vendredi 18 janvier 2013

Julien a vu… Jack Reacher

Vu le 14 janvier 2013 

Après avoir abattu froidement cinq personnes du haut d’un immeuble, un sniper fou, vétéran d’Irak, en appelle à l’enquêteur militaire qui avait essayé de le mettre au trou pour prouver son innocence. Et cet enquêteur, c’est Jack Reacher, le mythique flic que c’est pas toi qui le cherches, c’est lui qui te trouve, qu’il est plus balaise que six maffieux russes surarmés et qu’il est tellement cool que les meufs, il s’en fout. 

Voilà un film d’action bizarrement balancé. Il commence très fort, avec une scène de tuerie magnifiquement filmée, mettant carrément mal à l’aise en nous positionnant aux premières loges aux côtés d’un tueur psychotique*. Il enchaîne convenablement avec l’arrivée d’un Jack Reacher plutôt charismatique… mais il se perd vers les trois quarts. D’abord avec l’arrivée d’un méchant tellement méchant qu’il en frôle un peu trop le ridicule** (et chez les méchants tout en retenue, ça ne pardonne pas). Ensuite avec un final globalement classique, qui tombe du coup dans une certaine platitude en supprimant tout ce qui faisait l’intérêt de la première partie. 

On devine bien l’idée d’origine : recréer un film d’action très typé années quatre-vingt-dix, avec un héros charismatique à la Riggs, McClane ou autre. Un dur, un vrai, luttant contre un méchant-maffieux-escroc-cruel-étranger-pas-américain, avec plein d’hommes de main. Le final dans une carrière, entourés de terrils et de Caterpillar (sans rire !), n’est-il pas un cliché du genre ? Tom Cruise, dans le rôle principal, fait ce qu’il peut même si on devine que le personnage, finalement, n’est pas très bien défini : Reacher est froid, efficace, discret, cynique, brutal, respectueux des lois, en cavale, briseur de règles… bref, il n’existe pas, cumulant trop de qualificatifs incompatibles pour être cohérent. Cruise, ne sachant trop sur quoi jouer, choisit l’humour à froid pendant une bonne partie du long-métrage, ce qui cadre mal avec la fin***. 

Dommage pour le spectateur, qui s’en remettra et se consolera avec une bonne première partie (ce qui de nos jours est déjà pas si mal). Dommage pour la Paramount, qui tablait clairement sur une nouvelle franchise, mais a été déçue par les résultats au box-office. Et dommage pour Tom Cruise, qui était enfin revenu en grâce à Hollywood grâce à Mission : impossible 4, après quelques incartades scientologues qui lui valaient paraît-il la bouderie des grands studios (enfin, c’est ce qui se dit. Quand on fait un film par an depuis quinze ans, je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment parler de traversée du désert !). Mais bon, en même temps, les années quatre-vingt-dix, ça commence à remonter, place aux jeunes ! 
Jack Reacher, Christopher McQuarrie, 2012 

* McQuarrie, le réalisateur, connaît son affaire même s’il est plus connu en tant que scénariste attitré de Bryan Singer : on lui doit notamment les intrigues de Usual Suspects, de Walkyrie (déjà avec Tom Cruise) et du futur Jack le tueur de géants

** La prestation du trop rare Werner Herzog sauvant tout juste le personnage (mais ça se joue à un fil). 

*** Je ne sais pas ce que donne le personnage dans les livres originaux. Comment ? Oui, bien sûr que Jack Reacher est une adaptation, vous n’imaginez quand même pas que Hollywood va pondre une histoire originale ? Reacher est le héros d’une série de romans du Britannique Lee Child. Ce film adapte plus particulièrement Folie furieuse, le 9e tome. Le 17e est sorti l’an dernier, de quoi alimenter moult suites, quoique cette hypothèse semble très discutée à la Paramount.

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