mercredi 16 janvier 2013

Julien a vu... Life of Pi


Vu le 14 janvier 2013
Hindou, musulman et catholique, le jeune Piscine Molitor Patel (oui, c’est son nom) se voit contraint de quitter son Pondichéry natal pour rallier le Canada avec ses parents, son frère et la ménagerie du zoo paternel. Une expédition qui finit bien mal, le bateau sombrant et notre héros se retrouvant sur un canot de sauvetage avec un zèbre, un orang-outan femelle, une hyène et… un tigre du Bengale nommé Richard Parker.
Que les choses soient claires : j’adore L’Histoire de Pi*, le livre de Yann Martel dont est adapté ce film. Comme beaucoup de gens. Je l’adore parce que c’est un récit élégant, magnifiquement écrit dans une prose accessible à tous sans sombrer dans la facilité. Je l’adore parce que c’est un récit haletant et non dénué de rebondissements inattendus. Je l’adore parce que c’est un récit mystique, abordant de manière originale le thème de la religion et, plus intéressant, de Dieu. Quand j’ai appris que Ang Lee, réalisateur de Tigre et Dragon (qui est beau mais quand même un peu chiant) et Hulk (le premier, le plus raté), allait se charger de l’adaptation, j’ai eu peur. Quand j’ai vu les premières images (en 3D !), j’ai désespéré, certain qu’il allait sacrifier tout l’aspect théologique pour se concentrer sur une histoire d’amitié entre un gamin et un tigre (ce qui, pour ceux qui ne l’aurait pas lu, n’est absolument pas le sujet du livre). Dieu que j’avais tort !
Lee non seulement assume totalement la réflexion sur Dieu, mais il se paye le luxe de la traiter en profondeur, en mettant en scène moult passages du livre que bon nombre de réalisateurs auraient mis de côté pour se concentrer sur la partie la plus connue, la plus attendue : celle sur la barque. Nous avons donc droit aux atermoiements du petit Pi entre ses trois religions, ses questionnements sur la vie et Dieu… autant d’éléments qui se verront mis à l’épreuve une fois sur la chaloupe, passage certes esthétisant mais néanmoins puissant, où s'enchaînent les moments forts, tempête, survie, relation avec l'animal et ce moment si étrange sur l'île (que j'ai finalement mieux compris avec le film qu'avec le livre). 
Visuellement, le film utilise la 3D à bon escient. Les couleurs sont magnifiques et les scènes avec le tigre ressortent plus vraies que nature. C’est d’ailleurs sans doute la première fois que la 3D me colle sur mon siège dans une salle obscure : le naufrage, notamment, est magnifiquement réalisé. Le tournage a pourtant dû être une vraie galère tant il cumule trois difficultés bien connues du cinéma**. Et surtout, la fin fonctionne. Le message original de l’auteur passe, ramenant Dieu dans l’argumentaire par là où on ne l’attend pas, dans un moment de douce grâce aussi apaisant et stupéfiant que celui du livre***.
Life of Pi, Ang Lee, 2012.

* Oui, en français le livre s’intitule L’Histoire de Pi, mais en anglais c’est Life of Pi. Et quand il s’est agi de traduire le titre du film, on a fort logiquement choisi… L’Odyssée de Pi.

** Tout Hollywood vous le dira : « Ne tournez jamais avec des enfants ! », « Ne tournez jamais avec des animaux ! », « Ne tournez jamais sur l’eau ! » Le tiercé dans l’ordre.

*** Personnellement je le relierais au pari de Pascal, mais c’est une interprétation comme une autre. Si je devais rapprocher ce film d’un autre, j’évoquerais le Signes de M. Night Shyamalan, qui tente maladroitement ce qu’Ang Lee réussit magnifiquement : argumenter l’existence de Dieu de manière ludique mais recevable.

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