jeudi 24 janvier 2013

Julien a vu… Django Unchained


Vu le 23 janvier 2013
Chasseur de primes flegmatique et néanmoins allemand, le docteur King Schultz libère l’esclave Django afin de retrouver trois frères qu’il est chargé d’éliminer. Pris d’amitié pour l’individu, il lui propose de s’associer avant d’aller retrouver sa femme Broomhilde, asservie dans l’exploitation du flamboyant Calvin Candie.
Voici donc le « premier » western de Quentin Tarantino*, improbable hommage au Django de Sergio Corbucci (1966). Le fait est que je ne suis pas un grand fan de westerns. Je n’ai pas grandi devant La Dernière Séance d’Eddie Mitchell, je ne connais pas grand-chose de Sergio Leone ou de Sam Peckinpah. Bien sûr, j’ai hérité quelques notions de mes lectures de Lucky Luke : je sais que le western spaghetti a tendance à étirer ses scènes de manière délirante, que le Cinémascope oblige les écrans de télé à afficher deux énormes bandes noires, que les cowboys symbolisent bien plus que de simples vachers, que la cavalerie arrive toujours trop tard, qu’il faut faire des moulinets avec son Colt avant de rengainer et que les gouttes de sueur glissent moins vite en gros plan. Bref, je ne suis pas un expert.
Cela empêche-t-il d’apprécier Django Unchained ? Définitivement, non ! Déjà parce qu’on y retrouve tout ce qu’on aime chez Tarantino, y compris une certaine maestria de réalisation**. Il en profite même pour traiter d’un vrai sujet, et pas le moindre : l’esclavage. Et de manière frontale encore, en mettant bien en avant le côté « bétail », en multipliant les « nigger », mot tabou sur les écrans américains. Et même s’il s’amuse de temps en temps, comme ce passage hilarant où l’on retrouve une bande pré-Ku Klux Klan menée par Don Johnson s’engueuler sur la confection de leurs cagoules (qui évoque furieusement les Monty Pythons), le ton vis-à-vis de l’esclavage est peu complaisant.
Autre petite rupture par rapport aux habitudes du réalisateur, le film n’est pas choral : un quatuor de personnages mènent clairement la danse, incarnés par des acteurs au top de leur forme. Jamie Foxx, dur et inflexible, aussi solide et aimable qu’un mur de briques, Leonardo DiCaprio, exaspérant sudiste tête-à-claques, l’incroyable Samuel L. Jackson dans un rôle d’esclave « collabo »… et le grand (1,74 m… ah ben non en fait) Christoph Waltz, dans un rôle assez proche de celui d’Inglourious Basterds, mais du côté des gentils. Le docteur Schultz, chasseur de primes tout de flegme germanique, cultivé, intelligent, fine gâchette, sans pitié excessive… porte à mon avis sur ses épaules une grande partie du film ***. Celui-ci accuse d’ailleurs une dernière demi-heure légèrement en-deçà, à mon avis ; c’est-à-dire qu’elle n’est que géniale, quand le reste est… tarantinesque.
Django Unchained, Quentin Tarantino, 2013

* Si l’on estime que Kill Bill (1 et 2) et Inglourious Basterds n’étaient pas des westerns sous bien des aspects, ce qui reste sujet à discussion.
** Quoique, étrangement, les scènes semblent moins étirées, les longs face-à-face de duels moins exagérés que dans Inglourious Basterds.
*** À noter une curiosité : l’acteur James Remar (le papa de Dexter), qui joue deux rôles différents dans le film, ce qui n’a pas laissé de soulever des questions (est-ce le même personnage qui revient ?). J’y vois personnellement une référence cinéphilique obscure dont Tarantino a le secret. Évoquons aussi d’ailleurs un caméo du réalisateur lui-même : QT est déjà mort de multiples manières dans plusieurs films, mais celle-ci est sans doute une des meilleures.

4 commentaires:

  1. Merci pour cette critique Julien ! Ceci dit, je suis bien contente d'avoir vu le film avant de l'avoir lue, ça m'aurait énervée de me faire spoiler par ton troisième renvoi de bas de page :-)

    Bien d'accord pour la fin du film, j'ai été étonnée par le changement soudain de rythme (et de personnage principal quelque part). Mais une fois qu'on y est, on oublie vite cette impression et la fin est aussi jubilatoire que le reste.

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  2. Spoiler ? Quelle horreur. Jamais. Faut vraiment être un odieux connard pour faire ça !
    C'est quand même de la grosse baballe atomique, hein, pas de problème.

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  3. Comme je n'ai jamais vu Dexter, la référence m'a complètement échappée.

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  4. tu parles même pas de la référence a Trigger !

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