mercredi 20 mars 2013

J’aime pas le Printemps du cinéma



Euh... la Fête du cinéma à mon époque, c'était
10 francs la séance !
10 francs ça fait 1,50 euro, pas 3,50 !
Quand j’étais plus jeune, étudiant, j’adorais la Fête du cinéma. On pouvait à l’époque aller voir tous les films qu’on voulait pour une somme dérisoire (dix francs je crois…), et on enchaînait trois, quatre films dans la journée, dans une ambiance complètement dingue (enfin, c’était pas Burning Man, mais quand même…). Comme en plus ça tombait toujours dans des périodes de creux au niveau des grosses sorties (comme par hasard !), c’était l’occasion de visionner les plus abominables bouses, et j’en ai vu des merdes, des Sexe Intention, des Mod Squad… et aussi quelques perles dissimulées (The Faculty par exemple).
Le tout dans une ambiance, disons-le, franchement décomplexée. La Fête du cinéma, c’est l’occasion pour beaucoup d’aller hanter les salles obscures auxquelles ils ne rendent visite qu’une ou deux fois l’an pour découvrir à moindre frais l’une ou l’autre nouveauté. Et comme tous les noobs, les dilettantes du septième art envahissent cet univers sans en maîtriser les codes. Et ça parle pendant le film, et ça gigote, et ça tape dans le dossier du siège avant sans s’en rendre compte, et ça mâche bruyamment son mauvais maïs, et ça consulte son téléphone, voire ça répond en live ! 

À l’époque cette attitude m’agaçait déjà, eh bien je l’ai retrouvée avant-hier en allant visionner Oz the Great and Powerful, que j’évoquai tantôt. C’était en effet encore le Printemps du cinéma, une célébration païenne visant à remplir les salles de soudards avinés et de pétasses bavardes n’ayant aucun respect pour les films qu’ils viennent voir. Entendez bien sûr par là : « n’ayant pas la même attitude que moi ! »

Vous savez pourquoi je n’aime pas trop ce genre de manifestations ? Parce qu’elles me rappellent à chaque fois à quel point je suis devenu un connard élitiste. Je ne supporte plus que quelqu’un murmure sur le siège à côté (sauf quand c’est moi et que le film est mauvais, bien sûr), ça m’énerve quand un type se mouche toute la séance à deux rangées de là (sauf quand c’est moi, c’est quand même pas ma faute si je suis malade !), la VF m’insupporte au plus haut point (sauf quand c’est… ah ben non ça marche pas là !). 

Il y a plusieurs façons d’apprécier le cinéma. On peut y aller très sérieusement, un peu comme moi ; même quand je vais voir Hansel et Gretel je laisse au film une chance et je reste silencieux jusqu’à la fin du générique. Et puis on peut aussi renouer avec la vision ancestrale du concept, et y aller comme à un divertissement collectif devant lequel il est permis de s’enthousiasmer, de rire ou de commenter, dans la limite du raisonnable, sans rentrer dans des considérations techniques*. Tous les films ne sont pas des œuvres d’art immortelles et quand bien même, beaucoup se satisferaient d’un bruit de fond. Je me souviens du témoignage de Boulet qui évoquait les projections au Tchad, où le public passait son temps à hurler, à manger, à vivre devant l’écran**. 

Il y aura toujours des séances pour les gens qui aiment voir les films en paix. Mais il faut être bien conservateur, bien jaloux de son petit pré carré de « cinéphile » pour refuser aux non-membres de la communauté, aux profanes du septième art l’entrée au temple sous le prétexte (souvent fallacieux, toujours insultant) qu’ils « ne comprennent pas ». Le cinéma est un des rares arts restés ouvertement populaires, nous devrions nous réjouir que des non-habitués y viennent, même ponctuellement.

Après, si on pouvait interdire les basketteurs de deux mètres cinq, ça m’arrangerait !

* Ce qui va de la chasse au faux raccord à cet élément de détail que les professionnels appellent « jeu d’acteur ».
** Notes t. 2, Le Petit Théâtre de la rue.

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