybuildés et huilés comme des gladiateurs de vieux péplums. Par contre, et c’est malheureux, le rythme n’est pas toujours à la hauteur. Zack Snyder, déjà réalisateur du plutôt bon Dawn of the Dead**, se perd régulièrement dans une esthétisation à outrance et perd du temps. Du coup, certaines scènes se retrouvent terriblement ampoulées, trop lentes et mal calibrées***.
Une voix-off tente de reprendre les textes de Miller mais finit surtout par alourdir des images qui se seraient sûrement suffi à elles-mêmes. Les passages inventés pour le film, où la reine de Sparte essaie de faire bouger les choses de son côté, apportent un peu de subtilité politique (à dose homéopathique, hein !), mais ne suffisent pas à illuminer l’intrigue et minent finalement la fougue originelle du scénario. C’est d’autant plus dommage qu’on sentait là-derrière un réel potentiel de film viril et puissant comme on en voit finalement assez peu. Il n’en reste plus qu’un grand spectacle pas désagréable du tout, mais sans doute pas appelé à rester dans les annales du septième art. Dommage.
300, Zack Snyder, 2007
* Comme eût dit l’ami Oud devant ces tas de corps encore chauds : « Il faut mettre un terme aux piles ! »
** Et apparemment pressenti pour la réalisation de Watchmen, adaptation de la meilleure bande dessinée jamais dessinée de l’histoire de la bande dessinée. Je ne suis pas sûr qu’une version cinématographique soit une bonne idée (depuis, j’ai pu constaté que… ben si en fait. Chapeau Zack !).
*** À noter d’ailleurs la terrible influence du Gladiator de Ridley Scott, qui a tellement fait école qu’il semble aujourd’hui impossible de concevoir un film situé dans l’Antiquité sans que le héros ne se balade dans des champs de blé sur une musique planante. D’un autre côté, l’agriculture avait sans doute une symbolique autrement plus puissante à l’époque qu’aujourd’hui…

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