mardi 22 janvier 2013

Julien a vu… Inglourious Basterds



Vu le 22 août 2009
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement américain décide de parachuter une division spéciale de soldats d’élite et surmotivés (juifs) pour dessouder du nazi de l’autre côté de la frontière. Menés par le lieutenant Aldo Raine, ils vont affronter le redoutable colonel Hans Landa, qui devra aussi composer avec la vengeance de Shosanna Dreyfus. Seul problème : Landa est considérablement plus malin que toute la bande réunie.
Tarantino m’a souvent collé des baffes, mais rarement comme avec Inglourious Basterds. Il y a des films de scénaristes, genre Usual Suspects, des films de directeur photo, genre La Cité des enfants perdus, des films d’acteurs… Quentin nous livre ici le film ultime de réalisateur. Un trip qui se permet des scènes contemplatives et néanmoins tendues comme des strings de nazies, portées uniquement par une mise en scène de western spaghetti et des jeux d’acteurs calibrés au poil de cul, Christoph Waltz en tête*, Brad Pitt et Diane Kruger pas loin derrière**.
Violent, jouissif, découpé en quelques actes étirés en longueur de façon totalement déraisonnable mais impeccable, le film déroule ses trois heures sans accrocs, s’amusant de ses clichés (le gentil nazi héros de guerre malgré lui, le colonel diabolique, les mercenaires bourrins, la femme fatale infiltrée…) sans négliger les horreurs de la vraie guerre et un humour féroce (Brad Pitt n’est jamais meilleur que quand il joue les gros cons, ce film en est une nouvelle preuve). Les caméos sont là (Mike Myers, Maggie Cheung, Enzo G. Castellari***…), les décalages aussi (une toute petite liberté historique est prise vers la fin du film, je vous laisse deviner laquelle). On en oublie que le film laisse complètement de côté ce qu’il nous promettait à la base (à peine un ou deux des « basterds » sont nommés et mémorables).
Et puis, survolant le tout en état de grâce, le duo Waltz/Pitt, le génie du mal cynique face au connard bas du front, pseudo-inversion d’une opposition bien/mal qui n’a plus de sens en temps de guerre, fût-elle seconde et mondiale. La ruse perverse face à la violence stupide, culminant en quelques face-à-face fabuleux. Et un final grandiose, qui tient en ces mots tout simples : « Je crois bien que c’est mon chef-d’œuvre ! » Peut-être bien, Quentin, peut-être bien !
Inglourious Basterds, Quentin Tarantino, 2009

* Je me souviens avoir dit à l’époque quelque chose comme « Il faut que ce mec joue tous les méchants de tous les films à venir ! » Ceci dit je ne pensais pas qu’on m’écouterait (cf. Le Frelon vert, De l’eau pour les éléphants, Les Trois Mousquetaires, Carnage…) !

** On notera toutefois que, si la plupart du casting anglophone ne pose aucun problème, la charmante Mélanie Laurent et le noir Jean-Jacques Ido nous offrent une prestation parfaitement déplorable. On mettra ça, de manière très indulgente, sur la différence de jeu entre les styles anglo-saxons et français. Mais ce n’est pas loin de gâcher certaines scènes.

*** Si vous l’ignorez, Enzo G. Castellari est le réalisateur d’Une poignée de salopards, dont ce film est un très libre « remake ». Il est aussi un contributeur majeur du 7e art pour avoir réalisé La Mort au large, Les Guerriers du Bronx 1 et 2, Les Nouveaux Barbares et quelques autres films bien connus des fans de Nanarland.com.

2 commentaires:

  1. Le mauvais jeu de Mélanie Laurent et de Jacky Ido ne serait-il pas plutôt lié à une problématique de langue ? Un peu comme quand Marion Cotillard joue outre-atlantique en somme… Le réalisateur (ou l'assistant qui filme les scènes à la place…) ne comprend pas ce que ses acteurs disent et croit donc qu'ils jouent correctement. Ahem.

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  2. C'est très probable. Mais ça n'explique en rien un jeu déplorable de ce niveau : si Tarantino ne parle pas français, Laurent et Ido n'ont pas cette excuse.
    J'en profite pour supplier les gens de voir ce film en VO, puisqu'il présente une autre particularité amusante : un tiers environ est en anglais, un tiers en allemand et un tiers en français. Et le reste en italien. Le film joue beaucoup sur les changements de langue, c'est donc important.
    Apparemment la VF a jugé bon de traduire l'anglais en français et de ne pas toucher à l'allemand, le résultat ne doit donc plus vouloir rien dire.

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