vendredi 15 mars 2013

Julien a vu (en quelque sorte)… Discworld Noir

C’est par une nuit bien poisseuse que la nana est entrée dans le bureau de Lewton. Bien sûr elle avait une affaire pour lui, une affaire tout aussi poisseuse. Il s’agissait de retrouver son amant, un certain Mundy. Comme si c’était facile de retrouver un péquin dans Ankh-Morpork, la ville la plus dense du Disque-Monde ! Mais bon, chacun son gagne-pain, et celui de Lewton, c’était de retrouver des gens. Alors il s’y est collé. Mais il pensait pas que ça le mettrait dans un tel pétrin.
L’univers de Terry Pratchett a connu plusieurs adaptations : en téléfilms, comme nous l’avons vu, en feuilletons radio*, en bande dessinée (il existe une version de Au Guet ! parue chez L’Atalante, au style graphique… bizarre)… et en jeux vidéo. Discworld est une licence extrêmement connue des jeux PC, appartenant au style aujourd’hui un peu désuet du point & clic. À savoir : des jeux d’aventure et d’enquête où vous vous contentez de cliquer sur l’écran pour faire interagir le personnage avec son environnement et les différents éléments (les plus connus étant ceux de LucasArts comme Monkey Island ou Day of the Tentacle).
Les deux premiers Discworld, qui mettaient en scène Rincevent et le Bagage, ont conservé leur réputation de jeux fun mais interminables tant la difficulté des énigmes était délirante. En fait, il fallait avoir l’imagination de Pratchett lui-même pour finir ces jeux, ce qui a laissé pas mal de joueurs sur le carreau à une époque où « aller chercher la solution sur le net » n’était pas possible. Mais en 1999, un nouveau jeu a débarqué sur PC (et quelques supports consoles), tout en 3D (enfin, ce qu’on appelait de la 3D à l’époque) : Discworld Noir. Si j’en parle, c’est notamment parce qu’il constitue pour ainsi dire un roman à part dans l’univers du Disque-Monde.
En effet, Discworld Noir se situe comme son nom l’indique dans l’univers du film noir. Jamais Ankh-Morpork n’a autant ressemblé à Casablanca, et les références aux classiques du genre (Le Faucon maltais, La Soif du mal…) abondent. On dirige donc Lewton, privé dur à cuire à la réplique cinglante, qui enquête sur une disparition pour le compte d’une riche femme fatale. On devine déjà que tout ça va l’amener dans de bien mauvais pas. Le détail intéressant, outre l’intérêt du jeu en lui-même (qui est plutôt bon**), c’est qu’aucun livre du Disque-Monde n’évoque ce personnage ni cet aspect de l’univers. Ce jeu est donc en soi un élément indépendant, une vision pratchettienne de l’univers du polar noir.
Et une sacrément bonne vision : le scénario est complexe, les textes (le jeu est très bavard : 1 300 pages de dialogue) sont pile dans l’esprit, l’humour est présent et assez représentatif de celui de la série, et on croise moult personnages bien connus, notamment le guet (Chicart et Vimaire, essentiellement). Comme le jeu a des particularités plutôt sympas (notamment la gestion des indices) et qu’il est assez long, je ne peux que vous conseiller d’y jeter un œil si vous avez l’occasion*** (en admettant que vous ne soyez pas sur Heart of the Swarm en ce moment, comme c’est mon cas).
Discworld Noir, GT Interactive, 1999

* Un style qui est resté assez populaire outre-Manche. Souvenez-vous par exemple du Guide galactique, qui avant d’être une série de livres formidables et un film abject, est avant tout un feuilleton radio de Douglas Adams.
** Malgré un doublage français qui peut vite devenir agaçant : l’acteur interprétant Lewton, qui ne cesse de soliloquer tout au long des scènes, a choisi de surjouer à mort le personnage, ce qui peut vite faire regretter la VO, relativement sobre à ce niveau.
*** Sachant qu’en plus, il est même en abandonware. Bon, chez moi il plante sans arrêt, mais il doit bien y avoir un moyen.

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